PIERRE-YVES DUCHESNE

L’une des plus belles pages de l’humanité nous est racontée dans ce magnifique spectacle présenté au Grand Rex les 18 et 19 mai prochains. « Madiba, le musical » revient sur la scène française après avoir rencontré un succès planétaire. À cette occasion, nous avons eu le privilège de parler à Pierre-Yves Duchesne, le metteur en scène de cette brillante création.

Comédien, chanteur, metteur en scène,directeur et coach vocal, quel est lepoint de départ de cette carrière aux
multiples facettes ?

J’ai commencé par des études trèsclassiques, puis j’ai annoncé à ma mèreque je voulait devenir acteur etchanteur ! En Belgique, ce cheminementest plus simple car nous avons desacadémies de musique. J’ai pris descours de piano, desolfège, de théâtreet de déclamation. De fil en aiguille, j’aieu envie de mettre tout cela en application.

Après de nombreuses représentations,le spectacle Madiba, le musical que vous mettez en scène revient à Paris.Racontez-nous cette « petite histoire dans la grande ».

La grande histoire c’est bien sûr celle de Nelson Mandela. La petite, c’est celle du spectacle qui est né d’une passion commune entre Jean Pierre Hadida et Francine Disegni. Lorsque j’ai commencé à collaborer avec eux pour le spectacle, je mettais en scène la journée et je jouais dans le musical Cats le soir. Nous avons construit ce spectacle avec nos petites mains pour le Comédia en janvier 2015. Et depuis Madiba est en tournée partout, comptant une centaine de dates en Australie.

Quelle est la signification du spectacle : un acte de solidarité, de militantisme ? Une création artistique ? Un moyen
d’informer, de raviver les mémoires ?

Je pense que c’est tout ça à la fois. C’est un acte de militantisme évidemment puisqu’il faut prôner l’écoute universelle.
C’est une vraie création artistique puisque nous sommes partis de zéro pour arriver à ce que les artistes chantent, jouent la comédie et dansent sur un plateau de théâtre. C’est un bon moyen d’informer évidemment : les gens ne savent peut-être pas que Winnie a joué un rôle important dans la vie de Nelson Mandela, ou que ce n’était peutêtre pas de bon ton à l’époque pour une jeune fille blanche d’aimer un jeune homme noir. Enfin, c’est un moyen de se souvenir pour ceux qui connaissent l’Histoire. Nous relatons la volonté arcen-ciel de Nelson Mandela de ne pas mettre de barrières ni de murs autour de tout pour se protéger d’une quelconque agression. Il faut être ouvert à cette nation arc-en-ciel que voulait Madiba.


Pouvez-vous nous présenter le casting ?

Nelson Mandela est Desire Abbetsala, Winnie est Dominique Magloire, Konan Jean Kouassi est danseur et flûtiste. Nous comptons aussi sur les talents exceptionnels de Michael Gadea, Sabrina Giordano,Audiyan Alcide Audrey, Jesus Dinas, tous sous la houlette de Johan Nus à la chorégraphie et Sabrina Gomis-Vallee aux costumes.

Vous avez fondé en 2004 l’AICOM. Comment vous est venue l’idée de créer la première école de comédie musicale
en France ?

Je me suis rendu compte que les francophones n’avraient pas de formation vraiment polyvalente dans le domaine artistique. Les artistes qui m’entouraient étaient en grande majorité des anglophones, qui chantaient, dansaient et jouaient la comédie. En 2000, en sortant de la représentation du Fantôme de l’Opéra, j’ai donc décidé de créer ma propre école offrant une formation à la fois en chant, théâtre et danse. Je ne regrette pas du tout de m’être lancé dans ce projet ambitieux car nous rencontrons beaucoup de succès.

Pouvez-vous nous parler de la classe « élite » ?

C’est une bourse que nous offrons tous les ans à des personnes talentueuses par discipline. L’AICOM et l’ATLA forment beaucoup de monde dans les domaines de la danse, du théâtre, de la musique. La classe fonctionne très bien car c’est la huitième année que nous la proposons et nous avons déjà découvert des pépites dans 40 villes francophones environ (y compris Québec, l’Afrique Noire et l’Europe francophone).

Avez-vous d’autres projets en préparation ?
J’en ai beaucoup ! À titre personnel, j’ai des galeries d’art qui tournent autour du théâtre et de la musique, mais également en prévision d’autres mises en scène pour mon école. Je monte trois spectacles par an avec mon école et nous avons déjà monté environ 45 spectacles de l’envergure de Madiba, le musical. L’année dernière nous étions par exemple à l’Olympia pour présenter le spectacle de fin d’année.Avec des scènes comme celle-ci, nous devons proposer des spectacles à la hauteur. Pour les étudiants c’est également important car nous voulons leur offrir de belles scènes avec de beaux décors.

Par Élodie Rabaud et Julia Barbaran