INTERVIEW NEVEDYA et BRIAN BOUILLON-BAKER

« Joséphine Baker le musical » nous plonge dans l’univers de la renversante artiste aux mille vies et aux multiples talents. Chanteuse, danseuse, meneuse de revue, résistante, et fervente défenseuse des droits civiques, Joséphine connut un destin extraordinaire et romanesque. Elle adopta 12 enfants de cultures et de pays différents et créa ainsi sa magnifique Tribu arc-en-ciel. Rencontre avec Nevedya, actrice flamboyante, et Brian Bouillon-Baker, conseiller artistique et fils de Joséphine en personne.

Joséphine Baker triomphe depuis ses débuts, vous attendiez-vous à un tel succès ?

Nevedya : Lorsque j’ai obtenu ce rôle, j’étais tellement excitée. Je ne me suis pas demandée si on allait remplir les salles, j’ai juste pensé “Waouh Joséphine Baker”c’était une explosion de joie!

Brian Bouillon-Baker : Quand j’ai découvert les compositions, j’ai été impressionné. Tableaux, chorégraphies, musiques originales, tout était merveilleux. Et quand j’ai rencontré la troupe, j’ai
compris que quelque chose de magique se préparait. Je leur ai dit que ça allait cartonner, ils étaient émus, gonflés à bloc. Je n’ai pas été très surpris par le succès !

« ÇA VA ÊTRE À NOUVEAU L’HISTOIRE D’AMOUR ENTRE PARIS ET JOSÉPHINE».

BRIAN BOUILLON-BAKER

Ce spectacle raconte la trajectoire de Joséphine. On découvre ainsi des aspects méconnus de sa vie…

N : Elle s’est battue pour les droits civiques des jours durant, a lutté aux côtés de Martin Luther King, a pris la parole lors de la marche de Washington en 1963. Je suis militante, ses batailles sont les miennes et sont intemporelles.


B : Un spectacle de grande valeur avait déjà été mis en scène par Jérôme Savary et joué à l’Opéra Comique, mais ne concernait que la Joséphine des années folles. Depuis la panthéonisation, le public en sait plus sur elle, c’était une femme engagée, libre et idéaliste. Le musical contribue à faire connaître son histoire en dévoilant quelle héroïne elle était.

Avec sa tribu arc-en-ciel composée de douze enfants de tous horizons, dont vous faites partie Brian, elle transmettait des valeurs fortes…

N : Joséphine prouve au monde que c’est possible de s’aimer avec des cultures et des couleurs de peau différentes. Si on gardait notre âme d’enfant sans être conditionnés par ces préjugés qui circulent, on pourrait véhiculer des valeurs de compassion et de tolérance.


B : Elle évoquait souvent son “idéal de fraternité universelle”. Avec sa petite ONU familiale, elle signifiait à la grande ONU officielle que tout était réalisable. Elle était du genre à se relever les manches, c’était une femme de coeur et d’action.

Qu’apporte le regard du fils de Joséphine Baker au musical ?

N : Il a apporté de la bienveillance, de la justesse. Il nous a donné des indications sur comment jouer sa mère, c’était précieux. On avait cette impression magique qu’elle était dans la pièce à travers lui.

B : J’ai agrémenté le spectacle de souvenirs d’enfance. Lorsque nous faisions des bêtises avec mes frères, Joséphine cherchait un responsable. Nous clamions tous notre innocence et recevions une punition collective. Elle enrageait mais était fière de la solidarité qui nous unissait. Cette histoire a inspiré les paroles d’une chanson coécrite avec Jean Pierre Hadida.

Brian, que ressentez-vous lorsque Nevedya redonne vie à Joséphine sur scène ?

B : C’est une émotion qui s’apparente à de la fierté. Elle est entrée dans la peau de ma mère au dedans et au dehors. A l’intérieur, elle possède la même énergie, à l’extérieur elle diffuse le même rayonnement. Les
spectateurs vont tomber sous son charme. Ça va être à nouveau l’histoire d’amour entre Paris et Joséphine.

« JOSÉPHINE PROUVE AU MONDE QUE C’EST POSSIBLE DE S’AIMER AVEC DES CULTURES ET DES COULEURS DE PEAU DIFFÉRENTES »

NEVEDYA

Quels sont vos autres projets ?

B : Je participe à une aventure passionnante avec Studio Canal qui va se lancer dans le tournage d’un film qui mettra en lumière la vie et les messages portés par ma mère. Pour compléter ce film, Canal + prévoit une série très ambitieuse de plusieurs heures qui racontera son incroyable parcours.

N : J’avais d’autres projets en cours avant ce spectacle, notamment l’écriture d’une chanson intitulée Noir est ma couleur qui me tenait énormément à coeur mais que je n’arrivais pas à terminer. Ce qui est
beau, avec Joséphine Baker le musical, c’est que je peux y véhiculer ce militantisme si cher à mes yeux. Je m’exprime à travers Joséphine, c’est un véritable échange. Elle me nourrit, elle m’anime, et je suis de plus en plus inspirée lorsque je crée les paroles de mes chansons.

Par Marie-Lys de Cerval

AU THÉÂTRE BOBINO
Du 12 octobre au 7 décembre