Le gros qui fume comme une cheminée en hiver
Élodie Menant
En 2011, Élodie Menant fonde la compagnie Carinae et adapte La Pitié dangereuse de Zweig. Le spectacle lui vaut le prix de la révélation féminine au festival Off d’Avignon en 2013. En 2014, elle adapte à nouveau un texte de Zweig, La Peur, et joue dans la pièce en alternance avec Hélène Degy. En 2018, elle coécrit avec Éric Bu, Est-ce que j’ai une gueule d’Arletty ?, le biopic reçoit le Molière du meilleur spectacle musical, et Élodie Menant est récompensée du Molière de la révélation féminine. En 2021, elle écrit et joue dans Je ne cours pas, je vole. La pièce obtient cinq nominations aux Molières 2023, et connaît un succès retentissant auprès du public.
Après le succès de ses précédentes pièces, « Est-ce que j’ai une gueule d’Arletty ? » et « Je ne cours pas, je vole », Élodie Menant revient avec une création inédite, inspirée d’une histoire vraie. « Le gros qui fume comme une cheminée en hiver » embarque le public dans un voyage follement rocambolesque, et l’invite à renouer avec la magie de la vie.
Comédienne, chanteuse, danseuse, auteure et metteuse en scène, vous êtes une artiste aux multiples casquettes. Comment est née cette vocation artistique ?
Toute petite, j’adorais déjà l’équitation, la danse classique, le piano et le théâtre. En seconde, une adaptation musicale des Misérables m’a émerveillée. L’année suivante, j’ai rejoint le cours de théâtre du collège et j’ai eu la chance de jouer, à mon tour, dans ce spectacle qui m’avait tant fait rêver !
Plus tard, en prépa Maths SupMaths Spé, j’ai mis de côté mes activités artistiques, et très vite, je me suis sentie asphyxiée. Le désir de monter sur scène m’a rattrapée, j’ai alors décidé de m’inscrire au Cours Florent.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de monter votre compagnie et de vous lancer dans l’écriture ?
Après les Cours Florent, tout a démarré rapidement pour moi. J’ai eu le bonheur de participer au spectacle musical Le Soldat rose composé par Louis Chedid, et j’ai même animé une émission pour enfants sur Télétoon.
Puis les projets ont mis un peu plus de temps à arriver, et je ne voulais surtout pas rester dans l’attente. J’ai assisté à une adaptation théâtrale de La Pitié dangereuse de Zweig. Ça m’a incitée à lire le roman, et j’ai eu plein d’idées pour l’adapter à ma façon. C’est ainsi que j’ai créé la compagnie Carinae et présenté mon premier spectacle avec ma troupe.
Y a-t-il un élément commun, une obsession ou un sujet qui traverse l’ensemble de vos œuvres?
J’essaie toujours de montrer combien il est essentiel de ne pas se laisser enfermer dans des cadres qui freinent notre épanouissement personnel, et nous empêchent de nous réaliser. Dans chacune de mes aventures théâtrales, il y a cette idée que l’on peut constamment se surprendre, et même se dépasser. Croire que tout est possible, c’est se mettre en mouvement. Être sur le chemin, c’est déjà réjouissant en soi ! Cela nous oblige à nous engager pleinement, et à mobiliser toute notre énergie.
Pouvez-vous présenter votre nouvelle création à nos lecteurs ?
La pièce raconte une histoire surprenante, inspirée d’un fait réel qui a été médiatisé en Argentine. Elle met en scène la rencontre de deux hommes à qui il n’arrive que des catastrophes, ils sont en plein dans ces instants de vie où tout s’effondre, où on a la sensation que le monde entier se ligue contre nous. Puis, un troisième personnage fait irruption, c’est le patron d’Airbnb. Son arrivée va marquer un véritable tournant, mais je ne vous en dirai pas plus.
Avec ce spectacle, je souhaitais parler du hasard, et de la part d’influence que l’on peut avoir sur notre destin. Dans une époque marquée par une actualité sombre, j’avais à cœur de créer une œuvre optimiste, qui transmette des ondes positives.
Le gros qui fume comme une cheminée en hiver, pourquoi ce titre ?
Le personnage principal a beaucoup d’autodérision, il proclame qu’un gros qui fume à 45 ans, c’est plié, il va forcément y passer.
Ce regard lucide qu’il pose sur luimême sans pour autant essayer de changer, ça me touche. Je voulais un titre qui accroche, qui dise l’humour, le décalage, tout en reflétant une forme de magie, de poésie et de fantaisie.
Comment avez-vous abordé la mise en scène ?
La radio est le fil conducteur de la pièce, tout commence dans un studio d’enregistrement, c’est aussi là que tout se termine. Les personnages annoncent aux auditeurs qu’ils vont leur raconter une histoire vraie. À l’image d’une petite boîte à musique qu’on ouvre et qui nous emporte dans un univers musical, avant de se refermer, on se sert du décor qui représente le studio d’enregistrement pour créer de nouveaux espaces, et emmener le public ailleurs, vers d’autres paysages, avant de revenir au décor initial, et de clore le récit.
Votre réplique préférée ?
« Les nuages finissent toujours par se dissiper. »
Quel est votre état d’esprit juste avant de présenter le spectacle à Avignon ?
Je ressens un mélange de stress, de joie et d’excitation. J’ai vraiment hâte de découvrir comment les gens vont le recevoir, de voir leurs réactions. Je suis metteuse en scène, une fois que le rideau se lève, je ne peux plus intervenir, je ne contrôle plus rien.
Ce sont les comédiens qui s’accaparent le spectacle. C’est vertigineux, bien sûr, mais c’est aussi ça, la magie du spectacle vivant. Et je suis certaine qu’ils vont me surprendre, proposer des choses incroyables, et emmener la pièce vers des endroits inattendus.
THÉÂTRE DES BÉLIERS,
Avignon Du 5 au 26 juillet
T. DES BÉLIERS PARISIENS,
Paris À partir du 26 août