FRÉDÉRIC THIBAULT et AMBROISE MICHEL
Avec respectivement « Noces de Corail » et « La Place du Mort », Frédéric Thibault (metteur en scène, producteur et co-directeur du Théâtre des Béliers) et Ambroise Michel (auteur, metteur en scène et comédien) font l’actualité du Funambule Montmartre ce printemps. Dans un échange joyeux, ils reviennent sur la création de ces deux projets …
Le théâtre pour vous c’est une histoire de famille ? Un hasard ?
Frédéric : Je travaillais dans le cinéma lorsque j’ai rencontré Arthur Jugnot,avec qui j’ai très vite sympathisé. Alors que ni lui ni moi n’avions d’expérience dans le théâtre, il m’a embarqué dans l’aventure du Ciné 13 (aujourd’hui Théâtre Lepic, ndlr)… Voilà comment tout a commencé !
Ambroise : Je dis souvent que c’est le métier qui m’a choisi… J’ai rejoint à 12 ans la compagnie Les Sales Gosses au sein de laquelle j’ai joué une pièce qui a cartonné pendant 3 années. À mon arrivée, la compagnie jouait d’ailleurs l’excellente La Famille Adams au Café de la Gare, et l’ambiance de La Place du Mort est une forme de clin d’oeil à cet univers expressionniste.
Racontez-nous la genèse des projets La Place du Mort et Noces de Corail ?
A : Après ma première pièce Bad Trip, je souhaitais écrire une comédie à l’univers gothique. C’est après avoir constitué mes trois personnages –un croque mort, un flic et un mort qui ne l’est pas– que la pièce s’est dessinée : j’ai tâché d’imaginer ce qu’il se passerait si ces trois figures se rencontraient…
F : C’est la pugnacité de l’autrice Laure Loäec qui a fait que je me suis lancé dans le projet. L’histoire de ce couple racontée par leur fille posait selon moi des questions fondamentales sur les liens amoureux, et était l’occasion de proposer un théâtre “particulier”.
Comment avez-vous abordé le travail sur chacune des pièces ?
F : La pièce commence sur une improvisation, puis le script reprend peu à peu ses droits et l’histoire du couple se déroule sous nos yeux. C’est une véritable gageure pour les acteurs qui se livrent à un combat de boxe, racontent une histoire que personne n’aimerait vivre, et brisent le quatrième mur. Les spectateurs sont pris à témoin, ce qui fait de la pièce une proposition de théâtre singulière. On en ressort généralement assez troublé.
A : J’aimais l’idée de reproduire une expérience proche du train fantôme, où l’on va pour s’amuser et se faire peur. Mes engagements étaient donc de faire rire dans une ambiance de huis clos, où la comédie de situation fait progressivement place à la comédie d’intrigue. Comme Frédéric, j’ai brisé le quatrième mur, et près de 20% de la pièce se joue dans la salle du Funambule.
Qu’est-ce qui vous a particulièrement plu dans le montage de ces projets ?
A : J’ai aimé construire une musique très précise pour la pièce, dans laquelle les acteurs pourront ensuite prendre des libertés. Je me suis également amusé à créer un rôle de composition que j’aurais plaisir à retrouver tous les soirs…Sur ce projet, les casquettes d’auteur, comédien, metteur en scène ont toutes été passionnantes.
F : J’adore les acteurs, j’ai conçu un spectacle d’acteurs ! Je suis enthousiasmé de voir que chaque jour, ils ont la liberté d’amener la pièce à des endroits différents. J’aime par ailleurs mon métier de producteur, quelle joie d’accompagner des artistes dans leurs ambitions !
Une réplique de votre pièce que vous affectionnez particulièrement ?
F : “Entre zéro et un il y a…”
A : Ce serait une réplique du croquemort, où l’on comprend ce qui l’a amené à ce métier et son rapport intime au passage entre la vie et la mort. C’est un moment prenant.
Ambroise, si vous étiez une noce, laquelle seriez-vous ? Frédéric, si vous étiez une place, laquelle seriez-vous ?
A : Je serais les noces de diamant, qui touchent à l’éternel !
F : Je serais la place publique, là où les échanges se font.
Quelles-sont vos actualités ?
F : Je vais mettre en scène un nouveau texte de Laure Loäec, Il faudrait hurler 4 heures par jour.
A : J’ai organisé des lectures de ma nouvelle pièce Emprise(s) qui n’est cette fois-ci pas une comédie… Il s’agira d’un thriller psychologique. Affaire à suivre !
Par Sophie Geneste
THÉÂTRE DU FUNAMBULE