UNE LECON DE PIANO AVEC CHOPIN

Interview avec le pianiste conteur Pascal Amoyel

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Artiste pluridisciplinaire, vous êtes auteur, compositeur, interprète et comédien. Comment s’est opérée cette rencontre avec l’art ?

Ma rencontre avec la musique est advenue grâce à un grand pianiste, György Cziffra, qui a été mon maître. Je lui ai d’ailleurs rendu hommage avec mon précédent spectacle, Le pianiste aux 50 doigts, que je viens de donner au Théâtre Montparnasse. C’était un homme d’une très grande générosité et humanité, qui a su accueillir le gamin que j’étais avec beaucoup de gentillesse. J’écoutais à longueur de journée ses enregistrements de Chopin, et c’est comme ça que m’est venu la passion pour ce compositeur.

Chopin est entré dans votre vie à vos 11 ans et ne l’a jamais quitté depuis, vous dites d’ailleurs que vous êtes “devenu l’élèvè de Fredéric Chopin ! », au-delà de la passion qu’il vous a transmis, que vous a-t-il appris ?

J’ai toujours été subjugué par la musique de Chopin, elle est miraculeuse et universelle. Tout le monde connaît Chopin. Ses compositions, poétiques ou virtuoses sont imprégnées de ses expériences de vie, qui ont été difficiles, notamment l’exil de Pologne vers la France. Quand j’étais étudiant, j’avais l’impression de ne jamais faire exactement ce qu’il fallait. Je me demandais, « Qu’est-ce que Chopin m’aurait dit ?« , lui qui était un grand professeur. Il a écrit une méthode de piano très peu connue qui regorge de pépites, de conseils. J’ai également étudié des témoignages de ses élèves, qui donnent des indications très précises sur certains passages. Plus je lisais, plus je me rendais compte que je n’étais peut-être pas si à côté que ça… J’ai donc inventé cette masterclass imaginaire, regroupant tous les conseils qu’il a donnés sur ses chefs-d’œuvre, notamment sur sa Première Ballade, l’une des œuvres les plus emblématiques. C’est un véritable voyage initiatique.

Il est souvent reproché à la musique classique d’être un art élitiste, qu’en est-il de votre pièce ?

Je pense qu’on a fait de la musique classique une musique de musée, alors qu’elle est si vivante! J’aime aller jouer dans des endroits moins habituels que les salles de concert traditionnelles : les théâtres, le Festival d’Avignon etc. On y trouve un public mélomane mais aussi complètement néophyte, de personnes curieuses qui viennent découvrir les compositions et les vies d’artistes. Les plus beaux compliments que j’ai reçus sont certainement ceux d’enfants me disant « Monsieur, je vais rentrer chez moi écouter Beethoven ! » Parfois, les gens ont peur de ne pas comprendre, mais je leur donne des clefs en partageant ce que j’adore, ce qui me fait vibrer, et par chance, ils vibrent aussi.

Qu’avez-vous envie de transmettre au public avec ce spectacle ?

Les grands chefs-d’œuvre de la musique classique, et de Chopin en l’occurrence, nous disent quelque chose, à nous, les humains. Ce n’est pas seulement un plaisir esthétique, une échappatoire ; ces œuvres ne sont pas là pour nous sortir du monde, mais pour nous y faire rentrer, entièrement, pour nous mener dans les arcanes mêmes de la réalité, de la vie. Quel que soit notre niveau de compréhension de la musique, on retrouve cette sagesse, cette philosophie indicible qui rend ces morceaux atemporels.

Jusqu’au 12 janvier 2025, au Théâtre Ranelagh

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