Interview – François Moschetta pour le spectacle « Mozart? moi jamais! »
Après s’être formé au Conservatoire National Supérieur de Paris, avoir donné de nombreux récitals et remporté des prix prestigieux, c’est avec son«one piano show» que le jeune pianiste virtuose monte à présent sur scène.
Quel est le problème avec Mozart?
À la base, mon univers musical était à3 000 lieues deMozart! J’adore les musiques du début du XXe siècle, très complexes, pointues, comme Prokofiev, Rachmaninov, le jazz également. Un peu des trucs de «geek du piano»!(rires) Et Mozart, dans sa simplicité et sa popularité, me paraissait beaucoup trop fade. Mais il s’est finalement passé quelque chose dans ma vie qui m’a permis d’avoir accès à cette simplicité, à cette douceur, et c’est précisément l’objet du spectacle!
Comment vous est venue l’envie de fairece spectacle qui mêle à la fois musique, classique et humour?
Ça a été une sorte de lente dérive!(rires)Quand je faisais mes études au Conservatoire, j’avais en tête de suivre la voie habituelle: les concours internationaux, le label, les festivals classiques, etc. Mais je me suis rendu compte que les codes de la musique classique ne concernaient qu’une toute petite partie de la population, et cela m’adonné envie d’innover. Quand je préparais les concours, j’aimais mettre une touche d’humour, ça détend tout le monde face à des sujets qui sont impressionnants.À force, j’ai eu envie de pousser le curseur un peu plus loin, d’ajouter de la théâtralité pour amener l’excellence du piano classique dans une forme très moderne, et créer une intimité, une connivence entre le compositeur et le public.
C’est ce qu’on a travaillé avec le metteur en scène Gil Galliot pour donner du pep’s, du relief au spectacle que j’ai écrit avec ma femme,Camille. Je n’ai pas ce rapport de spécialiste, d’esthète à la musique classique, j’aime partager avec le public toute la palette émotionnelle que permet ce langage.
À qui s’adresse ce spectacle?
Le but était que les publics se croisent, se retrouvent dans la joie autour d’une expérience commune où ils rencontrentMozart d’une manière intime, avec une dimension didactique en filigrane. Il y a des familles qui viennent avec des enfants, des ados, des grands-parents, des trentenaires branchés, des spécialistes aussi. Des ados me disent parfois qu’ils sont venus à reculons parce que leur mamie a voulu les emmener, et qu’ils ont ri, qu’ils ont finalement passé un super moment.
Une anecdote à nous partager?
En revenant de tournée avec son fils, le père Mozart craignait qu’il s’agisse d’un épiphénomène, une gloire locale. Il voulait un plan pour développer la carrière du petit Wolfgang. Quand il apprit que la fille de l’impératrice d’Autriche allait se marier, il a tenté de s’incruster à ce mariage, à Vienne! C’est quand même fou, il était prêt à tout! Et finalement, cela fait plus de 200ans que l’on parle de Mozart. Il est extrêmement rare, dans l’histoire de la musique classique, qu’un enfant prodige traverse les siècles de cette manière.
Qu’avez-vous envie que les gens se disent après avoir vu le spectacle?
Qu’ils ont passé un bon moment, qu’il sont aussi appris des choses sur Mozart, sur eux-mêmes aussi car c’est un langage qui nous donne accès à une certaine connaissance de nous-mêmes, de nos émotions, de nos désirs.J’aimerais aussi qu’ils soient touchés par l’histoire de Mozart qui a eu une vie assez dure et triste. Malgré cela, il a réussi à faire rayonner quelque chose de plus profond, de plus joyeux dans sa musique.
Qu’auriez-vous eu envie de faire si vous n’aviez pas été pianiste?
Du business! Je trouve ça formidable de pouvoir transformer une idée en entreprise, de déceler une opportunité, de s’imaginer des choses qui n’existent pas encore, et de les construire petit à petit.Finalement, il y a de ça dans le théâtre et la production de spectacles. Il faut être sur tous les fronts, avoir de bons partenaires.
© Stéphan Kerrad
Par Mélina Hoffmann
A partir du 9 octobre 2025
