Brigitte Massiot et Olivier Macé

L’autrice Brigitte Massiot et le metteur en scène Olivier Macé en sont à leur troisième collaboration. Ils nous en disent plus sur « Double Jeu », leur nouvelle pièce, qu’ils comparent tous les deux aux romans policiers d’Agatha Christie. L’occasion d’en apprendre d’avantage sur la manière dont ils travaillent ensemble…

Comment l’écriture et la mise en scène sont-elles entrées dans vos vies ?

Brigitte : D’aussi loin que je me souvienne, l’écriture a toujours fait partie de ma vie. J’étais une enfant imaginative, rêveuse, solitaire et écrire était pour moi une façon de vivre des tas d’aventures. J’ai continué pendant des années sans intention particulière et, comme disait Michel Audiard : « Ecrivez, écrivez il en sortira toujours quelque chose ». Il en est sorti ma première pièce : Les quinquas.
Olivier : Un peu par hasard… Je viens du monde de l’entreprise, et c’est en suivant des cours amateurs de théâtre que l’envie est née… Et c’est grâce à une rencontre déterminante avec un autre metteur en scène ( Jean Pierre Dravel ) que la reconversion s’est opérée. Il m’a appris ce métier et depuis maintenant 15 ans, je suis épanoui dans ce que je fais !

Pouvez-vous nous parler de Double Jeu ?

Olivier : Double jeu est une comédie à suspense, dans la tradition des Agatha Christie, avec un début de pièce sur le ton de la comédie, mais qui bascule très vite dans un règlement de compte entre amis… Un meurtre/suicide a eu lieu 35 ans auparavant et les retrouvailles entre ces sept amis (joués par Nathalie Marquay-Pernaut, Juliette Degenne, Olivia Dutron, Charlotte Kady, Pierre Deny, Philippe Roullier, Bernard Fructus) doivent permettre de démasquer le coupable…
Brigitte : Je rejoins Olivier dans la comparaison avec Agatha Christie. On bascule dans le drame de façon inattendue, exactement comme dans la vie. Et on s’aperçoit très vite que tout le monde n’a pas une âme de héros…

Pouvez-vous, chacun, décrire les qualités de l’autre ?

Brigitte : La mise en scène d’Olivier met toujours en avant le texte et les comédiens. Il est dans l’écoute, le partage et le respect de l’autre. Il travaille dans la bonne humeur et dans le plaisir, ça facilite énormément les rapports et l’ambiance sur le plateau. Je suis très attentive à ses remarques, ses idées. Il a plus de recul que moi, car j’ai parfois du mal à prendre mes distances avec mes personnages..
Olivier : Brigitte est en totale confiance avec moi et le dialogue est aisé et constructif, car elle possède une grande ouverture d’esprit. C’est une joie de travailler sur ses textes. La mise en scène est une re-création et je fais en sorte de toujours associer l’auteur dans le début du processus.

Brigitte, selon vous, qu’apporte la mise en scène d’Olivier à votre texte ?

Brigitte : Lorsque son travail de metteur en scène commence, je n’interviens plus. Je lui confie la pièce en totale confiance. Lors des premières répétitions il a une parfaite connaissance de la pièce et de ses difficultés, de ce qu’il veut proposer aux comédiens, tout en leur laissant une grande liberté de travail. Il n’y a pas de contrainte, juste un travail collégial.

Olivier, comment avez-vous travaillé pour mettre en scène le texte de Brigitte ?

Olivier : Tout d’abord, je réunis tous les comédiens et nous faisons un travail « à la table » pour lire le texte, parler des personnages, de leurs enjeux et des objectifs de chaque scène. Puis j’écris en amont toute la scénographie en me basant sur la maquette du décor, ce qui permet de commencer les répétitions avec tous les déplacements et motivations déjà réfléchis. Ensuite les premiers filages peuvent commencer.

Comment la pièce a-t-elle évolué entre la phase d’écriture, la première lecture, la mise en scène ?

Olivier : La pièce est en constante évolution, on coupe, on rajoute, on modifie presque jusqu’au dernier jour des répétitions et le travail continue après la première.
Brigitte : Je rejoins totalement Olivier. De la première lecture, où l’on entend enfin le texte, au soir de la première, on modifie, on retravaille, on est dans de la dentelle. Au théâtre, nous sommes en direct et sans filet tous les soirs. Les réactions du public sont notre curseur et nous y sommes très attentifs.

Est-il plus facile de faire rire ou de faire pleurer au théâtre ?

Brigitte : J’ai toujours trouvé que faire rire était un exercice très difficile. Ça demande une sincérité constante de la part des comédiens, une écriture sur le fil du rasoir. Et surtout nous n’avons pas tous le même humour. Ce qui va me faire rire, peut, au mieux, ne rien provoquer chez mon voisin, au pire, le choquer. Et ce qui faisait rire il y a 10 ans, peut maintenant heurter.
Olivier : Il est beaucoup plus difficile à mon sens de faire rire, car la comédie requiert une rigueur, une précision et une attention permanente sur l’écoute du public…La mise en scène doit être inventive, rythmée, sans fioriture, au service du texte et du plaisir du public.

Que diriez-vous aux lecteurs pour leur donner envie de venir voir la pièce ?

Brigitte : Double Jeu, c’est l’histoire d’un groupe d’amis qui a vécu un drame dans leur jeunesse. La pièce raconte l’impact que cet évènement a eu sur leur vie. Mais c’est aussi une enquête, une recherche de la vérité, qui, je l’espère, tiendra en haleine le public, et lui donnera envie de trouver le coupable.
Olivier : C’est une pièce sur l’amitié, sur un groupe de copains. Beaucoup de personnes pourront s’y reconnaître… Et puis il y a un vrai suspense, qui fera que le public se trouvera lui aussi en situation de jouer à cette sorte de Cluedo grandeur nature…

Avez-vous d’autres projets en commun ?

Olivier : C’est la troisième fois que je travaille sur des pièces de Brigitte. Je sais qu’il y en a d’autres dans ses tiroirs, et j’espère bien que notre « dream team » continuera sur cette lancée !
Brigitte : Notre complicité, notre respect mutuel et notre amitié sont le socle de notre travail, et il n’y aucune raison que ça s’arrête. On ne change pas une équipe qui gagne !

Retrouvez toute l’actualité du Théâtre du Gymnase sur : http://theatredugymnase.paris/ 

Par Nadine Pernay