Victor Lustig, l’homme qui vendit la tour Eiffel

La plus grande arnaque du xxème siècle débarque sur les planches
Interview d’Elsa Bontempelli

« Victor Lustig, l’homme qui vendit la tour Eiffel » retrace l’histoire vraie du plus grand arnaqueur du XXème siècle ! Nous avons rencontré Elsa Bontempelli, dont la comédie musicale à succès, « Les Vilaines », revient à Paris pour sa 3ème saison, et qui signe la création de ce Musical façon Broadway.

Une plongée dans la fièvre des Années Folles à découvrir dès le 22 octobre à Bobino.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur cette fameuse arnaque ?

En 1925, Victor Lustig est arrivé à Paris et a ouvert un journal dans lequel il évoquait la charge pour la Mairie de Paris de l’entretien de la tour Eiffel. L’article se terminait par un trait d’humour : « Faudrait-il la vendre ? »

Cela a donné l’idée à cet arnaqueur, qui a d’ailleurs fait beaucoup d’autres arnaques racontées de manière assez malicieuse dans le spectacle, d’endosser le costume d’un fonctionnaire de la Mairie de Paris pour vendre la tour Eiffel à un ferrailleur, avant d’empocher le chèque et de disparaître !

Comment vous est venue cette idée ?

Pendant le Covid, alors que j’étais sur l’écriture de Casse-noisettes, mon second spectacle, Laurent Ferry m’a soufflé l’idée à la suite d’un documentaire qu’il avait vu sur cet homme-là.

Il me parlait de cette sorte d’Arsène Lupin à suivre dans les années folles avec un décor qui pourrait être très inspirant pour moi.

J’ai alors effectué des recherches en bibliothèque pour creuser un peu le sujet, et j’ai trouvé des merveilles de rebondissements et des anecdotes pleines de panache qui permettent d’en faire un spectacle haut en couleurs.

Pourquoi avoir eu envie d’en faire un spectacle musical façon Broadway ?

J’ai un véritable amour pour les comédies musicales, et j’avais envie de créer un spectacle dans cette atmosphère, avec ces codes, qui soit à la fois nouveau et familier, avec des clins d’œil aux gens qui, comme moi, les connaissent par cœur !

Il y a donc énormément de références, mais ça reste tout à fait lisible pour les non-initiés. Et tout est pure création : les mélodies, les chorégraphies, les numéros…

Une comédie musicale qui vous a particulièrement inspirée ?

Je pense que Chicago est peut-être la plus emblématique dans ce genre d’ambiance 1920, où l’on fait un peu l’apologie du crime, qui met en relief les bassesses de l’âme humaine.

Le fait que ça se déroule dans les années 20, avec un vrai décor de cabaret burlesque, est très inspirant pour moi qui ai travaillé au Lido en tant que danseuse.

Y a-t-il une anecdote qui vous a marquée sur l’histoire de ce personnage ?

Tous les retournements de situation ! Car tout est arnaque avec lui, même dans le rapport à l’autre : chaque gentillesse, chaque petit mot, chaque geste est calculé. C’est un personnage qui avait toujours un coup d’avance.

Il rencontre une jeune fille, Billie, qui est un peu la meneuse de revue de ce spectacle, et il essaye malgré lui de l’arnaquer alors qu’il est en train de tomber amoureux d’elle.

Cinq ans après, elle le retrouve pour essayer de le faire payer. Il y a d’ailleurs une très jolie scène dans une voiture, où on parle d’amour, en disant qu’il s’agit de l’arnaque la plus répandue.

Est-on vraiment amoureux de la personne que l’on a en face de nous, ou tombe-t-on amoureux de la personne qu’on nous fait croire ?

L’amour est la plus belle arnaque du monde ! Quant à savoir si c’est bien ou non d’être attaché à la vérité : je laisse le public se faire son opinion.

Vous pensez qu’une arnaque comme celle-là aurait encore des chances de marcher aujourd’hui ?

Plus l’arnaque est évidente, plus elle passe sans le moindre soupçon. Si on lançait aujourd’hui une fake news pour dire que la tour Eiffel va être vendue au plus offrant, je suis sûre que ça prendrait !

En termes d’arnaque à la communication, Victor Lustig était très en avance sur son temps. Malgré l’enveloppe très 1930, le sujet et la manière dont il est traité sont d’une actualité saisissante.

Car je pense qu’on est tous concernés par ce sujet-là, qu’on soit l’arnaqueur ou l’arnaqué. On enjolive parfois un peu la vérité, que ce soit lors d’un entretien d’embauche, dans nos relations…

C’est un spectacle très ambitieux avec 11 artistes qui interprètent une trentaine de personnages. Quel est le principal défi que vous avez rencontré ?

Pour des compagnies modestes et indépendantes comme la nôtre, le principal défi c’est le temps et l’espace, notamment pour les répétitions.

Pour pallier cela, et parce que c’est un outil que j’aime beaucoup utiliser, j’ai mis en scène l’intégralité du spectacle dans une animation 3D que j’ai transmise aux artistes avant le début des répétitions.

C’est beaucoup de travail en amont, mais ça nous a fait gagner un temps et une énergie précieuses.

Avec quels sentiments, émotions, réflexions avez-vous envie que les spectateurs quittent le théâtre ?

Il peut y avoir une première lecture très divertissante avec le côté musical, léger, esthétique du spectacle, et une lecture plus profonde pour les spectateurs qui aiment aller plus loin, avec les références sur les comédies musicales, les mécanismes de l’arnaque, etc.

C’est un spectacle riche, très rythmé, et j’adorerais que les gens aient envie de retourner le voir, justement pour accéder à un autre niveau de lecture.

 

 

 

 

 

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