Narcisse dans « TOI TU TE TAIS »

Narcisse dans TOI TU TE TAIS © Philippe Escalier

«TOI TU TE TAIS»

Narcisse, poète et virtuose des mots, nous amène au travers de son spectacle « Toi tu te tais ! » à poser un regard critique sur notre société. Accompagné par Robin Pagès à la guitare et par neuf écrans de télévision qu’il anime tel un chef d’orchestre, Narcisse nous livre toute sa poésie et son humanité.

Comment définiriez-vous en 3 mots votre spectacle Toi tu te tais ?

Poésie, musique, vidéo.

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous intéresser à la pratique particulière du slam ?

Ce que j’aime dans le slam, c’est la liberté. Car – il faut le rappeler – le slam n’est pas un style, surtout ce n’est pas une forme de rap. On peut dire mille choses différentes de mille manières différentes. et le but est toujours de toucher l’auditeur, de lui parler.

Vous êtes d’origine suisse, vous êtes amoureux des mots. Qu’est-ce qui vous attire tant dans la langue française ?

C’est un peu trivial, mais je m’exprime en français parce que c’est ma langue maternelle. Si mes parents avaient été russes, je slamerais en russe. Cela dit, la langue française est particulièrement belle, particulièrement sonore. On entend souvent des artistes dire qu’ils chantent en anglais parce que le français n’est pas chantable. C’est ridicule. Evidemment, si c’est pour dire « you are the sunshine of my life », en français ça sera stupide. Mais ça l’est aussi en anglais. si on se donne un peu de peine à l’écriture, le français est une langue splendide. et d’autres l’ont prouvé avant moi : Rimbaud, Brassens, Nougaro, Gainsbourg

Vous êtes aussi musicien, vos compositions dictent-elles vos paroles, ou est-ce le contraire ?

Les deux sont possibles. Mais ce qui est important pour moi, c’est la symbiose : que texte et musique forment ensemble un objet sonore qui soit beau.

Sur scène, vous vous appuyez sur neuf écrans. Quelles sont les difficultés auxquelles le metteur en scène Gérard Diggelmann à dû faire face pour que tout soit organisé au millimètre ?

Gérard et moi travaillons ensemble depuis longtemps et cet aspect millimétrique, c’est un peu ma marque de fabrique. J’aime son côté magique : je lève un doigt et ça déclenche une vidéo ; la lumière s’éteint, je me déplace dans la nuit et une autre s’allume exactement là où je suis trois secondes plus tard. Ça nous a demandé un grand travail de mise en scène, de chorégraphie. Mais j’adore quand les gens disent : « oh, mais comment il fait ? »

Le guitariste Robin Pagès vous accompagne sur scène et sublime vos compositions. c’est un fil conducteur qui semble important pour vous…

Oui vraiment, il est une sorte d’équilibre. Là où je suis précis comme une horloge, lui apporte une dose d’imprévu, de flou. La guitare, c’est l’instrument du rock : rebelle, indomptable. c’est une nuance nécessaire à mon personnage. et Robin est un guitariste incroyable.

Vous voyagez beaucoup, de Madagascar à Basse-terre en passant par Ouagadougou. Qu’est-ce que vous retenez de toutes ces rencontres avec le public ?

Ce sont les points communs qui me frappent. les gens du monde entier réagissent de manière très semblable. Voyager nous fait nous rendre compte à quel point il n’y a qu’une seule humanité.

Votre spectacle est à la pointe de la technologie, mais elle sait se faire discrète. comment voyez-vous l’évolution du spectacle vivant dans les années futures ?

La technologie ne doit jamais être un but en soi. Parce qu’elle lasse vite. On peut voir sur YouTube des vidéos incroyables d’hologrammes, d’écrans interactifs, de réalité augmentée. c’est bluffant pendant trois minutes. Mais sur scène, au bout d’une heure, ça n’intéresse plus personne.
Si la technologie est l’avenir du spectacle vivant – ce dont je ne suis pas certain –, elle devra toujours rester au service des mots, du propos. et juste apporter un peu de magie.

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Par Marc Bélouis