Jeanne Arènes

Si elle s’est révélée par le théâtre (sa performance dans « Le Cercle des illusionnistes », mis en scène par Alexis Michalik lui a valu le Molière de la révélation théâtrale féminine en 2014), c’est au cinéma que Jeanne Arènes se fait aujourd’hui une place. En 2019, on l’a ainsi vue dans l’adaptation sur grand écran d’« Edmond » d’Alexis Michalik, « La Belle Époque » de Nicolas Bedos et « Deux moi » de Cédric Klapisch. Dans un échange chaleureux et simple, elle est revenue sur les étapes de son parcours, notamment marqué par son expérience au sein
Le théâtre c’est une histoire de famille, un hasard, une passion de toujours ?
Il s’agit d’une passion de toujours. Enfant, j’avais l’intuition que le théâtre rendait libre,et, de fait,on l’est toujours sur scène. J’ai donc intégré un club de théâtre dès que j’en ai eu l’âge, et plus tard effectué un stage plus professionnalisant qui m’a décidée à en faire mon métier.
Où vous êtes-vous formée ?
J’ai suivi un cours de théâtre à Paris et participé à des stages avec différents metteurs en scène. Au cours de l’un d’eux, j’ai rencontré Philippe Peyran Lacroix (directeur du Cours Peyran Lacroix ndlr.), puis ai suivi sa classe Meisner. Là, quelque chose s’est débloqué en moi. La technique Meisner permet de se libérer des attaches mentales. Il n’y a plus de juge à l’intérieur, ni de mentalisation. On réagit de manière spontanée aux évènements : seul l’instant présent compte. C’est cette notion fondamentale qui a amélioré mon travail.
quel souvenir gardez-vous de votre rencontre avec Philippe Peyran Lacroix ?
Ce que j’admire chez Philippe, c’est qu’il continue constamment à se questionner. Il n’évangélise pas,et laisse ses élèves avancer comme ils le veulent. Puisqu’il s’interroge encore beaucoup lui-même, il invite ses élèves à prendre part à la réflexion. Il ne s’agit pas d’une école hiérarchisée : le rapport maître-élève s’efface au profit d’une relation très horizontale.
Sur quels projets travaillez-vous en ce moment ?
Pour ce qui est du théâtre, j’attends le projet qui me fera frissonner ! J’ai récemment joué au festival Mise en capsule au théâtre Lepic, une capsule de 30 minutes sur le procès de Bobigny (procès pour avortement qui s’est tenu à Bobigny en octobre et novembre 1972, ndlr). C’est une thématique forte qu’il m’a plu d’aborder. Par ailleurs, je tourne pas mal actuellement. Il s’agit d’une expérience très différente du théâtre mais qui interroge, elle aussi, l’instant présent. C’est passionnant.
quelles dissemblances avez-vous observées entre la scène et le cinéma ?
Tout d’abord, on répète rarement au cinéma, ce qui en fait un exercice beaucoup plus instinctif. Aussi, le cinéma offre un travail plus en finesse. Je trouve fascinant qu’un regard puisse tout exprimer. En revanche, on pense parfois à tort que les « petits rôles » au cinéma sont assez autonomes, et requièrent en ce sens moins d’attention que les premiers rôles. Au contraire, c’est lorsque l’on débute que l’on a besoin de conseils. À mes débuts, il m’a donc fallu apprendre essentiellement en observant les autres. C’est comme ça que j’ai notamment compris qu’il faut jouer différemment selon les plans.
si vous étiez une maxime, vous seriez ?
Carpe punctum : cueille l’instant ! Si les évènements et enjeux contemporains peuvent être angoissants et parasiter l’attention, il est primordial de savoir s’ancrer dans l’instant présent.
Par Sophie Gesneste