Nos Histoires

Ce spectacle de Frédérique Auger suit Maxime et Vicky, deux personnages confrontés à des relations toxiques.
Entre amours destructrices et liens familiaux oppressants, la pièce explore les mécanismes de l’emprise.
Humour, émotion et tension se mêlent pour révéler la fragilité et la force humaine.
Un récit poignant sur la vérité, la libération et le pouvoir de l’amitié.

Comment est née l’idée de Nos Histoires ? Comment avez-vous été amenés à collaborer ensemble ?

Frédérique Auger : Cette pièce s’inspire en partie de mon vécu, d’une relation compliquée qui m’a donné envie d’aborder le thème de l’emprise, sans pour autant être autobiographique. Je voulais aussi transmettre un message d’espoir : montrer qu’il est possible de s’en sortir et de retrouver le bonheur.
Jean-Charles est un ami de longue date. Lorsqu’il a lu le texte, nos échanges ont été le point de départ du projet. J’ai ensuite proposé à Giorgia Sinicorni d’en assurer la mise en scène. C’est ainsi qu’est né ce trio de création, réuni par le désir de parler de ces relations et de l’espoir qui peut malgré tout surgir.

Jean-Charles Chagachbanian : Je confirme ! (rires) La pièce confronte deux types d’emprise, l’une amoureuse et l’autre familiale.

Qu’avez-vous trouvé particulièrement riche à explorer dans ce jeu de miroir ?

J-C : Jouer plusieurs personnages sur scène est toujours un défi : au début, on a tendance à en faire trop, de peur que le public ne suive – on a même plaisanté en imaginant une moustache pour distinguer Didier de Maxime ! Mais on s’est vite rendu compte que moins on en fait, mieux c’est. Les postures, la lumière, les décors suffisent à dire l’essentiel. Le théâtre repose sur cette subtilité : tant que l’on respecte le public en lui donnant les clés nécessaires, son imaginaire fait le reste.

FA : Le choix de la mise en scène de n’avoir que deux acteurs pour tous les personnages répondait à l’envie d’éviter une lecture simpliste entre « bons » et « méchants ». Je ne voulais pas parler de relations extrêmes, mais de celles du quotidien, qui peuvent basculer dans des dynamiques complexes. L’idée était aussi de montrer que chacun peut incarner, à un moment ou à un autre, ces différents rôles. Sans moraliser, le récit invite plutôt à partager l’intimité de ces relations, qu’elles soient lumineuses ou nocives.

Dans votre pièce, le lien d’amitié entre Vicky et Maxime apparaît comme une respiration. Qu’est-ce qui vous a paru le plus intéressant à explorer dans ce lien salvateur ?

J-C : La force de la pièce, c’est de traiter un sujet grave avec légèreté et humour, grâce à la relation d’amitié entre des personnages très différents.

FA : La première scène que j’ai écrite est d’ailleurs celle de leur rencontre, venue comme un flash. Et si j’aborde l’emprise sous ses formes amoureuses ou familiales, je crois que j’ai surtout voulu écrire sur l’amitié, sur ces mains tendues qui nous aident à avancer.

« LA FORCE DE LA PIÈCE, C’EST DE TRAITER UN SUJET GRAVE AVEC LÉGÈRETÉ ET HUMOUR », JEAN-CHARLES

La mise en scène donne une véritable dimension physique à l’emprise, à travers le corps, la musique et les arrêts sur image. Comment cela porte-t-il le récit et votre jeu ?

J-C : Sur scène, je déplace beaucoup les éléments du décor, ce qui était d’abord une contrainte : j’étais trop concentré sur la logistique pour être pleinement dans mon jeu. Tout a changé quand j’ai intégré ces mouvements à mon interprétation. Le décor, fait de structures inclinées et abstraites, s’est alors théâtralisé. C’est devenu une véritable création à part entière.

FA : J’ai confié la mise en scène à Giorgia Sinicorni, en qui j’avais une confiance totale pour son sens esthétique. Pour sa première mise en scène – sûrement pas la dernière – elle a su donner une dimension nouvelle et puissante au texte.

Selon vous, qu’est-ce que le théâtre peut apporter de particulier pour parler d’un sujet aussi intime et douloureux que l’emprise ?

J-C : Au théâtre, il suffit d’un acteur, d’une lumière et de l’imaginaire du spectateur. C’est un choix, une démarche d’attention totale au récit. Cette proximité crée une intimité précieuse, d’autant plus nécessaire quand on aborde un sujet comme celui de la pièce.

FA : Le partage est essentiel. Au théâtre, la proximité avec le public ouvre un vrai dialogue, pendant et après le spectacle. Beaucoup de spectateurs se sont reconnus dans le récit. Pour prolonger ces échanges, nous accueillerons d’ailleurs au Studio Hébertot Christel Petitcollin, auteur, formatrice et conférencière spécialiste de la PNL dont les ouvrages m’ont notamment aidée personnellement, et Tristan Berger, avocat, lors de rencontres après deux représentations les 14 novembre et 5 décembre prochains.

Avez-vous déjà reçu des retours de spectateurs qui se sont reconnus dans ces situations d’emprise qui vous ont marqué ?

J-C : Je n’ai pas de témoignage précis en tête, mais je retiens surtout l’émotion de la salle et l’attention du public. Une amie, très émue par la pièce, m’a confié ensuite une part intime de son histoire que je n’imaginais pas. C’est là toute la force du spectacle : il ouvre des espaces d’échange insoupçonnés.

FA : Nos Histoires aborde un sujet universel. L’emprise peut toucher chacun, sans distinction. La pièce touche le public dans son histoire personnelle. Je me souviens d’un spectateur, venu à reculons, qui a réalisé à la fin la dynamique d’emprise qu’il entretenait avec sa mère. Le spectacle ouvre ainsi des dialogues et libère la parole.

STUDIO HÉBERTOT

Du 30 octobre au 28 décembre

Par Caroline Guillaume

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