Stephan Druet

« Renata », « Evita », « Pour l’amour du fisc », trois pièces pour mûrir…

 

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Il a initié ses aventures en étant l’un des créateurs de “Les Octavio”, compagnie spécialisée dans le clown théâtral. Diplômé du conservatoire d’art dramatique de Paris, il a également fait des études de piano pendant 10 ans. En 1993, il monte “Mélocotton”, joue dans divers spectacles, puis se spécialise dans la mise en scène d’opéras et d’opérettes. Il est nominé plusieurs fois aux Molières. Et en 2010, il fonde à Paris le “Festival des nuits d’été argentines”. Metteur en scène de “Renata” et “Evita”, il signe la pièce “Pour l’amour du fisc” à retrouver cet été à Avignon.

 

 

Pourquoi devrais-je aller voir une pièce comme “Renata” ?

Parce que c’est une pièce différente des autres. Celle d’un jeune auteur argentin que j’ai traduite et adaptée avec l’acteur Sebastian Galéota qui joue le rôle-titre de Renata. C’est une pièce singulière, baroque, qui aborde des sujets sociétaux qui sont très importants. C’est-à-dire que le fond est là, mais la forme est totalement différente. La forme baroque et ses problèmes graves sont très importants et confèrent un rythme effréné à la pièce, beaucoup d’humour, de l’ironie et du sarcasme. Certains disent que l’on dirait un film d’Almodóvar au théâtre.

 

Comment se fait-il que vous ayez choisi un sujet comme “Evita”, femme politique peu connue en France ?

J’ai choisi le sujet d’ ”Evita” parce que je travaille avec Sebastian Galéota qui joue aussi dans “Renata”. C’est justement parce qu’on ne connaissait pas beaucoup le personnage d’Eva Perón en France que l’idée m’est venue. Quand je suis allé en Argentine j’ai parlé avec des amis de sa famille, avec des Argentins, leur demandant qui était vraiment Eva Perón et ce qu’était le Péronisme. Les réponses étaient mitigées. Des gens me disaient « C’est une icône », d’autres « C’est une salope ». C’est donc un personnage paradoxal, très intéressant. Je me suis dit : « je vais écrire seul, moi-même, une mise en scène sur Eva Perón ». C’est donc ce que j’ai fait et je me suis documenté, j’ai visionné des reportages, lu des livres, des choses en espagnol, et puis j’ai écrit ce scénario et je l’ai mis en scène. C’est aujourd’hui encore un personnage que les gens ne connaissent pas beaucoup.

 

Pourquoi avoir choisi un comédien pour jouer Eva Perón ?

Parce que j’ai changé un peu l’histoire (sauf l’histoire avec un grand H). Les petites histoires, elles, sont inventées. Elles sont très fictives et fausses, mais je voulais qu’on s’aperçoive que Sebastian (qui joue Eva Perón), est en réalité le coiffeur d’Eva. Il avait les mains sur sa tête, écoutait tous ses secrets, c’était son confident. Cela est une invention bien sûr. Du coup, depuis la mort d’Eva Perón, il se prend tous les jours pour elle dans le but de maintenir présente sa mémoire. Il est complètement fou. Il se fait passer pour elle en revivant et en retraçant toute sa vie.

 

Vous avez commencé comme clown de théâtre, ce qui s’oppose à ces deux pièces très dures. Pourquoi avoir choisi de faire de l’humour noir maintenant ?

C’est vrai qu’il n’y a aucun rapport avec le comique. Mais plus on grandit, plus on mûrit, et plus on évolue. Dans ces pièces, il y a beaucoup d’ironie, beaucoup d’humour. Les gens rigolent beaucoup devant “Renata” et “Evita” justement parce qu’il y a cette ironie, ce sarcasme que j’adore. On parle d’une façon de dire les choses différemment, d’une autre façon de les jouer. J’en demande beaucoup à mes comédiens, je veux qu’il y ait beaucoup de ruptures, de changements, un jeu en décalé.

 

Pourquoi Paris ? Pourquoi Buenos Aires ? En trois raisons…

Paris, parce que c’est la ville de l’amour. C’est une ville absolument magnifique de jour comme de nuit, même si je la trouve encore plus belle la nuit avec tous ses monuments éclairés. Il y a une culture absolument incroyable et il y a de nombreuses choses à voir à Paris, tout le temps, à n’importe quel moment de la journée et du soir.

 

Et Buenos Aires ?

Pourquoi Buenos Aires ? Parce que pour moi l’émotion est encore plus forte qu’à Paris dans la mesure où cette ville reflète ce qu’on avait il y a 30 ans à Paris et qu’on a plus maintenant. On peut sortir le soir jusqu’a 4h du matin, il fait chaud et beau. On peut aller voir des spectacles de travestis, ce qu’on trouve beaucoup moins maintenant à Paris. Il y a une chaleur humaine, une culture qu’on a eue et qu’on perd de plus en plus dans la ville française.

 

Quels sont vos projets ?

Je suis en train de mettre en scène “l’Histoire du soldat” de Ramuz et Stravinski qui va se dérouler le 9 mai au Théâtre de Poche, à Paris. Et aussi un peu de musique avec une autre pièce qu’on m’a demandé de mettre en scène pour le festival d’Avignon. Elle s’appelle “Pour l’amour du fisc”, et elle sera jouée cet été. Enfin, un autre gros projet prévu pour janvier 2018 et sur lequel on commence déjà à travailler : la nouvelle mise en scène des “Caramels Fous”. Il s’agit d’une troupe qui fait des spectacles assez étonnants. Cela se passera au Théâtre Comédia en janvier 2018 avec deux autres œuvres prévues normalement pour septembre, mais qui sont encore un peu secrètes.