FRANK DESMEDT – La promesse de l’aube : un voyage bouleversant

Dans ce seul en scène, le comédien et directeur du théâtre de la Huchette Frank Desmedt défend pas moins de vingt personnages. Une performance hors norme pour narrer la jeunesse magique et implacable de l’auteur Romain Gary auprès de sa mère russe à qui il a fait une promesse : devenir un héros. Frank Desmedt réussi le pari d’être à la fois sensible, amusant et touchant : du grand art.

Pouvez-vous nous parler de votre rencontre avec l’oeuvre de Romain Gary ?

Romain Gary est un homme aux multiples facettes, aux multiples identités, aux multiples talents : aviateur, résistant, romancier, diplomate, scénariste, réalisateur et amoureux de littérature. Lorsque j’ai découvert La Promesse de l’aube, j’ai plongé tête baissée dans la richesse de ce parcours et dans l’intelligence de cet auteur, le seul à avoir obtenu deux fois le Goncourt sous deux identités différentes !

Pourquoi avoir choisi de l’adapter ?

J’ai été évidemment touché par sa jeunesse, par son déracinement et par sa bouleversante relation à sa mère qui l’élève seule. Elle rêve de grandeur pour lui. Il n’aura de cesse d’essayer d’être à la hauteur de ce rêve. Enfin, le style de Gary appelait le théâtre et les personnages du roman offraient le moyen de dialogues profonds et savoureux.

Vous n’en êtes pas à votre premier seul en scène. Quelles sont les différences majeures en termes de préparation et de sensations sur scène comparé à une pièce disons plus « classique » ?

Dans un seul en scène, c’est comme si un fil imaginaire était tendu entre le comédien et le public. Lorsque le fil se détend, comme par hasard, le public tousse, bouge sur son siège… Le comédien doit toujours veiller à garder une forme d’intensité dans son jeu (y compris dans la légèreté de certains passages). Chaque pièce demande une préparation différente. En revanche, chaque seul en scène est un combat.

Un extrait de ce magnifique texte qui vous touche particulièrement ?

« Avec l’amour maternel la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu’à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu’une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son coeur, ce ne sont plus que des condoléances. » Ou encore : « Quand on ne sait rien faire, il faut avoir de l’ambition. » Ma devise !

Un rôle que vous rêveriez d’interpréter ?

J’ai récemment découvert Brian Friel, le Tchekhov irlandais. Je serais heureux de plonger dans l’univers de ses pièces et recommande la lecture de son oeuvre.

Comédien et directeur du Théâtre de la Huchette : deux métiers qui se complètent ?

Le directeur de théâtre est un homme qui sait repérer le talent des metteurs en scène et les accompagner dans leurs projets. Il supervise le montage et l’exploitation du spectacle invité. Il, ou elle, doit connaître chaque aspect de la production pour les réunir en une seuleentité. Le comédien, lui, est au service d’un texte, le directeur de théâtre au service d’un projet artistique. Ce ne sont évidemment pas les mêmes approches mais elles sont complémentaires.

D’autres projets à venir cette année ?

La tournée du Visiteur d’Éric Emmanuel Schmitt et la reprise de la Promesse de l’Aube (après le théâtre de l’oeuvre) au festival d’Avignon. La suite du Montespan d’après Jean Teulé dans la magnifique adaptation de Salomé Villiers au théâtre de la Huchette et une nouvelle comédie musicale en préparation, toujours pour la Huchette, avec une idée directrice simple : les gens mentent mais pas la musique…

Par Patricia Cailleux

THEATRE DE L’OEUVRE, du 15 avr il au 3 juillet 2022