Elodie Menant

Actrice, chanteuse, danseuse mais aussi metteur en scène, qui pourrait croire que faire math sup/math spé peut nous entraîner dans les coulisses du showbusiness ?

©Philippe Denis

Qu’avez-vous souhaité raconter avec “La Peur” ?

Je souhaitais évoquer la difficulté à maintenir une relation de couple épanouie lorsque l’activité professionnelle est prédominante et incontournable, aborder la difficulté à se comprendre même lorsque la communication n’est pas rompue et que chacun tente d’éviter la rupture. Ensuite, le thème du mensonge me passionnait, parfois, la peur de dire la vérité est tellement oppressante, que le mensonge devient une spirale infernale et sans retour.

 

Qu’est-ce qui vous fait peur réellement ?

Beaucoup de choses ! Et c’est pour cela que j’aime me lancer des défis, pour dépasser mes peurs, je me sens alors de plus en plus libre. Mettre en scène me tétanisait, tout comme chanter en public ou bien jouer une handicapée physique. J’avais peur de somatiser. Je me suis confrontée à tout cela car je savais que ces craintes pouvaient être surmontées.

 

Courageuse. D’autres craintes peut-être ?

Oui. Et celles-ci, je ne chercherai pas à les surmonter ! Comme par exemple : sauter à l’élastique ou partir à l’aventure à la manière de Mike Horn, ça jamais (mais je suis admirative !)! Autrement, je l’avoue, je n’aime pas beaucoup les insectes, surtout ceux qui piquent et qui bourdonnent, mais ça c’est surmontable.

 

Quels sont vos meilleurs et vos pires souvenirs d’artiste ?

J’ai deux souvenirs vraiment forts. Le premier, c’est le jour où j’ai fait ma première dans la comédie musicale “Le Soldat Rose.” Je remplaçais le rôle principal. et on était au Zénith de Mulhouse. C’est moi qui ouvrais le spectacle, toute seule, face à 3 000 personnes. Un vrai rêve d’enfant ! J’allais parfois voir des spectacles dans des grandes salles comme le Palais des Sports, j’étais fascinée par leur immensité. J’avais eu la chance de monter sur scène après plusieurs spectacles, à chaque fois il m’était impossible de retenir mes larmes, une émotion forte me submergeait. Le second souvenir est lié à l’adaptation de “La Pitié dangereuse” de Stefan Zweig. C’est le premier spectacle que j’ai produit. J’ai mis tous mes sous dedans, prenant beaucoup de risques. On est parti jouer la pièce à Avignon et ça a été une sacré aventure. Je suis passée par tant de phases de découragement et d’épuisement que le jour de la 1ère, à la fin de la pièce, alors que j’étais derrière le rideau à écouter la dernière musique, je me souviens avoir levé les yeux au ciel et m’être dit : « J’ai réussi ! J’ai créé un spectacle ! Je l’ai fait » Un pire souvenir ? Je n’en ai pas, ou bien je préfère les oublier.

 

Quelle est la grande différence entre le théâtre et la vie ?

Il n’y a pas de grande différence. Le théâtre c’est la vie, une vibration. Ce qui est merveilleux quand on est comédien, c’est de réussir à vivre l’instant présent, de pouvoir réinventer son texte chaque soir, de se laisser surprendre par son partenaire, d’être aussi spontané que dans la vie de tous les jours. Le théâtre, c’est raconter une histoire en espérant qu’elle puisse toucher les gens, tout comme la vie nous réserve toujours des histoires auxquelles on ne s’attendait pas et qui touchent l’âme, j’aime quand le théâtre surprend et nous embarque émotionnellement. Et contrairement au cinéma, ce qui est magique au théâtre, c’est que tout se passe devant nos yeux, il n’y a pas de tricherie.

 

Quels sont vos projets après “La Peur” ?

Je joue au festival d’Avignon cette année et je suis en tournée pour “ Après une si longue nuit “ de Michèle Laurence, mis en scène par Laurent Natrella, sociétaire de la Comédie Française. J’ai écrit une pièce qui s’appelle “ Athlètes “ et dans laquelle je jouerai. Elle sera créée à la rentrée prochaine. Et enfin, je serai également en 2018 dans “ Zorba le grec “ adapté et mis en scène par Eric Bouvron.