François Berléand

« Cette pièce nous questionne sur le poids des responsabilités »

On l’avait aimé la saison dernière dans « Encore un instant », avec Michèle Laroque. Le comédien François Berléand est de retour sur les planches, dans “Par le bout du nez », un huis-clos avec François Xavier Demaison. Et si on vous dit qu’il joue le rôle d’un psy, cela vous donnera-t-il envie de consulter ?

Pouvez-vous nous en dire plus sur Par le bout du nez et sur votre rôle ?

La pièce parle d’un président de la République qui vient tout juste d’être élu. Il fait son premier discours au peuple français à la télévision. Mais lorsqu’il commence à parler, des tics, des grimaces apparaissent… Il consulte un ORL, qui lui dit que le problème est dans sa tête et qu’il doit consulter un psy. La pièce dure 1 h 30, et c’est le temps de la consultation. Il y a une unité totale de temps. Le public suit en temps réel la conversation entre ce président, joué par François-Xavier Demaison, et son psy, que j’incarne.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de dire « oui » à ce projet ?

C’est François-Xavier Demaison qui m’a parlé de cette pièce. J’ai tout de suite voulu la faire. Nous avions déjà travaillé une fois ensemble, et cela s’était très bien passé. La pièce est très bien écrite, intelligente et bien ficelée. C’est dramatique et drôle à la fois, et nous sommes questionnés en permanence sur le poids des responsabilités. Lorsque le président prononce un mot essentiel, le psy rebondit, tend des pièges… Il s’agit d’un texte espagnol que les auteurs du Prénom, Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, ont remanié. Même un président a ses propres affres, et c’est tellement bien de le montrer. Il s’agit somme toute d’un homme ordinaire, au destin extraordinaire. Il a cette fonction, cette posture de grand dirigeant, mais qu’en est-il de l’homme, du petit garçon caché au plus profond de lui-même ? J’ai vu moi-même beaucoup de psy dans ma jeunesse, et j’adore l’analyse. C’est passionnant de voir à quel point nous fonctionnons tous par rapport au père, à la mère, de découvrir ce que notre subconscient peut nous faire dire.

Comment abordez-vous ce travail en duo avec François-Xavier Demaison ?

La pièce est constituée uniquement de dialogues. Nous avons réalisé plusieurs séances de travail sur le texte, pour éviter que ce soit trop long, que les spectateurs reçoivent trop d’informations. Le silence est important, au théâtre. Il faut pouvoir digérer, réfléchir… Nous avons donc fait des coupes, et cela est possible car nous collaborons avec des auteurs vivants. Ce qui est écrit est toujours différent de ce qui est finalement joué. Les auteurs soignent leurs mots, mais est-ce toujours dans la volonté de faire passer un message ? Nous avons cette chance de pouvoir poser leur des questions, proposer des modifications, et c’est vraiment très enrichissant.

Quelles émotions aimez-vous le plus transmettre sur les planches ?

Je fais du théâtre depuis 40 ans, et j’ai la chance d’avoir un éventail assez large dans mon jeu. J’ai fait du drame, mais je suis plus à l’aise avec le rire : j’arrive à trouver le bon tempo. Mais ce qui me fascine, ce sont les réactions sur scène, qui ne sont jamais celles que l’on attend. En répétition, on ne rit plus, par exemple, car la dynamique est plutôt au travail. Lorsque le filage arrive, et que quelques personnes sont là, les rires reviennent. On les avait oubliés ! Et avec le public, les choses sont encore différentes. Le silence et le rire, c’est vraiment ce que j’aime le plus au théâtre.

À quoi la mise en scène de Bernard Murat va-t-elle ressembler ? Quel message transmet finalement la pièce ?

L’action aura lieu dans le bureau de l’Elysée, avec des baies vitrées donnant sur le jardin. La végétation entrera un peu dans la pièce. Certains moments de la pièces sont irrésistibles, d’autres son dramatiques. Le psy répète souvent : « ah bon ? », lorsque le président dit quelque chose d’intéressant. C’est un véritable jeu du chat et de la souris. Les dialogues provoquent des rires intelligents. A la fin de la pièce, j’espère que les spectateurs auront l’impression d’avoir un neurone de plus ! Nous avons tous des préjugés, et finalement on peut être surpris… Et si cette pièce peut faire aller des gens chez le psy, alors ce sera doublement gagné !

Pour finir, avez-vous d’autres projets au théâtre ?

Oui ! Fin avril/début mai, je jouerai dans une pièce au théâtre du Rond-Point. Et devinez quel rôle j’incarnerai… celui d’un psy, évidemment !

Par Nadine Pernay

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