MIGUEL-ANGE SARMIENTO

« Différente », une ode à la liberté d’être soi

Miguel-Ange Sarmiento est à l’affiche de deux superbes spectacles au théâtre de La Comédie Bastille. Nous l’avons rencontré pour nous parler de « Différente » dans lequel on retrouve Carolina, son personnage fétiche, facétieux et au grand cœur. Son spectacle, plein de couleurs, de soleil et d’émotions, est une ode à la joie et à la tolérance.

Pouvez-vous nous présenter ce spectacle ?

C’est un spectacle musical qui est la maturation de plusieurs années de cabarets et de spectacles où Carolina a chanté des chansons populaires. Au fil du temps et avec la complicité et la collaboration du metteur en scène Rémi Cotta qui est très impliqué dans l’esthétique du spectacle, et le regard très professionnel et exigeant de Claude Monnoyeur qui s’est joint à l’aventure, on a créé Différente. Carolina y chante, et elle raconte pourquoi et comment elle est devenue une star internationale et a réussi à traverser sa vie avec une différence qui est la sienne, à savoir sa frange rouge. Ce spectacle est un peu le miroir de la société, de l’humanité, il porte le message que chacun a le droit d’être sous sa propre lumière et sous celle du monde avec ses différences.

Comment est né ce personnage de Carolina ?

En 2008 j’ai joué dans une pièce de Matei Vișniec mise en scène par Jean-Luc Paliès, Le mot progrès dans la bouche de ma mère sonnait terriblement faux, qui raconte le retour d’une famille dans les Balkans après les guerres fratricides qui leur ont arraché leur fils. Dans certaines scènes on voit leur fille, qui est prostituée, aux côtés de Caroline, une rousse téméraire qui apporte beaucoup d’oxygène et de drôlerie dans cette pièce très dure. En répétitions, cette Caroline est devenue Carolina, elle a pris l’accent de ma mère, s’est munie d’un éventail, et je me suis beaucoup attachée à elle. Je l’ai faite intervenir dans le spectacle de chant que je jouais le soir dans le même théâtre, puis elle s’est imposée petit à petit. Il y a eu « le Carolina Show » qui était la première émission de télé sans caméra où l’on a reçu beaucoup d’artistes connus et moins connus. Les gens réclamaient Carolina alors on a construit des spectacles pour elle et elle a pris de la place dans ma vie professionnelle, artistique et même personnelle. Elle m’apporte énormément d’oxygène, d’humour et d’humeur !

Il y a beaucoup de gens qui reviennent voir le spectacle ! Comment l’expliquez-vous ?

C’est vrai, beaucoup de gens viennent et reviennent parce que ça leur fait du bien. Ils me disent « J’ai oublié tous mes soucis, j’ai eu envie de chanter, de danser ! ». Carolina adore recevoir son public dans la salle, savoir si tout le monde est bien installé, si les gens se sont dit bonjour, c’est sa carte de visite. Elle aime profondément les gens et le public doit le sentir. Elle taquine beaucoup mais toujours avec amour, et elle n’aime pas le graveleux. C’est un spectacle familial et les enfants aiment aussi beaucoup Carolina !

Vous jouez également votre seul en scène Mon petit grand-frère. Deux spectacles qui, s’ils sont très différents, sont tout de même très liés…

On pourrait dire que Mon petit grand frère est le clown blanc, et Différente l’auguste. Les deux faces de la même pièce. Quand on voit Mon petit grand frère on comprend pourquoi Carolina, car j’y parle de la vocation, du tsunami dans mon enfance qui a provoqué en moi ce besoin impérieux d’être sur scène pour que je puisse exister, qu’on ne m’oublie pas. Carolina est chargée d’humanité et d’hypersensibilité mais elle transmet l’émotion d’une autre façon, en incarnant surtout la bonne humeur, la joie, la lumière. Ces deux prises de parole se complètent, se nourrissent l’une l’autre.

Avez-vous un mantra, une phrase qui vous guide ?

Celle de Carolina c’est celle de mon père, Jéronimo : « Cada uno es un mundo » qui signifie : « Chacun est un monde ». C’est simplement dit mais tellement juste ! On a tendance à l’oublier.

Jusqu’au 3 janvier, à la Comédie Bastille