Rencontre avec Marisa Berenson

L’actrice et mannequin américaine Marisa Berenson, 71 ans, a une belle et longue carrière derrière elle. Mais elle n’avait encore jamais participé à une comédie musicale. C’est chose faite avec « Berlin Kabarett », où elle campe un personnage trouble et décadent…

Par Nadine Pernay

De quoi parle la pièce Berlin Kabarett ?

Il s’agit d’une comédie musicale qui se passe en Allemagne, pendant l’entre-deux guerres, en pleine montée du nazisme. C’est une époque terrible à l’extérieur. Mais il y a des lieux clos où la liberté d’expression est reine, où tout est encore permis. Des lieux pour chanter, danser, s’amuser… Les cabarets. On y croise des artistes communistes, juifs… On y aborde des sujets graves avec légèreté, dans un univers décadent et amusant…

Vous interprétez Kirsten, la tenancière du cabaret. Quelles sont les différentes facettes de ce personnage ?

Kirsten se prostitue depuis l’âge de 17 ans pour survivre. C’est la meneuse du cabaret, et elle est prête à tout pour protéger sa troupe, y compris coucher avec des nazis. Elle a une relation conflictuelle avec son fils, qui se travestit et qu’elle déteste. Elle a également une histoire violente avec l’un de ses anciens amants. Son histoire est faite de trahisons. Kristen est une personne dévastée, dure, mais à la fois très vulnérable. Et cela s’exprime de mille manières différentes.

Vous aviez déjà joué dans le célèbre film musical Cabaret (1970), mais vous n’aviez jamais réellement abordé le music-hall…

C’est la première fois que je chante et que je danse sur scène, mais j’ai toujours voulu faire ça ! J’ai vu toutes les comédies musicales, et cela a toujours été un rêve pour moi d’y participer. C’est une combinaison fantastique et je m’amuse beaucoup !

Votre personnage est à l’opposé de celui que vous interprétiez, par exemple, dans Barry Lyndon (Stanley Kubrick, 1975). Comment vous êtes-vous plongée dans ce rôle de composition ?

Dans ce métier, les gens manquent d’imagination. On vous colle vite une étiquette, et c’est vrai que l’on m’a donné des rôles très purs, dans des films en costumes… C4est Stéphan Druet (le metteur en scène) qui a eu l’audace de me proposer quelque chose de différent. Il a vu autre chose en moi et a voulu casser cette image. C’est un nouveau défi pour moi, mais je suis très heureuse de changer de registre.

La pièce aborde la montée du nazisme. Lui trouvez-vous des échos dans l’actualité ?

Malheureusement oui. On change d’époque mais le monde ne change pas. Il y a toujours des problèmes de violence, d’antisémitisme, de préjugés, de haine… Tout cela change de forme, mais est toujours très actuel. La pièce est jouée au théâtre de poche. Il y a une grande proximité avec le public… Cette proximité donne l’impression d’être réellement dans le cabaret. On vit ce spectacle de l’intérieur, on est plongé dans sa réalité… Cela permet de jouer avec le public aussi. Et puisqu’il change chaque soir, la pièce évolue avec lui. C’est un nouveau cabaret tous les soirs !

Comment aimeriez-vous que le public réagisse en sortant de la salle ?

J’aimerais qu’il soit pris par l’émotion. C’est un moment unique et fort. Des choses dures sont évoquées. Et c’est aussi une pièce pleine d’énergie, de légèreté, il n’y a pas une minute de répit. Ce voyage dans un autre monde permet de s’évader, de rire, de pleurer…

Après la reprise à paris, le berlin Kabarett partira-t-il en tournée ?

Rien n’est encore décidé, mais on aimerait faire voyager la pièce outre-atlantique. Mes amis américains me disent qu’elle y aurait beaucoup de succès !

Théâtre de Poche-Monparnasse, du 15 novembre au 6 janvier.