Jean-Baptiste Seckler dans « Le Penseur »

Il ressuscite Rodin dans « Le Penseur »
Dans l’intimité de son atelier et entouré de son « peuple de statues », Auguste Rodin reprendra chair au Lucernaire en février et mars 2021. Avec « Le Penseur », Jean-Baptiste Seckler, sculpteur et comédien (ancien élève de l’école Périmony), offre une heure sensationnelle mêlant jeu d’acteur, sculpture et dessin réalisés en direct. Rencontre lumineuse.
Pouvez-vous revenir sur votre parcours ?
Petit, je dessinais beaucoup. Encouragé par mon père photographe, je me suis engagé dans cette voie artistique. puis, il y a quelques années, j’ai éprouvé un véritable choc esthétique en apercevant le boxeur Mike Tyson sur un écran de télévision. ses traits m’ont immédiatement inspiré une sculpture. J’ai donc façonné son visage, et me suis rendu aux Usa pour lui remettre mon travail : ma carrière de sculpteur débutait ! Après d’autres projets de visages et de bustes de célébrités, j’ai notamment travaillé pour le musée Grévin.
Comment en êtes-vous donc venus au théâtre ?
Le dessin et la sculpture sont des exercices éminemment solitaires. Sorti de mon atelier, je rencontrais des difficultés à m’exprimer en public. il y a une dizaine d’années, j’ai choisi de défier ces craintes en m’inscrivant au cours de théâtre Périmony. Pendant trois ans, j’ai travaillé tous les jours à délivrer et défendre une parole audible, tout en découvrant des textes et des auteurs fantastiques. J’ai ensuite monté Delys production (qui produit Le Penseur, ndlr) avec laquelle j’ai monté quelques courts métrages.
Comment le projet du Penseur s’est-il imposé à vous ?
J’avais depuis un moment envie de m’essayer au seul en scène. c’est ma compagne qui m’a suggéré Rodin, l’un de mes sculpteurs préférés. Je me suis procuré des ouvrages anciens et des correspondances de l’artiste, et lui ai découvert une pensée magnifique. Rodin réunissait à lui seul le dessin, la sculpture et de grands mots : je me suis lancé corps et âme dans le projet !
Sur scène, vous passez d’une œuvre et d’un médium à l’autre. Comment avez-vous pensé cette mise en scène ?
La mise en scène est chrono thématique. On commence avec le scandale de l’Âge d’airain et l’accusation de moulage sur nature, puis Camille Claudel, et la rencontre avec Victor Hugo qui se refuse à poser. la pièce s’achève sur un autre scandale : celui de la sculpture de Balzac, qu’on qualifiera de « masse informe », « colossal fœtus » ou encore d’ « ordure ». En opérant une telle déstructuration, Rodin signe en réalité une œuvre fondamentale qui ouvre les portes à l’art abstrait.
Rodin parle de son atelier comme un paradis. Votre paradis à vous, quel est-il ?
Mon paradis c’est la tendresse, deux crânes qui se touchent… Cela peut être aussi une étreinte, l’amitié.
Si vous étiez une matière, vous seriez ?
Une matière organique : quelque chose de chaud et qui palpite !
Quels projets pour la suite ?
Je travaille en ce moment à l’écriture d’un long métrage, et nourris un projet de pièce sur Frankenstein de la formidable Mary shelley…
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Par Sophie Geneste