Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus

Mise à jour 2.0

Depuis plusieurs décennies, Paul Dewandre remplit les salles avec Mars et Vénus, ces partenaires de vie qui s’aiment, mais peinent à se comprendre. Formé par John Gray himself, celui qui est devenu comédien par la force de son sujet – le couple – revient sur scène avec un texte réactualisé. Un rendez-vous à ne pas manquer, autant pour les tourtereaux novices que pour les vétérans de l’amour.

Vous êtes un inlassable décodeur de la vie de couple. Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire une mise à jour ? Mars et Vénus ont-ils changé ?

Paul Dewandre :
Ils ont changé, oui et non. La mise à jour était nécessaire, car les choses ont évolué depuis trente ans. Les hommes sont plus présents, s’impliquent plus, notamment dans le partage des tâches ménagères. Mais le couple ne se résume pas à ce sujet-là. C’est aussi quelque chose de plus profond et là, je crois que les choses n’ont pas vraiment changé. C’est intemporel, le couple. Je me suis rendu compte que les jeunes sur TikTok et les réseaux sociaux commentent beaucoup mes extraits vidéo. Ça parle donc autant aux jeunes générations. Et c’est aussi pour eux que j’ai eu envie de faire cette réactualisation.

Dans le spectacle, vous évoquez le permis de couple. Vous pouvez nous en dire un peu plus ?

C’est une blague (rires). Sur scène, je suis un professeur qui donne un cours de récupération de points sur un permis de couple. Souvent dans les couples, on se retire des points quand l’un n’a pas réagi comme on aurait souhaité qu’il ou elle le fasse… jusqu’au retrait du permis. Le principe ici, c’est de prendre le contre-pied et expliquer comment marquer des points. Je propose au public de télécharger le permis, de l’imprimer et de le mettre sur le frigo, comme un petit pense-bête. L’idée, c’est vraiment en fait de dire que toutes ces choses-là sont importantes, mais pas spécialement graves.

Dans le spectacle, j’utilise beaucoup de métaphores de vagues, de grottes, de jardin, etc. pour que les gens puissent s’approprier un peu ces trucs-là et en parler ensemble au second degré. On rigole, plutôt que de rentrer directement dans le pathos et dans les reproches. Un peu d’humour et de légèreté, ça permet de faire passer des messages de manière plus sympa.

Justement, votre spectacle émeut et fait sourire à la fois. Quelle part a l’humour dans la résolution du conflit de couple ?

Je pense que l’humour n’est pas de la moquerie. Ça, c’est important : ne pas se moquer de la tête de l’autre. L’humour, c’est essayer d’expliquer les choses, ce qu’on ressent, de manière légère, plutôt que d’être dans la colère, sans être sur un ton accusatoire.

Il y a beaucoup de couples dans le public. Quels sont leurs retours sur le spectacle ?

Oui, il y a beaucoup de couples, mais ça peut aussi concerner les célibataires. À un moment de la vie, on peut être célibataire et ça peut être utile de comprendre le couple pour se préparer à de nouvelles relations. Mais la relation homme-femme, évidemment c’est le couple, mais c’est aussi d’autres relations. Au boulot, dans la famille, avec ses enfants… On peut donc en retirer des astuces au sens plus large.

Les retours du public, c’est très mignon. Les gens se retrouvent énormément dans ce que je partage. On en voit qui se tiennent la main, qui se donnent des petits coups de coude… L’idée, c’est quand une tierce personne dit les choses, ça permet d’apporter un regard extérieur. Les retours des jeunes, je les aime bien aussi. Ils me racontent qu’ils ont grandi avec les DVD et, à la suite de leurs parents, ils s’y intéressent maintenant qu’ils sont eux-mêmes en couple. J’accompagne des générations, c’est très chouette. J’ai envie que les gens s’entendent mieux et qu’ils ressortent avec des clefs pour eux. Ce n’est pas un spectacle juste pour faire rire, c’est aussi un partage et un message d’apaisement. On en a beaucoup besoin dans les relations homme-femme aujourd’hui.

Grâce à vous, Mars et Vénus peuvent vivre en harmonie. À quand un spectacle Mars et Mars, Vénus et Vénus ?

C’est pour ça que j’insiste sur cette nouvelle version, réactualisée. Il ne s’agit pas des hommes et des femmes, mais du masculin et du féminin qui est en chacun de nous. Je parle de bilinguisme parce qu’on a tous ces deux langues en nous qui permettent un dialogue.

Les couples homosexuels viennent aussi parce qu’on va retrouver chez ces couples la même dualité en eux et entre eux. Ce sont les contraires qui s’attirent, il y en a toujours un ou une qui veut plus partager ses problèmes alors que l’autre préfère ne pas en parler. Le sujet, c’est vraiment le masculin et le féminin, le spectacle s’adresse absolument à tout le monde.

Par Émilie Hangue Moquiot