Thibault de Montalembert et Salomé Lelouch, politiquement correct ?

Le théâtre de L’Œuvre vous propose de faire le plein d’éclats de rires avec la comédie Politiquement Correct où Mado, une bobo de gauche, tombe amoureuse d’un militant d’extrême droite pendantles élections présidentielles.

Écrite et mise en scène par Salomé Lelouch, la pièce est notamment interprétée par Thibault de Montalembert, qui fait vivre le personnage d’Alexandre. Le désir et l’amour vont permettre d’aborder des thèmes que le « politiquement correct » aurait abrégé.

Salomé, pourquoi avoir écrit cette pièce ? Et Thibault, pourquoi avoir choisi de la jouer ?

Salomé Lelouch : C’était pour répondre à un questionnement intérieur, après avoir constaté un glissement des opinions pendant les campagnes électorales de 2017. Pourquoi cela arrive-t-il ? Qu’est-ce que je ferais si je tombais amoureuse de quelqu’un qui est complètement à l’opposé de mes idées politiques ? Qu’est-ce qui me dérange profondément dans l’extrême droite, en dehors du politiquement correct ? Ce n’est pas un jugement de valeurs, la pièce ne s’incline pas vers un camp, elle essaie plutôt de comprendre le pourquoi du comment.

Thibault Montalembert : Quand j’ai lu la pièce, elle m’a tout de suite séduit, je trouvais brillant de parler de politique comme ça, et surtout à ce moment-là, donc je voulais en faire partie.

Comment l’amour arrive-t-il a surpasser toutes les différences ?

Salomé : C’est plutôt l’état amoureux qui fait que l’on accepte plus de choses que d’habitude, et on cherche à comprendre pourquoi. On est attiré par ce qui est différent de nous, par ce qui nous échappe, par le mystère. les gens qui sont très opposés en idées peuvent s’admirer intellectuellement et débattre ensemble, c’est aussi pour cela que Mado et Alexandre tombent sous le charme l’un de l’autre.

Thibault : J’avais quelqu’un dans ma famille qui était comme ça, mais sur le plan religieux. Une tante s’est mariée avec un homme athée alors qu’elle était très croyante. elle a été fidèle à cet amour toute sa vie, même s’ils ne partageaient pas la même vision des choses. Pour moi, c’est très mystérieux.

Comment décririez-vous Mado et Alexandre ?

Salomé : Mado est très proche de moi, ouverte à tout, mais quand même fermée à l’extrême droite jusqu’a ce qu’elle rencontre Alexandre. il présente un autre visage de l’extrême droite: il est jeune, charismatique et ses propos politiques sont sensés. la décision d’être ensemble, pour Mado et Alexandre, vient du cœur, elle n’est pas raisonnée.

Thibault : Quand je joue Alexandre, je suis sincère, j’y vais à fond, sans jugement. Je ne suis pas du même bord politique, mais on peut tout incarner dans le théâtre quand le propos est profond. Et pour que le propos soit suffisamment fort, il faut un mec charismatique et séduisant qui, à priori, est quelqu’un d’infréquentable.

Pourquoi ce final ?

Salomé : Je voulais une fin qui choque les gens. Mado marche vers une fin qu’elle connaît déjà. Je tenais à ce que la fin se passe quelques années plus tard, afin d’amener Alexandre à prendre conscience que ce qu’il a fait de bonne foi a eu des répercussions pour les générations futures.

Thibault : c’est une fin ouverte, la meilleure façon de terminer une pièce. On ne sait pas ce qu’Alexandre pense après avoir reçu la lettre.

Comment aimeriez-vous que le public réagisse en sortant de la salle ?

Salomé : Je veux que les gens se disent : « Qu’est-ce que je ferais à sa place ? ».

Thibault : J’aimerais que les gens en discutent passionnément sur le trottoir en sortant, que ça soit un spectacle qui leur reste en mémoire, qu’ils continuent à en parler pendant longtemps.

Par Sandra Jabalera

Théâtre de L’œuvre

Jusqu’au 5 mai