Le gros qui fume comme une cheminée en hiver
 QUAND LE HASARD FAIT BIEN LES CHOSES…
QUAND LE HASARD FAIT BIEN LES CHOSES…
L’histoire de Juan Moreno est rocambolesque, mais vraie ! Portée sur scène par ÉlodieMenant, son aventure est un voyage fou à très forte teneur en hasards et rebondissements.Après avoir fait salle comble à Avignon, Le gros qui fume comme une cheminée en hiver se joue à Paris et nous interroge : que contrôle-t-on vraiment de nos vies ?Interview croisée avec les comédiens Pierre Bénézit, Lauriane Escaffre, Marc Pistolesi, Floriane Vincent
Pierre, vous incarnez Juan sur scène, vous pouvez nous résumer sa folle aventure ?
Pierre Bénézit: C’est l’histoire de Juan Moreno, auteur à succès, homme de radio, papa, fan de foot, qui vit en Espagne. Suite à un pari stupide, il doit regagner l’Argentine, son pays d’origine, pour quelques jours. Mais son séjour ne va pas se dérouler comme prévu. Une crise cardiaque et d’incroyables rencontres vont transformer sa vie. Aussi incroyable que cela puisse paraître, tout est vrai dans la pièce.
Est-ce que ça a changé votre façon de voir la vie ?
Floriane Vincent : Ma façon de voir la vie, je sais pas, mais je suis plus attentive aux petits détails : le hasard des rencontres, ces petits accidents qui déclenchent des bouleversements. Tous ces « et si… ». Je rejoins le personnage de Juan qui dit que plus on ose dans la vie, plus la probabilité que le hasard agisse est forte !Alors oui, finalement j’ose, j’essaye, je rate, je recommence peut-être plus qu’avant !
Marc Pistolesi :Je me suis rendu compte, il y a déjà un moment, de l’importance d’être en mouvement pour que les choses se passent. Créer des rencontres, des événements, être constamment surpris de ce qui peut découler d’une rencontre, d’une action, parfois même sans que ce soit immédiat. Mais des années après, les personnes que tu rencontres sont comme les bumpers d’un flipper, ils te projettent dans une direction… faite de surprises. Donc, la pièce prêche un convaincu.
 Il n’y a aucun temps mort dans le spectacle et on en ressort à la fois positif et énergisé. Il vous fait cet effet à vous aussi ?
Il n’y a aucun temps mort dans le spectacle et on en ressort à la fois positif et énergisé. Il vous fait cet effet à vous aussi ?
PB :Ce spectacle est à l’image de la folle et rocambolesque histoire que nous racontons, une redoutable mécanique qui nous entraîne, nous aussi les comédiens, dans une réjouissante énergie collective.Un soir, je suis arrivé au théâtre, un peulas, après une journée harassante. Je suis ressorti du spectacle beaucoup moins fatigué.
Lauriane Escaffe :C’est un spectacle qui aborde énormément de sujets. En tant qu’interprètes, on s’est interrogé sur ce que racontait cette pièce, sur son point de vue, sur les questions qu’elle mettait en avant. Il y a énormément de thèmes :le hasard et la synchronicité, ce dont on est responsable ou non dans nos vies. Mais il y a également plein d’autres sujets :ça parle du couple, de sa résistance ou non face aux épreuves, de la paternité–c’est un très beau texte sur la paternité–et d’autres thèmes de la vie quotidienne.
Comme c’est une pièce très feel good, ça rebondit sur nous et ça déteint sur nous. Quand on la porte entant qu’interprètes, on travaille 150 000 émotions chaque soir, donc émotionnellement et physiquement c’est une pièce très intense qui demande beaucoup d’énergie.On est vidé après, mais dans le bon sens.On a traversé toutes les émotions et comme on a un final de feel good movie, on en ressort avec une seule énergie, qui est extrêmement positive.
Racontez-nous comment la mise en scène donne de la fluidité à l’enchaînement de toutes les péripéties.
LE :La mise en scène est assez magique. Il faut dire qu’on voyage énormément, à travers les pays, les continents, les émotions, les lieux dans une même maison. C’est toute la magie de la mise en scène d’Élodie Menant qui a créé un procédé hyper astucieux de panneaux mouvants qui apporte beaucoup de fluidité. En deux-trois mouvements, on est transporté dans un lieu bien précis, ça peut être une chambre d’hôpital avec ses bruits, à l’habitacle restreint d’une voiture et toute la panique qui va avec, à l’appartement d’Agustín et Clara. Tout le monde parle de cette magie, grâce aussi aux lumières de Cyril Manetta et au travail incroyable du son de Mehdi Bourayou. Il n’y a quasiment pas de décors et d’accessoires.
FV :Le défi était grand parce qu’effective-ment cette histoire voyage, elle débute en Espagne, se poursuit en Argentine, en passant par l’Uruguay, on est tantôt dans une voiture, dans un hôpital. Nous avons dû beaucoup répéter avec les décors, les manipuler afin de figurer ces différents lieux ! La mise en scène d’Élodie Menant nous plonge au cœur de ces histoires entremêlées, la scénographie de Juliette Azzopardi et Jean-Benoit Thibaud révèle les espaces, et effectivement la musique de Mehdi Bourayou et les lumières de Cyril Manetta accompagnent merveilleusement ce voyage ! Nous essayons chaque soir d’embarquer le public avec nous dans cette folle histoire !
La pièce a affiché complet à Avignon pendant le festival, quels sont les meilleurs arguments pour faire venir le public parisien ?
MP :C’est une pièce remplie d’optimisme, le terme feel good revient souvent à la sortie de la pièce, c’est assez juste. Les personnages n’ont de cesse de rebondir. Même à l’article de la mort, il reste encore cette lueur d’espoir qui fait toute la différence, cet instinct de vie que nous avons en nous.Cette pièce est tellement vivante !
Par Émilie Hangue Moquiot








