Alyzée Costes et Sébastien Azzopardi : les coulisses d’un thriller

À partir du 4 octobre, le Théâtre Michel affichera Piège pour Cendrillon, thriller vénéneux adapté du roman de Sébastien Japrisot. Dans cette nouvelle mise en scène de Sébastien Azzopardi, Alyzée Costes incarne le personnage principal, à la fois victime, enquêteuse, suspecte et coupable. Tous les deux reviennent sur un projet exigeant, et sulfureux…

Ça n’est pas la première fois que vous travaillez sur le thriller. c’est un genre qui te plait particulièrement ?

Alyzée: Après la comédie avec Dernier coup de ciseaux et Coup de théâtre, le changement de registre avec Dame blanche et maintenant Piège pour Cendrillon est le bienvenu ! en plus, le thriller implique une attention très différente du public…où l’on tend vers une sorte de calme absolu, c’est grisant !

Sébastien: C’est un genre que j’aime beaucoup en tant que spectateur et lecteur. Malheureusement, il est sous-représenté au théâtre. Je m’y suis donc essayé avec la Dame Blanche, Chapitre 13, et aujourd’hui Piège pour Cendrillon, plus glamour et psychologique que les autres. au-delà du thriller, la pièce dit beaucoup sur l’ambivalence et les questions d’identité qui nous caractérisent.

À la lecture de la pièce, qu’est-ce qui t’a particulièrement plu dans Piège pour Cendrillon ?

A: J’ai lu le roman de Sébastien Japrisot au lycée. il m’avait à l’époque captivée. la force de l’écriture réside dans la manipulation conjointe du personnage et du lecteur : on se perd autant qu’elle ! J’ai donc fait lire le texte à Sébastien…

S: À la lecture du roman, le jeu d’identités m’a paru éminemment théâtral. il m’a permis de faire intervertir leur rôle aux comédiennes. J’ai donc travaillé sur les similitudes, tout en laissent entrapercevoir les différences naturelles des comédiennes. ce changement de personnage à vue est tout bonnement spectaculaire. il s’agit de la magie de l’interprétation, exempte d’effets spéciaux.

Japrisot brise les codes du roman policier en concentrant les quatre fonctions clés du genre (la victime, l’enquêteur, le suspect et le coupable) sur un même personnage. comment cela a-t-il impacté votre travail ?

S: avec la scénographe Juliette Azzopardi, nous avons travaillé à réunir l’ensemble des lieux dans un même endroit : on voyage sans bouger. les éclairages en technicolore de Philippe Lacombe confèrent une lumière d’époque, et le rythme enlevé de la mise en scène apporte de la modernité. Nous avons tous travaillé pour donner un charme vénéneux au spectacle, à la croisée des univers d’Hitchcock et de David Lynch.

A: l’entrecroisement de ces quatre fonctions relève du défi ! J’ai ainsi beaucoup travaillé avec Nassima Benchicou, mon double dans la pièce, afin de créer un effet miroir. il y a un aspect parfaitement schizophrénique, qui demande de passer précipitamment d’une émotion extrême à l’autre. Une fois la technique maîtrisée, c’est une expérience prenante.

Qu’est-ce qui différencie ce thriller des derniers sur lesquels vous avez travaillé ?

A: Piège pour Cendrillon hérite d’une atmosphère hitchcockienne, il s’agit donc de conserver une certaine ambiance, et donc faire preuve d’une grande précision. il s’agit de mon plus grand rôle tenu jusqu’ici. Étant constamment sur le plateau, je n’ai droit à aucun écart. Malgré le stress qui en découle, il me tarde de reprendre le 4 octobre ! cette pièce est un peu un rêve fou qui se réalise…

S: Piège pour Cendrillon a exigé un travail inédit sur les acteurs et les changements de personnalités. se plonger sur les plusieurs identités de Mi et Do avec les comédiennes s’est révélé un exercice fascinant. il a fallu trouver une unité dans le personnage tout en développant l’ensemble de ses facettes… aussi, il a fallu établir un climat de danger permanent, cette fois sans artifices.

Dans la vie, vous êtes plutôt Mi ou Do ?

A: Question difficile… je dirais un peu Do !

S: eh bien… j’espère être l’homme qui embrasserait à la fois Mi et Do !

Quels projets à venir ?

S: Je me remets à l’écriture avec Sacha Sanino. Nous retournons à nos premières amours avec la comédie délurée et décalée, en trouvant de nouveaux sujets et manières de procéder.

A: en ce moment, j’ai tourné plusieurs fictions, notamment avec les Petits meurtres d’Agatha Christie, et Cassandre qui devrait être diffusé dans la fin de l’année sur France 3.

Par Sophie Geneste.

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