INTERVIEW DE SÉBASTIEN CASTROT DANS UNE IDÉE GÉNIALE

Sébastien Castro est à l’affiche du Théâtre Michel avec sa nouvelle comédie, « Une idée géniale ». L’occasion pour lui de retrouver son compère de jeu José Paul et de se lancer un nouveau défi : mêler le comique du texte et celui de l’illusion. Rencontre chaleureuse.

Comment s’est opérée votre rencontre avec le théâtre ? 

Sébastien Castro : J’ai découvert le théâtre enfant en tant que téléspectateur avec l’émission Au théâtre ce soir. J’étais fasciné par Jacqueline Maillan, Maria Pacôme, etc. Puis je suis allé dans un vrai théâtre, où j’ai vécu une expérience unique. À ce moment-là, il m’avait traversé l’esprit d’en faire mon métier, mais sans véritablement y croire. J’ai intégré une troupe amateur au lycée, puis suivi une fac de théâtre avant d’intégrer le Cours Périmony. J’ai ensuite monté une compagnie, et ai commencé à jouer… 

Comment est née Une idée géniale ? 

J’avais commencé à écrire Une idée géniale il y a trois ans, avant même de jouer J’ai envie de toi, ma première pièce. Le projet est né de deux envies : celle de jouer avec José Paul, et celle d’incarner des personnages très différents de ceux que j’avais joués précédemment. Et comme j’aime à le dire, pour être à la hauteur de José, il me fallait non pas un rôle, mais trois !

Vous avez donc construit l’intrigue de la pièce à partir de ces deux contraintes…

Exactement. Laurence Porteil et Agnès Boury ont ensuite rejoint le projet. Je suis particulièrement fier de cette distribution : si une pièce repose initialement sur le texte, ce dernier peut ne rien vouloir dire s’il est mal défendu par les comédiens. J’ai la chance d’être entouré de partenaires brillants. 

« LE BOULEVARD, C’EST MON ENDROIT. JE TROUVE MERVEILLEUX DE PARTIR D’UN CONCEPT VIEUX COMME LE MONDE ET D’Y APPOSER UNE HISTOIRE D’AUJOURD’HUI »

Vous incarnez donc trois sosies dans cette pièce, quel défi cela représente-t-il ?

Je joue en effet tour à tour un homme qui fait du théâtre amateur et à qui rien ne réussit dans la vie, un commercial qui se la raconte, et un plombier terre à terre et plein de bon sens. C’est tout à fait grisant de passer de l’un à l’autre, même si cela a pu être perturbant en répétition. La difficulté réside également dans le fait qu’un de ces trois sosies souhaite se faire passer pour l’un des deux autres… Seul le jeu permet donc de les distinguer, il a fallu pour cela travailler en précision et ne pas verser dans la caricature. Pour faire exister ces trois personnages, nous avons également usé de trucages et d’artifices…

L’illusion occupe une place importante dans la pièce ?

Oui, en nous appuyant sur de nouvelles technologies et une ingénieuse  scénographie de Jean Haas, nous avons pu jouer sur l’illusion. Cela nous a demandé énormément de travail : trois ans de préparation, quatre mois de répétitions et un mois d’avant-première. La magie a l’air d’opérer, des spectateurs viennent fréquemment nous demander à la fin du spectacle “mais comment avez-vous fait ?” (rire)

Comment la pièce est-elle accueillie par le public ? 

Je suis enchanté par l’enthousiasme des spectateurs, qui rient parfois dès la première minute du spectacle. On m’a un jour remercié pour avoir monté une véritable pièce de boulevard, cela m’a profondément touché. 

Vous nourrissez une vraie passion pour le théâtre de boulevard ?

Oui, je trouve merveilleux de partir d’un concept vieux comme le monde et d’y apposer une histoire d’aujourd’hui. Le boulevard, c’est mon endroit. J’aime me creuser la tête pour un divertissement dénué de prétentions, mais qu’il ne faut surtout pas prendre à la légère. Je relisais une interview de Marc Camoletti qui disait que les gens arrivent au théâtre avec leurs soucis, les oublient un temps et même s’ils les retrouvent à la sortie, ils les abordent certainement différemment. La pandémie lui a donné raison, il est tout à fait indispensable de s’amuser. 

Quelles-sont vos autres actualités ?

Je tâche pour l’instant de profiter de n’être qu’acteur… tout en travaillant sur l’adaptation de J’ai envie de toi en film, ainsi que sur ma troisième pièce dont j’avais commencé l’écriture pendant le confinement. 

« EN NOUS APPUYANT SUR DE NOUVELLES TECHNOLOGIES ET UNE INGÉNIEUSE SCÉNOGRAPHIE DE JEAN HAAS, NOUS AVONS PU JOUER SUR L’ILLUSION ET FAIRE EXISTER CES TROIS SOSIES »

Si vous étiez une idée, laquelle seriez-vous ? 

Je serais une idée géniale (rire) ! Plus sérieusement, je serais probablement une idée pratique pour améliorer le quotidien, qui simplifierait la vie. 

Un dernier mot ?

Je dois dire que je suis très heureux. Jouer au théâtre Michel permet une proximité magique avec les spectateurs, je suis entouré de comédiens admirables… En somme je suis comblé !

Par Sophie Geneste.

AU THÉÂTRE MICHEL