Juliette Azzopardi

Juliette Azzopardi a signé, en 11 ans, une cinquantaine de créations pour le théâtre, la comédie musicale, l’opéra, la magie et le spectacle jeune public. En 2019, elle remporte notamment le Molière de la Meilleure Création visuelle pour « Chapitre XIII » mis en scène par Sébastien Azzopardi en 2019. Aujourd’hui, elle travaille sur les nouvelles créations d’Alexis Michalik, Victoire Berger-Perrin, Jean-Philippe Daguerre et Sophie Pincemaille. Autour d’un café, elle est revenue avec engouement sur sa vision du métier et ses projets en cours.
Comment la création visuelle s’est-elle imposée à vous ?
Le théâtre est plutôt une histoire de famille pour moi. Certainement par esprit de contradiction, je m’en suis un peu éloignée à l’adolescence et ai suivi des études en architecture d’intérieur… avant d’y revenir décidément et définitivement ! J’étais en effet plus libre dans mes choix au théâtre, et donc plus épanouie. J’ai ainsi créé mon premier décor en 2009 avec Les Caprices de Marianne au Lucernaire, mis en scène par Sébastien Azzopardi.
comment réalisez-vous un décor ?
Dans un premier temps vient la lecture du texte, puis la prise en compte des contraintes financières et d’espace scénique. D’autres contraintes invisibles sont aussi à considérer, notamment celles des changements. Certains théâtres proposent en effet deux spectacles dans une même soirée, nous forçant à réfléchir à des solutions de rangement. Les metteurs en scène partagent ensuite leurs directives, qui sont plus ou moins arrêtées. Paradoxalement, c’est l’ensemble de ces contraintes qui libère la créativité ! Il s’agit ensuite de réaliser des plans, puis des maquettes, et enfin de définir les accessoires et le mobilier. Quand on a réalisé la maquette, il faut s’assurer que la réalisation du décor soit fidèle à notre rêve. De la construction à la peinture, au choix des accessoires.Travailler la patine et les retouches afin de lui donner vie. Nous devons rester à l’écoute et rester souple pour tout ajustement de scénographie jusqu’à la première représentation. C’est un travail qui demande beaucoup d’ingéniosité et de souplesse. C’est enthousiasmant.
Quelles différences entre un décor de cinéma et de théâtre ?
D’avantage qu’à la télévision ou au cinéma, le décor au théâtre fait appel à l’imaginaire du spectateur. On peut donc se permettre de ne pas aller jusqu’au bout des détails, et se montrer plus suggestif : c’est l’imagination du spectateur qui terminera le décor. Il s’agit de donner quelques clés au public et le laisser rêver. Deux chaises et une table suffiront ainsi à le transporter dans un bistrot… Pour le huis clos de Piège sur Cendrillon (au Théâtre Michel jusqu’au 2 février au Théâtre Michel, nldr), j’ai réfléchi à un décor symbolique autour de la mémoire fracturée pour englober tous les lieux du récit. Tout le défi résidait dans le fait de figer de nombreuses résurgences dans un même lieu.
Qu’est-ce qu’un bon décor ?
Un décor qui ne se voit pas ! Mais aussi et surtout un décor efficace et pratique.
Si vous étiez un accessoire, vous seriez ?
Je serais quelque chose sur roulettes et en titane (rires) ! Quelque chose qui se transforme… à vérins ou bien avec des bras qui se rallongent. Une table à rallonges ?
Quelles-sont vos aspirations, et quels- sont vos projets pour 2020 ?
J’ai réalisé les décors de la nouvelle pièce d’Alexis Michalik, ainsi que des créations pour Jean-Philippe Daguerre, Sophie Pince- maille, Lena Breban et Sébastien Azzopardi notamment. J’aimerais par ailleurs me dédier à la création de comédies musicales et d’opéras, pour le défi du mouvement et des nombreux changements à vue.
Par Sophie Gesneste