VOLPONE – Un classique pour tous !

Avec une mise en scène précise et d’une finesse exemplaire, Carine Montag signe avec cette version de «Volpone »,
actuellement à l’affiche au Café de la Gare, une pièce pleine d’énergie et d’humour. Cette comédie grinçante et
loufoque raconte l’histoire d’un riche vénitien, faisant croire à sa fin proche pour accroître sa fortune. Rencontre
avec une artiste passionnée, talentueuse et au service du théâtre pour tous…

INTERVIEW CARINE MONTAG

Des̀ l’âge de 7 ans, vous vous passionnez pour la danse classique puis le théatre et la comédie. comment tombe-t-on si tot̂ dans le monde du spectacle vivant ?

Mes parents étaient férus de littérature, de peinture et de musique. Cet intérêt a vraisemblablement influencé tous les membres de la famille. En effet, mon frère est aujourd’hui concertiste (piano), et c’est d’ailleurs lui qui a fait les arrangements musicaux de Volpone. Pour ma part, mon goût pour la danse et le théâtre est sûrement venu de ce terreau familial. J’ai un temps dévié vers des études de biologie et de langues étrangères mais je suis revenue à mes premières amours ! D’ailleurs, l’air des quatre petits cygnes du Lac des Cygnes est un clin d’œil à ces années de danse. Il revient en thème assez récurrent, arrangé de manière très drôle pour montrer le contraste entre les beaux cygnes blancs et les terribles corbeaux noirs de Volpone.

Volpone est une piec̀e anglaise joueé pour la premier̀e fois en 1606. Adapteé au theát̂re, au cineḿ a et àla teĺev́ision… sous quelle version l’avez- vous dećouverte ?

A l’origine, Volpone a été écrit par Ben Jonson, en anglais. Il a ensuite été repris par Stefan Zweig et retranscrit par Jules Romains. Le film s’inspire de cette dernière version. Personnellement, j’ai d’abord découvert la version de Jonson et je l’ai tellement aimée que je l’ai ensuite traduite, adaptée, découpée et réagencée. Cette pièce est vraiment à l’image de son auteur britannique, bon vivant, pur génie satirique. Elle associe humour, cynisme et virtuosité. J’adore ce mélange d’esprit british saupoudré d’une impudence digne de la commedia dell’arte !

Pouvez-vous nous raconter l’action principale ?

Dans l’action principale, Volpone (renard en italien), riche vénitien sans enfants, ni légataire, aidé de son serviteur Mosca (la mouche) fait croire qu’il va mourir et se retrouve ainsi entouré d’oiseaux de proie tous plus avides les uns que les autres de percevoir l’héritage : Corbaccio (le corbeau), Corvino (la corneille), Voltore (le vautour), et la fameuse Lady Political Would Be. Ils vont lui danser une ronde particulière, celle des cadeaux avec son cortège d’hypocrisie, de manigance, de trahison, de corruption. Mais rira bien, qui rira le dernier ! Au moment d’adapter la pièce, cette histoire était tellement forte et prenante, qu’il fallait la mettre en valeur en éliminant les actions secondaires. Se consacrer à elle. La version originale durait quatre heures sinon !

Vous et̂es à la fois metteur en sceǹ e et comed́ ienne de la piec̀e. Comment et̂es vous parvenue àconcilier ces deux rol̂es ?

Le personnage de Célia était très clair pour moi, je savais exactement ce que je voulais qu’il raconte. Du coup, c’était facile d’entrer dans sa peau, d’autant qu’on se ressemble pas mal.Afin de garder un œil sur l’ensemble du travail, je filmais pendant les répétitions les moments où j’étais sur scène. Comme ça j’étais à la fois dans la salle et sur le plateau (rires) !

« Après deux ans de pandémie, on a plus que jamais besoin de rire, et peut-être justement de rire avec une joyeuse cruauté des travers humains, les plus horribles soient-ils, pour mieux dépasser tout ça.»

Cette fable comique tourne autour des vices humains, notamment de la soif d’argent. Un sujet toujours d’actualité selon vous ?

Absolument. Ce sujet reste intemporel. C’est aussi pour cela que des auteurs comme Ben Jonson restent d’une grande modernité, car ils parlent de l’Homme, avec avec ses qualités et, ici, ses défauts.

Après deux ans de pandémie, on a plus que jamais besoin de rire, et peut-être justement de rire avec une joyeuse cruauté des travers humains, les plus horribles soient-ils, pour mieux dépasser tout ça. Dans Volpone, on aime les méchants, ils ont quelque chose d’attachant malgré l’horreur. On a envie de leur pardonner de n’être finalement que des hommes (rires) ! A quel public s’adresse votre pièce ? A l’époque tout le monde allait au théâtre voir une même pièce, et ce quels que soient l’âge et la classe sociale. Cette mixité sociale et intergénérationnelle est, pour moi, le principe du vrai théâtre et j’essaie d’y contribuer avec Volpone, un classique accessible à tous. On peut rire ensemble (rires) !

Par Élodie Rabaud