OLYMPE DE GOUGES, PLUS VIVANTE QUE JAMAIS
Un destin remarquable
Les femmes dont on a retenu l’impact sur la Révolution Française se comptent probablement sur les doigts d’une main : Olympe de Gouges en fait partie. La comédienne et dramaturge Joëlle Fossier Auguste lui dédie un « seule en scène »
Qui, de nos jours, ne connait pas Olympe de Gouges ? Vous en avez certainement entendu parler, vous connaissez son nom… Peut-être que de vagues souvenirs vous reviennent d’un professeur la mentionnant dans une salle de classe, ou que l’école primaire à côté de chez vous est nommée en son honneur. Olympe de Gouges est une des rares figures féminines de la Révolution à ne pas être entièrement tombée dans l’oubli.
Trop en avance
Née Marie Gouze à Montauban, en 1748, cette femme intrépide monte à Paris dans les années 1780 pour vivre de sa passion pour le théâtre et la littérature. Auteur, dramaturge, elle est à la fois un produit de son époque et en avance sur son temps. Les idées bouillonnantes de la période révolutionnaire sont le terreau fertile dont elle a besoin pour s’épanouir intellectuellement, pour donner un sens à son œuvre, pour approfondir ses idées. En août 1789, la rédaction de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen ancre les idées des hommes à la tête de la Révolution. Mais le problème est bien là pour Olympe. On ne mentionne que les hommes. Les femmes ont pourtant fait partie intégrante de chaque étape de la Révolution. Ce sont elles qui, entre autres, ont marché de Paris à Versailles en octobre 1789 pour demander du pain et des réformes politiques à la famille royale, précipitant leur fuite à Varennes. La Déclaration les exclut de la coupe de la citoyenneté, qui n’admet alors que des hommes majeurs et en bonne santé. Plus de la moitié de la population est laissée pour compte. Olympe en rédige un pendant : la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne. Sa publication en 1791 est audacieuse, d’autant que la Révolution est sur le point d’atteindre un pic d’instabilité : Robespierre prend la tête du mouvement dès mars 1793, jusqu’en 1794. La Terreur sonne le glas pour des milliers de personnes, pour peu qu’elles aient osé contrarier le dictateur ou qu’elles n’abondent pas pleinement dans son sens.
Les mots avant la sentence
La comédienne et dramaturge Joëlle Fossier dédie un seul-en-scène à cette figure de l’Histoire, dont le passage du temps a, bien sûr, embrumé la vivacité, la vie. Dans Olympe de Gouges, plus vivante que jamais, elle redonne vie, corps et voix à une femme incarcérée, sur le point de passer devant l’impitoyable Tribunal Révolutionnaire. Elle est enfermée au cœur de Paris, à la Conciergerie, quelques semaines à peine après Marie-Antoinette ; elle se confie à son geôlier. Le public devient le récepteur de ses pensées, de ses idées réitérées, et ne peut qu’admirer la dignité d’une femme que l’on sait, et qui se sait, condamnée à l’échafaud. La pièce est un hommage rendu à cette pionnière du féminisme et de la défense des droits civiques, qui a lutté pour la pénalisation de l’esclavage ; ses écrits résonnent encore comme témoignage du chemin parcouru et de la précarité des droits acquis. De nos jours, historiens et admirateurs de son travail encouragent l’entrée d’Olympe de Gouges au Panthéon ; Joëlle Fossier Auguste, en interprétant cette pièce qu’elle a écrite et mise en scène, signe certainement une plaidoirie enthousiaste et convaincue en faveur d’Olympe de Gouges !
A la Divine Comédie