Séverine Cojannot dans « Jeanne d’Arc »

Séverine Cojannot dans Jeanne d’Arc © Fabienne Rappeneau

« En avant ! »

Séverine Cojannot se glisse dans la peau et l’armure de Jeanne d’Arc, au Théâtre de la Contrescarpe, elle crée l’adaptation française du magnifique seul en scène de Monica Guerritore, joué devant 300 000 spectateurs à travers le monde. L’auteure et metteure en scène italienne ne s’est pas trompée en choisissant, pour incarner la mythique Jeanne d’Arc, une comédienne habituée des rôles historiques (dont une remarquable Marie Tudor).

Racontez-nous votre parcours.

Je viens du théâtre classique, de répertoire. J’ai eu le bonheur de jouer de grands auteurs comme Molière, Corneille, Musset, Shakespeare, Tchekhov… petit à petit, d’autres propositions de metteurs en scène m’ont permis de découvrir un registre plus contemporain, plus engagé aussi, avec Vercors, Charlotte Delbo. ces dernières années, on m’a beaucoup distribuée dans des rôles forts émotionnellement, comme Elvire ou Marie Tudor

Qu’est-ce qui vous a attirée dans le personnage de Jeanne d’Arc ?

Son courage ! Jeanne est comme l’une d’entre nous, une jeune fille simple qui, un jour, est traversée par un appel irrépressible pour accomplir sa « mission ». Elle devient guerrière, un instrument de liberté pour son peuple. Puis elle se retrouve seule face à l’injustice des hommes et, pire encore pour elle : des hommes d’église. et elle les affronte !

C’est un destin d’une force extraordinaire…

après avoir joué trois cents fois la reine Marie Tudor, je cherchais un rôle fort. Quand Monica Guerritore m’a proposé d’incarner sa Jeanne d’arc, elle m’a fait un cadeau immense.

Ce spectacle n’est pas un biopic. Quelle période de sa vie est évoquée dans le spectacle ?

C’est un voyage au cœur de la vocation de Jeanne. La pièce parle de son appel, de la guerre, et du procès, bien sûr. Jeanne s’oppose sans crainte au tribunal d’inquisition, puis lorsque ses juges lui montrent le bûcher où elle sera sacrifiée, elle perd sa force le temps d’une nuit, et elle renie qui elle est. Le lendemain, elle n’a plus peur, prête à accueillir son destin. Jeanne d’arc témoigne des miracles que peut accomplir une personne animée par la foi dans la transcendance. Ce spectacle montre comment une personne portée
par une conviction profonde peut aller au bout de ses idées, de sa mission, au sacrifice de sa vie même.
Ce qui est stupéfiant, c’est de réaliser qu’une jeune fille simple, une bergère illettrée, a renversé le cours de l’histoire ! Son exemple garde une valeur universelle.

Les rôles historiques que vous avez interprétés vous ont-ils aidée ?

Pas vraiment. c’est une expérience unique… Nous avons laissé l’histoire en toile de fond. J’ai fait naturellement beaucoup de recherches en amont, mais le travail de répétition a surtout porté sur le cœur de Jeanne, la compréhension  intime de son appel, sa force, son courage.

Avez-vous effectué des recherches sur cette période du XVème siècle ?

La littérature historique sur Jeanne est abondante ! J’ai lu Régine Pernoud, qui est la grande spécialiste de Jeanne d’arc. J’ai écouté des émissions de radio et des historiens, comme Guillemin. Mais pour approcher le personnage, j’ai préféré lire Le Mystère de la Charité de Péguy, qui est un texte sublime sur la vocation de Jeanne.

Il n’y a pas de portrait de Jeanne d’Arc. Comment l’imaginez-vous réellement ?

Je ne me suis pas posé la question de son apparence réelle, mais de son vécu : son enfance, la famine, la guerre… en tout cas, elle devait avoir une aura exceptionnelle pour convaincre les puissants et galvaniser le peuple.

l’italienne Monica Guerritore est très réputée pour ses mises en scène. Comment se sont passées les répétitions ?

Avec passion : Monica est extraordinaire ! C’est une très grande actrice et metteuse en scène. Elle est très inspirante. elle a débuté au théâtre avec Giorgio Strehler. Sa direction est précise, rigoureuse, engagée. Nous avons beaucoup travaillé sur l’intériorité et sur l’engagement physique.

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Par Marc Bélouis