TONY MASTROPIETRO

Un seul en scène puissant, bouleversant, hypnotisant : voilà ce que nous offre Tony Mastropietro à travers l’interprétation de son personnage torturé, Etienne Ferrari. Rencontre avec un artiste passionné.

Que raconte votre seul en scène ?

Une lune de sang dans un ciel de cendre est l’histoire que nous livre Etienne Ferrari. Un homme issu de l’immigration calabraise et qui malgré sa modeste condition atteindra des sommets socialement et professionnellement. Une ascension fulgurante bâtie sur le prix du mensonge et de la trahison…. Cette histoire, il la raconte à Jack qui l’écoute dans le silence. Il lui dit ses souvenirs d’enfant, sa banlieue, sa little Italie, son ascension au sein d’Univergate, son mariage avec Irina, le pognon qui coule à flot.
Seulement voilà, il arrive certaines fois que la chance tourne et que la vie bascule jusqu’à troquer un costume 3 pièces de businessman pour celui d’un gigolo ou d’un tueur à gage. Mais qui est vraiment Etienne Ferrari ? Son histoire incroyable est-elle vraie ? Est-il fou ? Est-il mythomane ?… Seul le spectateur se fera sa propre opinion.

Pourquoi avoir choisi d’adapter ce livre de Louise Caron ?
Vous a-t-elle accompagné dans les différentes étapes de création du spectacle ?


J’ai connu Louise au cours d’une lecture. Quelques temps plus tard, elle m’a invité à découvrir le texte d’Une lune de sang dans un ciel de cendre à Avignon. Je n’ai pas pu m’y rendre, alors elle m’a envoyé son œuvre. L’histoire d’Etienne Ferrari m’a bouleversé. Cette histoire était pour moi incroyable. Au début du récit son histoire m’a plongé dans mon passé d’enfant de parents immigrés italiens. Mais aussi dans mon évolution et ma volonté de m’en sortir professionnellement. Je voulais absolument jouer ce personnage. J’ai appelé Louise, nous avons longuement parlé et les choses se sont mises en place progressivement. Louise nous a laissé carte blanche pour monter le projet et elle a redécouvert son œuvre plus tard, lors de la première au théâtre le Forum de Fréjus.

Quels ont été les choix scénographiques ?

Je peux dire que j’ai eu la grande chance de rencontrer Stéphanie Slimani. J’étais allé voir Le journal d’un fou qu’elle venait de mettre en scène. J’ai beaucoup aimé son univers artistique… C’est en travaillant sur plateau lors de notre résidence au Volatil à Toulon que Stéphanie a imaginé la scénographie. Un espace blanc, une forme mystérieuse recouverte de draps. Une musique omniprésente crée par Jean-Loup Faurat et des images qui glissent sur le corps du comédien. La scénographie est un véritable contre-pied par rapport à ce qu’avait imaginé l’autrice, ce qui confère à l’œuvre quelque chose d’unique et exclusif.

Comment aborde-t-on l’exercice du seul en scène, au niveau de la préparation et des émotions ?

Premièrement, il était évident que je ne pouvais aborder ce travail sans une préparation physique préalable. Lors de la création j’avais donc alterné boxe et danse pour me sentir à l’aise sur le plateau. Pour cette reprise, c’est l’activité paddle qui prédomine. En effet, 15 jours avant « la première de la reprise » je tente un challenge complètement fou qui est la traversée de Calvi à St Raphaël à la rame. 190 km de souffrance physique en relais avec mon coéquipier Loran Nicolardot. Un travail physique certes mais aussi un gros boulot sur le mental. Pour incarner ce personnage je m’oublie complètement lors des répétitions. Il me plaît de dire qu’Etienne Ferrari c’est moi. J’avoue être influencé par les interprètes de deux œuvres magistrales : Vol au-dessus d’un nid de coucou et Les nerfs à vifs. Je vous laisse deviner qui sont les comédiens.

Que souhaitez-vous provoquer chez les spectateurs ?

Les captiver en leur livrant la vie d’Etienne Ferrari. Les bouleverser autant que je l’ai été en découvrant cette histoire.

Par Élodie Rabaud

CENTRE CULTUREL SALLE AUDITORIUM ST-EXUPERY SAINT-RAPHAËL, les 3 et 21 juin

THÉÂTRE LA TACHE D’ENCRE AVIGNON, les 4, 18 et 25 juin

THÉÂTRE LEPIC PARIS, le 27 juin