LE FESTIVAL NOUVEL ACTE

Julien Héteau nous présente sa 3ème édition

À l’occasion de la troisième édition du Festival Nouvel Acte, le théâtre du Funambule Montmartre poursuit sa mission de mise en lumière des jeunes compagnies, dans une volonté aggirmée de transmission et d’accompagnement. Rencontre avec Julien Héteau, directeur du Funambule, à l’aube de cette édition 2025.

Comment abordez-vous cette troisième édition du Festival Nouvel Acte ?

Avec une grande joie. Je suis très heureux de constater que le festival s’ancre dans le temps. Le spectacle lauréat de l’année dernière, Femmes au bord du monde, est d’ailleurs actuellement à l’affiche !

Est-ce que les modalités de séléction ont évolué depuis les premières éditions ?

Oui, un peu. Nous ciblons toujours les compagnies débutantes, mais ce n’est plus nécessairement leur tout premier projet : nous acceptions jusqu’à la troisième mise en scène d’un.e metteur.se en scène. L’appel à projets est lancé en décembre-janvier. Les candidatures doivent comporter une écriture originale ou une adaptation substantielle, avec six comédien.ne.s au maximum et un format d’1h30 maximum. Après une première sélection, 12 compagnies auditionnent en mars, et 6 seront programmées entre le 2 et le 10 juin. A l’issue de ces 9 jours de festival, un spectacle sera choisi pour intégrer notre programmation sur une cinquantaine de dates et être accompagné en production par notre équipe : une forme de compagnonnage théâtral.

Comment s’organise la sélection au sein de l’équipe ?

Nous sommes six personnes dans l’équipe à participer au processus. Je suis touché de voir l’envie, l’engagement et le plaisir que chacun y met. C’était justement l’idée : une programmation collective. Chacun établit d’abord sa propre sélection, ouis nous échangeons longuement. Nous fonctionnons selon un principe de sociocratie : les décisions ne sont pas prises à la majorité, mais reposent sur la qualité de l’échange.

Avezvous fait des découvertes cette année ?

Oui, énormément. Les projets viennent de compagnies encore inconnues du grand public, avec des univers très singuliers. Cela donne un bel aperçu de ce qui se joue actuellement dans la jeune création théâtrale.

Justement, quelles tendances se détachent en 2025 ?

Il y a une forte présence de sujets de société, en particulier autour des violences conjugales, sexuelles et sexistes. On trouve également des propositions plus classiques et beaucoup d’onirisme dans les formes. Ce que je trouve réjouissant, c’est la place importante des femmes dans la mise en scène et au plateau. On note également une forme d’irrévérence assumée. Enfin, j’observe que les projets sont initialement mus par un propos, une nécessité de dire, et non par une recherche de séduction du public. Cela peut parfois créer un écart avec les attentes, mais c’est aussi là que notre rôle prend tout son sens : trouver l’équilibre funambulesque entre exigence artistique et pérennité des projets.

Quel message adresseriez-vous aux compagnies qui postulent ?

Je les encourage à rester dans une démarche sincère, porteuse de sens, mais aussi à ne pas négliger l’élan vital. Beaucoup de spectacles sont aujourd’hui traversés par une forme de noirceur, reflet d’un monde difficile. Mais le htéâtre peut aussi être un espace de réconfort, de légèreté, d’élévation. Traiter de sujets avech umour, avec grâce, permet d’éviter l’nefermemlent dans une forme d’angoisse. Ce qui me touche, ce sont les oeuvres qui ne se contentent pas du cosntat, mais qui proposent une perspective, une lumière.

Qu’ont en commun les deux lauréats des éditions précédentes, Voyage avec un âne et Femmes au bord du monde ?

Je dirais une dimension de troupe, une création construite collectivement. Et tous deux racontent des voyages : un homme fuyant une rupture, des femmes fuyant un malheur. Le théâtre, peut-être, est une manière de s’échapper du réel ? Le personnage du film Yannick le dit très bien : on va aussi au théâtre pour oublier ses problèmes. Ces deux spectacles avaient cette capacité de sublimation.

Les actualités du Funambule en ce moment ?

Nous avons lancé les Rendez-vous chansons, une scène mensuelle dédiée à la chanson française, avec des accompagnements au piano ou à la guitare, très intimiste. Nous avons reçu des artistes comme François Morel ou Frédéric Fromet, mais aussi des chanteurs.euses moins connu.e.s. Cela permet d’ouvrir le théâtre à d’autres formes artistiques, j’aime que le Funambule soit un lieu curieux et multiple.

Et vos projets personnels ?

Je reprends La Famille de Don Juan, un drame loufoque avec ma compagnie neufchâteloise. Et je prépare une comédie intitulée Vous permettez, de Manon Rony. Deux couples diamétralement opposés se rencontrent pour un dîner orchestré par leurs enfants respectifs, censés annoncer leur mariage… sauf qu’ils ne viendront jamais. L’écriture est fine, vive, très humaine, et permet d’aborder de nombreux sujets de société sans filtre, simplement à travers les tensions d’un dîner. C’est très pertinent. La pièce sera à l’affiche à partir de novembre.

Un dernier mot ?

J’invite les spectateurs et spectatrices à avoir l’audace de la curiosité et aussi la solidarité culturelle. Aller au théâtre, c’est un acte politique en soi : si la culture ne sera jamais rentable, elle est bénéfique pour tous. Alors j’invite le public à venir découvrir ces jeunes voix, et à affirmer, par leur présence, que le théâtre compte.

Du 2 au 10 juin, au Funambule Montmartre

Par Sophie Geneste

 

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