JOSEPHINE BAKER, LE MUSICAL

Le musical fête son 50e anniversaire à Bobino !

Chanteuse, danseuse, meneuse de revue mais aussi résistante, espionne, mère adoptive de 12 enfants et icône des années folles, Joséphine Baker était avant tout une femme libre et engagée qui a marqué l’histoire. À l’occasion du retour à Bobino du spectacle à succès Joséphine Baker le musical pour une édition spéciale « 50ème anniversaire », nous avons rencontré Jean-Pierre Hadida, auteur-compositeur du show.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce 50ème anniversaire ?

En 1975, Joséphine Baker faisait son retour à Bobino ! C’est à cette occasion que son fils, Brian Bouillon Baker, le conseiller artistique du spectacle, a vu sa mère sur scène pour la première fois alors qu’il était encore adolescent. Le monde entier y était : la Princesse Grace de Monaco, Alain Delon, Sophia Loren, Mick Jagger… Joséphine Baker était d’ailleurs encore à l’affiche au moment de sa mort. 20 000 personnes sont passées devant Bobino pour aller lui rendre un dernier hommage à l’église de la Madeleine ! C’est un lieu mythique qui lui colle à la peau et c’est donc très symbolique de jouer ce spectacle ici 50 ans après. C’est le retour du retour en quelque sorte ! C’est à la fois un biopic musical, car on raconte son histoire du Missouri jusqu’au Panthéon avec des saynettes qui nous plongent dans différents moments de sa vie, et puis il y a le côté revue avec des paillettes, des danseurs et danseuses…

Comment cette collaboration avec Brian Bouillon Baker vous a-t-elle aidé à façonner votre projet ?

C’est Fabienne Thibault qui me l’a présenté. Il est venu à la maison, on s’est mis derrière le piano, je lui ai montré les premières idées que j’avais sur le spectacle, les chansons que j’avais déjà écrites, et il a tout de suite vu que je faisais ça très sérieusement en respectant l’histoire de sa maman. Il m’a nourri d’anecdotes supplémentaires, sur leur fratrie notamment puisqu’ils étaient 12 enfants dans la « tribu arc-en-ciel », sur leur enfance au château des Milandes, la solidarité entre eux dont leur mère était si fière. Il y a eu la Joséphine d’avant-guerre, qui était audacieuse, scandaleuse, avait une vie de noctambule, possédait son cabaret, un guépard, et puis la Joséphine d’après-guerre qui a été résistante, officier, militante contre la ségrégation raciale, et qui est devenue aussi une maman.

Une anecdote à nous partager ?

Joséphine Baker ne voulait jamais parler de son métier à ses enfants car elle redoutait qu’ils deviennent artistes ! Elle trouvait que c’était un monde trop injuste, trop dur, qui ne récompensait pas toujours le talent. Elle voulait qu’ils aient des métiers sérieux. L’un d’eux est d’ailleurs devenu agent des impôts, mais Brian ne l’a pas écouté puisqu’il est devenu comédien (rires)…

Vous dites : « Il y a plus d’une femme dans la vie de cette femme multifacette et arc-en-ciel. » Laquelle de ces facettes vous a le plus marqué en parcourant son histoire ?

Son courage. Parce qu’il fallait en avoir beaucoup pour militer contre le racisme, être résistante avant l’heure, espionne ou encore pilote, dans une époque de terreur. Elle a été la seule femme à rejoindre
Martin Luther King, elle avait même été proposée pour devenir sa remplaçante mais elle a refusé pour élever ses 12 enfants. Elle était de tous les combats des droits de l’Homme. C’est un personnage incroyable, digne d’un roman. Il y a tellement à raconter à son sujet ! Elle a été la première femme noire Panthéonisée et ça a permis de mettre en lumière son personnage, ses valeurs. C’est l’occasion pour les plus jeunes de la découvrir.

Vous avez écrit le spectacle, composé ses chansons, fait la scénographie, dessiné l’affiche… finalement, il n’y a que sur scène qu’on ne vous voit pas ?!

Eh bien si figurez-vous ! Quand notre fabuleux pianiste Raphaël Bancou n’est pas disponible, c’est moi qui le remplace ! D’ailleurs on incarne également le compositeur Vincent Scotto dans les années 20, qui a composé la chanson « J’ai deux amours ». J’ai chaque fois un peu le trac mais c’est toujours un plaisir d’être sur scène avec la troupe !

Que doit avoir une actrice selon vous pour faire une parfaite Joséphine Baker ?

Il fallait déjà que tous les artistes soient d’excellents chanteurs, danseurs, comédiens. Quant à Joséphine, il fallait une comédienne qui lui ressemble physiquement un minimum, qui ait beaucoup d’énergie, d’humour, car elle avait un sacré charisme. Et quand on a vu Nevedya, ça a été une évidence pour Florie Sourice et moi. Elle a ce supplément d’âme nécessaire pour faire Joséphine. Elle a, pour le rôle, reçu en
2023 le Trophée de l’artiste « Révélation féminine » aux Trophées de la Comédie Musicale.

Anne Frank, Nelson Mandela, Joséphine Baker : trois personnages qui ont, chacun à leur manière, combattu pour la liberté. En quoi est-ce important pour vous de faire entendre ces voi sous la forme du musical ?

Pour moi, la comédie musicale c’est l’art total. Ça danse, ça chante, ça joue, c’est visuel, il y a des décors, et surtout c’est vivant ! Et puis, la chanson est quelque chose de très populaire. Tous les soirs les artistes donnent tout sur scène. C’est la plus belle façon de rendre hommage à ces « êtres sacrés », de leur redonner la vie un soir, sur scène, dans leur intimité. Anne Frank était espiègle et pleine de vie, alors j’ai fait de son drame un hymne à la vie. Pour Mandela c’est simple, sa philosophie était : « sans la musique et la danse je ne serais pas en accord avec ce monde ». Et Joséphine Baker sa vie est un grand roman
musical.

Pourquoi venir ou revenir voir ce spectacle ?

Venir parce que c’est une histoire musicale, politique, historique, et surtout humaine ! C’est pour ça que les gens sont conquis par le personnage. C’est un sujet rassembleur autour d’une héroïne d’ombres et de lumière qui était à la fois une femme simple et une maman, qui a beaucoup souffert mais dont l’idéal était de former une fratrie universelle pour montrer au monde que nous étions tous frères et sœurs. Et revenir parce qu’il s’agit d’une une édition spéciale 50ème anniversaire, avec une nouvelle ouverture de spectacle, plus d’artistes sur scène puisqu’ils sont 12, de nouvelles projections visuelles, une énergie nouvelle !

À quelle(s) autre(s) destinée(s) singulière(s) aimeriez-vous vous attaquer pour vos prochaines créations ?

Martin Luther King évidemment, c’est une figure tellement importante. J’avais commencé un projet sur lui, mais comme il croise le destin de Joséphine Baker je les ai réunis dans une des plus belles séquences du spectacle.

A partir du 16 octobre, à Bobino