ALICE GUY, MADEMOISELLE CINEMA

Interview de Caroline Rainette

Vous êtes autrice, co-metteure en scène et interprète, aux côtés de L. Coindeaux et J. Hamon, dans la pièce Alice Guy Mademoiselle Cinéma. Comment arrivez-vous à jongler entre tous ces rôles ?

Pour commencer, il est passionnant de superposer ces trois fonctions ! Quand nous avons commencé à travailler sur la mise en scène, j’ai laissé de côté la casquette d’autrice. C’était indispensable pour avancer sereinement, et c’était vraisemblablement plus facile car étant aussi comédienne j’abordais le texte différemment. Quant à la mise en scène, je n’étais pas seule, et je pouvais m’appuyer sur le regard du co-metteur en scène, Lennie Coindeaux.

Alice Guy, pionnière du cinéma et première femme réalisatrice, a marqué un réel tournant dans le secteur de l’audiovisuel. Pourriez-vous la présenter en quelques mots à nos lecteurs ?

Scénariste, réalisatrice, productrice, Alice Guy est une pionnière et une figure majeure du cinéma, non seulement en France mais aussi aux Etats-Unis. Elle rencontre Léon Gaumont à Paris en 1894, et devient son assistante. Un an plus tard, elle assiste à la projection des frères Lumière, et a d’emblée l’intuition que le cinématographe est promis à un bel avenir. Elle demande alors à Gaumont la permission de filmer une petite histoire, La Fée aux choux, et c’est ainsi qu’en 1986 elle est la première au monde à réaliser un film de fiction ! Entre 1896 et 1922 elle va réaliser plus de 1000 films, en France mais également aux Etats-Unis, où elle posséda son propre studio, la Solax.

Pouvez-vous revenir sur la genèse de cette pièce ?

Je souhaitais mettre en lumière une femme, méconnue, l’un des axes de travail de notre compagnie. Mais je voulais aussi proposer un spectacle grand public, fédérateur, qui puisse embarquer le public. Et c’est tout à fait par hasard que je suis tombée sur l’histoire d’Alice Guy : immédiatement j’ai su que je tenais mon sujet, une grande dame que l’histoire avait oubliée, et les débuts du 7ème art !

Quels sont les partis-pris de la mise en scène ?

Je citerais deux partis-pris de mise en scène. Tout d’abord, le plus important, la vidéo. La pièce portant sur Alice Guy, il fallait impérativement projeter quelques extraits de ses films sur scène. Le spectacle se devait d’être une immersion dans l’univers des débuts du cinéma, donc d’éveiller les spectateurs à la découverte des films d’Alice. L’autre partis-pris est celui de la lumière. Etant donné qu’il y a beaucoup de changements de lieux dans le spectacle, il était nécessaire de créer par la lumière des espaces distincts, notamment à cour et à jardin, afin que l’ensemble soit extrêmement fluide.

Jusqu’au 10 décembre, au Théâtre du Funambule