Vladimir Cosma

Le chef d’orchestre Vladimir Cosma au théatre du Chatelet © Jean-Christophe MARMARA / Le Figaro
« Les Aventures de Rabbi Jacob », « La Boum », « Le Grand blond avec une chaussure noire », « La Gloire de mon père… » Vladimir Cosma a composé les musiques de nombreux films restés dans la mémoire collective. Fin avril, il fêtera ses 80 ans sur scène, l’occasion pour lui de partager sa musique avec le public. Il se confie.
Vous êtes issu d’une famille de musiciens, cela vous a t-il paru naturel de faire de la musique votre métier ?
J’ai toujours baigné dans un univers musical, à tel point que je n’ai jamais imaginé pouvoir faire autre chose. La musique est un langage. Quand on apprend une langue étrangère, plus on commence tôt, mieux on l’assimile. J’ai commencé le violon à 4 ans, et à 8 ans, je donnais déjà des concerts accompagné par mon père au piano. Ma grand-mère était pianiste-concertiste et élève de Ferruccio Busoni. Mon père a passé sa jeunesse en France et a découvert le jazz dans les années 1925-1930 en travaillant avec Jean Wiener. J’ai donc écouté du classique et du jazz. Ces deux courants m’ont ouvert à toutes les sortes de musique.
Vous avez écrit plus de 500 musiques de films, mais aussi des opéras et des comédies musicales, que vous ont apporté ces différents genres ?
Les compositeurs écrivent depuis toujours des œuvres sur commande. Le genre musical est uniquement le fruit de ces commandes… C’est nous qui apportons notre personnalité pour en faire quelque chose de singulier. Le fait d’écrire pour le cinéma, pour l’opéra ou pour des concerts symphoniques ne change ni ma personnalité ni ma façon d’écrire. Cependant, en écrivant des musiques de films, on s’exprime sur un temps court, alors que pour un opéra ou de la musique symphonique, le temps musical est plus large, plus grand.
Parmi l’ensemble de votre œuvre, y a-t-il un morceau qui vous touche plus que les autres ?
Je n’écoute pas ma musique comme j’écoute celle des autres. Et c’est celle des autres qui me touche particulièrement. La mienne fait partie de moi. C’est comme si vous me demandiez si je suis touché par mon visage…
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Ma source d’inspiration, c’est mon passé, ce que j’ai vécu. Le fait d’être né ailleurs, mon intégration en France… Ma personnalité en est imprégnée. Mon inspiration, c’est toute ma vie.
Comment procède t-on pour composer une musique personnelle face aux exigences des réalisateurs ?
Au cinéma, un film est l’œuvre de plusieurs coauteurs : le réalisateur, le scénariste et le compositeur. Il s’agit d’un échange entre ces créateurs, qui ont chacun leur personnalité. L’une des grandes difficultés est de faire correspondre ses propres idées avec l’univers du réalisateur. Pour la musique du Grand Blond avec une chaussure noire, il était écrit dans le scénario qu’il fallait une musique parodiant James Bond pour l’arrivée de Pierre Richard. Je n’ai jamais aimé faire des pastiches, donc j’ai cherché comment évoquer ce faux espion. J’ai eu l’idée d’un espion venant du froid, de Roumanie ou de Russie. C’est pour ça que j’ai choisi la flûte de pan comme instrument principal pour le film.
Vous avez-reçu de nombreuses distinctions, et votre musique a fait le tour du monde. Que vous reste t-il à faire ?
Réussir ma prochaine musique ! Je suis toujours concentré sur ce que je fais. J’ai les mêmes soucis et les mêmes angoisses que lorsque j’ai commencé. Le succès de mes précédentes compositions ne garantit pas la même chose pour l’avenir…
Vous serez en avril au Grand Rex, à Paris, pour nous faire revivre vos plus grands succès. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Je sais que les gens viennent entendre des musiques qui les ont accompagnés depuis de nombreuses années. J’essaye de les présenter d’une manière différente. J’ai un orchestre de 80 musiciens, un chœur de 100 chanteurs et des solistes. Le public aura une vision différente de la musique, tout en retrouvant l’atmosphère et le parfum des films qu’ils ont aimés. Je vais aussi jouer des musiques inédites en concert, avec des nouveaux interprètes. Par exemple, les Kids United vont chanter la musique des Mondes engloutis. Il y aura d’autres surprises, mais je ne veux pas tout dévoiler !
Par Daphné Guillou et Nadine Pernay
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