LE DISCOURS
Interview de Simon Astier – Clap de fin au Théâtre Michel
Après plus de 200 représentations à travers la France, Simon Astier revient au Théâtre Michel pour huit dernières dates de « Le Discours », un seul en scène qui l’a accompagné pendant quatre années. Entretien avec un comédien qui boucle un chapitre avec gratitude, finesse et lucidité.
Vous êtes de retour au Théâtre Michel pour dire au revoir à ce spectacle. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Je suis très heureux. Le Théâtre Michel, c’est là que tout a commencé pour Le Discours – un lieu qui m’est cher, où j’ai été accueilli avec bienveillance à un moment très particulier, en pleine période Covid. Ces huit dernières dates sont pour moi une façon de boucler la boucle et de dire au revoir à un spectacle qui m’a résolument changé.
Il y a trois ans, vous évoquiez la difficulté du seul en scène, ce trac juste avant d’entrer en scène. Est-il toujours présent ?
Toujours, oui. Ce sont ces fameuses 20 secondes derrière le rideau, où je me dis « Mais pourquoi je fais ça ?« . Ce spectacle, c’est une heure et demie sans coupure, en direct avec le public. Ce qui a changé avec le temps, c’est que le texte devient une seconde peau. A force, il est tellement ancré que je peux le vivre différemment à chaque représentation. En fait, le meilleur moyen de braver l’ennui c’est de jouer le même spectacle tous les soirs, car le texte a infusé en toi, et tu peux te permettre d’essayer de nouvelles choses à chaque fois, tu atteins une profondeur de jeu rare : c’est un luxe absolu quand on est acteur.
Vous parlez d’un texte qui vous a transformé. Que vous aurait-il manqué si vous ne l’aviez pas rencontré ?
Il m’a permis de développer mes propres outils pour faire face à l’anxiété, de gagner en confiance. Longtemps, je me suis dit que je ne serais jamais à la hauteur des acteurs que j’admire. Ce spectacle m’a offert une forme de légitimité : une place à moi. Aujourd’hui, je crois que je peux dire que ça n’est plus un homme angoissé qui raconte l’histoire de quelqu’un d’angoissé : j’ai pris un petit peu d’avance sur mon personnage, en quelque sorte.
Parmi plus de 200 représentations, certains vous ont-elles particulièrement marqué ?
Beaucoup. Et curieusement, c’est parfois les dates où tout ne se passe pas comme prévu qui marquent le plus. Quand le public est plus silencieux, plus concentré, à l’écoute : c’est plus intime et vertigineux à la fois. Ces silences-là m’ont beaucoup appris. Et puis, il y a eu les soirs de fêtes, des samedis où tout s’envole ! Chaque lieu, du grand théâtre à la petite salle intime, transforme l’énergie du spectacle. C’est fascinant.
Quels sont vos projets en parallèle ?
Je termine le montage de McWalter, une comédie d’action pour Amazon Prime, tournée en Bulgarie. Ange et compagnie, un film dans lequel je joue, sortira en mai, je réalise que depuis toujours, j’ai besoin d’inventer des histoires. Tourner, écrire, filmer… Ca reste indéniablement mon moteur principal.
Comment envisagez-vous ces dernières représentations au Théâtre Michel ?
Forcément un peu différemment, car cette fois-ci, je connais la date de fin. Pour autant, je ne vais pas chercher à réinventer quoi que ce soit : je veux en profiter pleinement, être présent, fidèle à ce spectacle qui m’a beaucoup offert.
Y a-t-il une phrase du texte qui continue de vous accompagner ?
Oui. Le dernier moment du spectacle, lorsque mon personnage s’adresse à l’enfant et lui dit que, quoi qu’il arrive, sa plus grande force restera l’amour, me bouleverse à chaque fois. Je réalise que, sans l’avoir vraiment prémédité, c’est un thème que j’ai toujours exploré dans mes projets : l’amour comme point d’ancrage.
Du 5 au 15 juin, au Théâtre Michel
Par Sophie Geneste