Coco, le super producteur qui se cache derrière « Priscilla »

© Cheyenne Productions

Il se prénomme Claude Cyndecki mais, dans le monde du spectacle, on l’appelle Coco. Un surnom badin et léger à la mesure de son air enjoué. Quand il évoque son dernier spectacle « Priscilla Folle du désert », il a une douceur émerveillée et les yeux qui pétillent. Son enthousiasme communicatif nous a donné très envie d’aller voir la comédie musicale, qui s’avère une belle leçon de tolérance et d’abnégation !

Parlez-nous du spectacle. Pourquoi avez-vous eu envie de le produire ?

Je me devais de présenter “Priscilla” pour parler ouvertement de la tolérance, de l’acceptation de soi-même et des autres. La première fois que j’ai vu le spectacle, c’était à Londres. Je ne connaissais pas le contenu, j’avais vu le film en 1995 mais sans trop m’en rappeler. Et j’ai tout simplement adoré ! J’ai rigolé, j’ai dansé et j’ai aimé ce joli message sur la liberté.

Comment le projet s’est-il développé ?

Quelques années plus tard la licence s’est présentée en France. J’ai fait une offre financière, qui a été acceptée par les ayants droit. Le spectacle que nous avons monté est unique, il n’est pas juste une copie de ce qui a pu se faire à Londres ou à New-York. C’est une vraie création avec un cahier des charges, un nouveau bus construit à Avignon, de magnifiques costumes designés par Frédéric Olivier et fabriqués en Italie.

Un tel spectacle, qu’est-ce que ça représente en terme de moyen ?

Pour le produire, donc pour construire les décors, les costumes… et pour tirer parti de tous les titres des chansons – 27 grands titres des années discos de Tina Turner à Madonna – le spectacle a coûté un peu plus de 3 millions et demi d’euros en création. Avec la première année d’exploitation, on a perdu un peu plus d’un million, nos salles n’étaient pas suffisamment remplies. Cela m’a terrorisé mais je me suis dit qu’il fallait insister à Paris, pour qu’il devienne une véritable revue iconique, comme le Moulin Rouge. On a repris au Casino depuis le mois de février et ça commence à se remplir… J’y crois mais je suis toujours terrorisé !

© Pascal Ito

Comment voyez-vous le métier de producteur ?

Pour moi, on est des entrepreneurs, des artisans. « Producteur de spectacle », ça veut un peu rien dire, on est pas des usines, on est pas des machines… On croit en un contenu, en des acteurs et des danseurs, et à partir de ce moment on doit le défendre. Et puis ce sont des choix. Vous pourrez toujours faire un « hold-up » et produire un spectacle avec peu de décors en vendant les places très cher. Mais le public n’est pas dupe. Quand on dépense 50 euros pour une place de théâtre, c’est important qui il ait du décor, de la magie, de belles chansons. Il y a toujours un risque mais je crois que si le contenu est bon, l’argent investi est toujours récupérable… mais dans le temps. C’est le fait d’être patient, pugnace et attentif qui permet d’arriver au succès.

Vous êtes un gestionnaire mais avez-vous aussi une fibre artistique ?

C’est essentiel ! Je mets toujours ma patte artistique dans le contenu de mes spectacles… Par exemple : “Priscilla folle du désert”, je le produis artistiquement : j’apporte mon sentiment sur la mise en scène, j’en suis presque l’âme ! Je peux choisir les danseurs, caster les musiciens… C’est vraiment une passion ! Bien sûr, je connais les budgets par cœur mais mon rôle est surtout de développer des projets artistiques avec des contenus à mon image.

On dit souvent qu’il faut avoir du flaire quand on est producteur. Qu’en pensez-vous ?

Maintenant que je travaille depuis plus de trente ans, je fais surtout ce que j’aime. Je travaille 24h sur 24, 7 jours sur 7, c’est non stop ! Chacun de mes spectacles je les porte à bout de bras tous les jours de la semaine. J’ai peu de temps dans ma vie personnelle, mais je suis riche de l’aventure humaine de Cheyenne (le nom de sa boîte de production basée à Tours, ndlr) ! Cheyenne emploie une centaine de salariés au quotidien, principalement des intermittents. Tous ces gens avec qui je collabore, c’est une richesse humaine incroyable. Et quand je suis avec les comédiens, les danseurs, c’est tout simplement de l’amour !

© Pascal Ito

Priscilla Folle du Désert,  Casino de Paris (dates et horaires à consulter).