ÉLODIE NAVARRE – « Une situation delicate », un délicieux quiproquo !

C’est le succès de ce début d’année : cette comédie de boulevard ne vous laissera pas une seconde de répit ! Dans cette adaptation de Gérald Sibleyras du classique d’Alan Ayckbourn, le quatuor Elodie Navarre, Clotilde Courau, Gérard Darmon, et Max Boublil se glisse avec délectation dans une partition infiniment drôle et rythmée. Les malentendus s’enchaînent et la situation devient très vite… délicate ! Entretien avec la talentueuse Élodie Navarre.

C’est à 16 ans que l’on vous découvre à l’écran aux côtés de Jean Rochefort dans Clara et son juge. Comment attrape-t-on si jeune le virus de la comédie ?

Totalement par hasard (rires) ! J’ai été castée dans la rue pour ce rôle alors que je n’avais aucune ambition théâtrale. Étant de nature curieuse j’ai voulu tenter l’expérience : j’ai fait des essais sur une scène, le plus naturellement du monde, sans aucunement me rendre compte de ce qui se jouait à ce moment-là. Ce n’est qu’ensuite que j’ai fait des écoles de théâtres et le Conservatoire du Xe. J’étais dans le plaisir de jouer, je n’ai pas conscientisé tout de suite que c’était un métier.

Vous êtes aussi à l’aise devant la caméra que sur les planches, le monde du cinéma et celui du théâtre vous nourrissent en tant qu’artiste ?

Complètement. Au cinéma il y a pour moi ce côté naturel, j’ai joué beaucoup de rôles qui correspondaient à ma personnalité. Il y a un certain naturalisme au cinéma dans le sens où quelque part les choses nous échappent. Il y a beaucoup de travail mais nous n’avons aucune prise sur le montage par exemple. Et le fait de ne découvrir qu’en aval le résultat est une expérience très excitante et particulière. Au théâtre, on apprend à construire des personnages, à entrer dans une langue plus théâtrale, c’est l’engagement du corps, de la voix et de la pensée pendant des mois de répétition jusqu’à la première. C’est ensuite jouer « sans filet » : une sensation qui est pour moi addictive.

Que raconte la pièce Une situation délicate ?

Mon personnage Julie est en couple avec un garçon de son âge et veut vivre pleinement cet amour. Mais pour cela, elle doit clore une histoire avec un de ses amants, un homme beaucoup plus âgé qu’elle. Elle décide alors d’aller le voir, prétextant à son amoureux une visite chez ses parents… Sauf que ce dernier lui fait la surprise de venir sur place et arrive avant elle. Julie préfère mentir que d’affronter la vérité. Les personnages s’embourbent littéralement dans une situation qu’ils se sont infligés à eux-mêmes. L’auteur, à travers une comédie, s’intéresse finalement au côté désespérant de la nature humaine.

Comment la pièce est-elle reçue par le public ?

Le public a toujours un temps d’avance sur nous, ce qui lui donne envie de participer. La situation crée une sorte d’excitation, les gens se demandent comment nous allons nous en sortir et ils vivent complètement le spectacle. La comédie est réellement un pansement et permet de s’évader.

Pouvez-vous nous parler des comédiens qui vous accompagnent ?

Nous avons vraiment développé une unité, chacun avec notre personnalité. Gérard Darmon apporte son savoirfaire dans la comédie, sa dextérité, il a vraiment l’art des ruptures tout en restant très naturel, c’est vraiment jouissif de jouer à ses côtés. Clotilde Courau a cette présence, cette voix, cette lumière incroyable. Elle a une nature particulièrement vaste, elle est drôle, a une folie qui m’émerveille, m’ébloui. Max Boublil vient du stand-up, il est très sensible aux punchlines, au rythme, il incarne son personnage avec un naturel incroyable, qui plus est pour une première au théâtre.

Quels sont vos projets pour la suite ?

C’est avec un immense plaisir que nous reprendrons la pièce au théâtre Édouard VII à la rentrée ! Je prépare également un seule en scène sur le livre Tu t’appelais Maria Shneider, de Vanessa Shneider. Je joue dans le film de Julien Rambaldi, Les femmes du square, qui sortira en fin d’année. Je prévois aussi de trouver le temps d’aller voir des pièces pour découvrir des pépites telles que La métamorphose des cigognes, le seul en scène de Marc Arnaud, un réel coup de coeur.

Par Élodie Rabaud

T. DES NOUVEAUTÉS, jusqu’au 30 avril