Florence Pernel, Suite Française

L’enthousiasmante Virginie Lemoine à la baguette, et la lumineuse Florence Pernel dans le rôle de Lucille enchantent le théâtre La Bruyère. La comédienne magnifie le roman « Suite Française » d’Irène Némirovsky, avec une présence qui nous remplie d’émotion. Une réussite qui fait plaisir à voir !

Suite Française nous raconte la France durant l’occupation, qu’est ce qui vous a séduit exactement dans cette pièce ?

J’avais lu le livre en 2004 à sa sortie et j’avais adoré l’écriture ciselée, acérée, précise, drôle et parfois cruelle d’Irène Némirovsky. de plus, le destin tragique de cette auteure m’avait bouleversé. entretemps j’avais rencontré Virginie Lemoine lorsqu’elle était venue au théâtre voir la pièce Maris et Femmes dans laquelle je jouais. Nous avons rapidement parlé de nos lectures et découvert notre amour commun pour l’oeuvre d’Irène Némirovsky. Virginie avait déjà monté Le bal du même auteur que je me suis empressée d’aller voir et que j’ai trouvé épatant, je lui ai envoyé un mail pour la féliciter. le temps a passé et quelques mois plus tard elle me proposait le rôle de Lucille. Je ne pouvais pas rêvé mieux ! la création s’est faite au festival d’Avignon auquel je n’avais encore jamais participé et surtout j’ai été emballée par l’incroyable audace de Virginie et de Stéphane Laporte d’avoir adapté un tel roman.

Quelle relation entretenez-vous avec Lucille, votre personnage ?

Je partage avec rage son combat intérieur, c’est une mouche piégée dans un bocal. de part son mariage raté, la guerre, l’occupation c’est une fleur qui se dessèche sur pied. elle est obligée de taire tout ce qui en elle ne demande qu’à exploser, sa féminité, sa sensualité, sa curiosité. le désir qu’elle va peu à peu éprouver pour l’allemand, pour l’ennemi, va la révéler à elle-même. en tant que comédienne c’est passionnant de rentrer dans les méandres et les tiraillement de ce personnage à la fois retenu et révolté.

Comment décririez vous votre travail avec Virginie Lemoine ?

honnêtement passionnant, d’abord parce qu’elle est extrêmement bienveillante et généreuse. elle est totalement investie et passionnée par ce qu’elle entreprend. Virginie, dans la vie, est très poétique, drôle et inattendue, elle a un monde bien à elle. son univers transparait dans son travail impressionniste. On avance délicatement par petites touches nuancées, ce qui en l’occurrence sied à merveille à l’écriture de l’auteure. encore aujourd’hui, alors que nous avons fait deux festivals d’Avignon elle peut suggérer de nouvelles couleurs, avec elle le travail est toujours en construction. en fait, rien n’est un problème elle s’adapte, ce qui crée des conditions de travail assez idéales.

Pensez-vous retravailler par la suite avec les comédiens qui vous accompagnent dans cette aventure ?

Mais j’espère bien ! Je rêvais de jouer avec Béatrice Agenin avec qui j’avais tourné dans un de mes tous premiers « le juge est une femme » j’avais été subjuguée par sa beauté et son immense talent. Guilaine Londez je l’aime et je l’admire aussi depuis bien longtemps. J’ai découvert Émmanuelle Bougerol et Cedric Revollon, merveilleux comédiens et partenaires. Quant à Samuel Glaumé je le remercie tous les jours d’être un partenaire aussi délicat, jouer l’amour n’est pas chose facile, sa simplicité et sa complicité me sont précieuses.

Selon vous, pourquoi doit-on voir Suite Française ?

pour découvrir l’oeuvre et le talent d’Irène Némirovsky enfin adaptée au théâtre. parce que c’est la petite histoire dans la grande histoire et qu’elle a été écrite sur le vif entre 41 et 42. parce qu’il ne faut jamais oublier ! on vous a beaucoup vu sur les écrans.

Préparez-vous de la même façon un rôle au cinéma qu’au théâtre ?

Oui la préparation est la même mais au théâtre on peut sans cesse revenir sur son travail, chaque soir est différent, c’est un travail en perpétuel mouvement. Au cinéma, c’est un maximum d’énergie en un minimum de temps et une fois tourné ça ne nous appartient plus.

Avez-vous des sources d’inspiration ?

Oui, elles varient en fonction du projet. pour Suite Française, je me suis nourrie de lectures et de films sur cette époque et je me suis concoctée une playlist de chansons françaises de ces années ma préférée étant « J’attendrai » chantée par Jean Sablon, tellement Lucille!!

Quels sont vos futurs projets ?

Je viens de tourner dans le Bazar de la Charité, magnifique mini série pour TF1 et Netflix, je tournerai en février à nouveau pour France3 et bien sûr je ferai la tournée de Suite Française à partir de septembre 2020.