Jean-Manuel Bajen
« Il faut se tourner davantage vers les jeunes »
Des terrains de foot aux balcons du théâtre des Variétés qui fête ses 210 ans cette année, Jean-Manuel Bajen est comme un poisson dans l’eau.
L’ancien joueur professionnel des Girondins de Bordeaux des années 1960 est aujourd’hui à la tête d’une soixantaine d’entreprises spécialisées dans l’immobilier, mais aussi… du théâtre des Variétés.
Depuis 2004, Jean-Manuel Bajen applique au théâtre sa vision du management qui lui a si bien réussi dans l’immobilier. L’homme d’affaires très occupé nous a accordé quelques minutes d’entretien.
Qu’avez-vous à nous dire sur le 210e anniversaire du Théâtre des Variétés ?
Le 210e anniversaire du Théâtre des Variétés, en dehors du fait que ça fait 210 ans, ça n’a rien changé. On maintient les lieux en bon état et en conservant l’architecture telle qu’elle était. Et puis on continue à agrémenter l’accueil public parce qu’il n’y a que ça qui compte. Ceci étant, l’important c’est quand même la distribution et l’écriture. Ce qui est important, c’est de soigner et de rechercher toujours les meilleurs auteurs avec la meilleure distribution. C’est le cas aujourd’hui avec Laspalès et Balmer dans “À droite à gauche”. On le voit bien, on est complet tous les soirs. Je dirais que le bicentenaire n’influe pas beaucoup, en dehors du côté historique, sur l’activité même du théâtre.
Avez-vous des anecdotes qui se sont passées dans ce théâtre ?
Je suis un peu récent dans ce domaine puisqu’il n’y a que dix ans que j’ai repris le théâtre et que les anecdotes remontent à très loin, de l’époque de Fernandel, de Bourvil, de Louis de Funès… Depuis mon époque, il n’y a pas eu beaucoup d’anecdotes des uns et des autres.
Après 10 ans dans le théâtre, quels changements avez-vous noté et qu’est-ce qu’on devrait changer ?
C’est surtout une augmentation du nombre de théâtres et du nombre de spectacles, ce qui fait que la clientèle se dilue de plus en plus. Voilà le gros problème qui s’est passé pendant ces 10 ans. Ce qu’il faut changer peut-être, malheureusement, c’est se tourner davantage vers les jeunes troupes, vers les jeunes auteurs, vers les jeunes acteurs qui permettraient de réduire le prix de revient et donc d’ouvrir le théâtre à une plus grande population.
Quel est l’objectif principal de la Fondation Jean-Manuel Bajen ?
C’est justement ça l’objectif. C’est de rechercher à travers des concours nationaux les meilleurs auteurs et les meilleures troupes de façon à trouver des solutions de distribution et d’écriture qui soient moins coûteuses, plus performantes et plus contemporaines. Car aujourd’hui, on est obligé, de temps en temps, de travailler avec le répertoire, ce qui démontre bien qu’on n’a pas assez d’auteurs, qu’on n’a pas assez de manuscrits. L’intérêt de la fondation, c’est justement d’ouvrir, sur le territoire national, le spectre de la recherche et d’augmenter le nombre de jeunes auteurs.
Que vous a apporté votre carrière de footballeur dans le théâtre ?
Le football, c’est un sport d’équipe. Et une entreprise, c’est un sport d’équipe aussi. Donc ça m’a apporté dans le management, dans la cohésion et la motivation de l’équipe, et puis dans l’esprit de compétition, puisque l’important, c’est d’être toujours premier et de gagner le championnat. Là on essaie d’être les meilleurs. On n’y arrive pas toujours, mais on essaie. En général, quand on y travaille, ça va toujours mieux. C’est ça le sport d’équipe.
Quels sont vos projets ?
Mes prochains projets, c’est un grand spectacle que je vais ouvrir en septembre, avec un grand metteur en scène qui s’appelle Robert Hossein, sur un phénomène de religion, un peu comme on a vu dans le film “Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ?” que l’on va transmettre en théâtre avec tout un répertoire sur l’ensemble des religions. Je pense que ça va être un spectacle exceptionnel, surtout mis en scène et joué par Robert Hossein. Il a 90 ans mais il est bien !
Pour finir, quel est votre rêve le plus fou?
Je n’ai aucune folie ! À mon âge, on n’est plus fou, c’est fini, on raisonne trop. On n’a pas de rêve, on a les pieds sur terre et on agit comme un bon paysan.