In & Off : Avignon en pleine effervescence théâtrale

Dans son discours d’ouverture, Tiago Rodrigues, directeur du Festival d’Avignon, cite Mahmoud Darwich : « Je suis toi dans les mots. »
Une invitation à la rencontre, à l’altérité, qui résume l’essence même du festival. Cette 79e édition célèbre l’art comme lien, comme langage commun. Avec l’arabe en langue invitée et Marlene Monteiro Freitas en artiste complice, le IN promet un mois de juillet audacieux.
Créations originales, dialogues culturels et prises de parole fortes rythmeront cette nouvelle édition. Ensemble, soyons l’autre dans les mots.
Bienvenue au Festival d’Avignon 2025.

 

© Christophe Raynaud de Lage

« Résonances et métamorphoses »

Cette édition du festival veut explorer la capacité des arts vivants à faire écho aux mutations du monde contemporain.À travers la multitude des spectacles et des formes scéniques représentées dans la programmation, le festival interroge les identités, les frontières culturelles et temporelles, tout en imaginant de nouveaux modes d’existence et de relations.

 

Premier plan à la langue arabe

Un des points forts de cette édition est la place donnée à la langue arabe, représentant près de 30% de la programmation. Ce choix met en avant la richesse des cultures arabophones et favorise un dialogue interculturel essentiel dans un contexte géopolitique complexe.Vous découvrirez des créations marquantes signées par des artistes comme Ali Chahrour, Bouchra Ouizguen,Mohamed Toukabri.Ces œuvres, mêlant théâtre, danse et arts de la rue, témoignent d’une effervescence créative remarquable.

Une place particulière accordée à la danse

Marlene Monteiro Freitas, « artiste complice du festival », ouvre le bal avec une création saisissante, mêlant influences cap-verdiennes et arabes, pour faire résonner la thématique linguistique de cette édition.

Anne Teresa de Keersmaeker et Solal Mariotte, quant à eux, présentent Brel, une œuvre en hommage au chanteur belge Jacques Brel, qui allie musique et chorégraphie.

La programmation affiche aussi la création Delirious Night, deMette Ingvartsen, performeuse et chorégraphe danoise reconnue pour ses propositions audacieuses.

Une expérience sensorielle intense qui vous donnera la chair de poule. Les performances originales de Jonas & Lander, Nemo Flouret et Mohamed Toukabri, elles, viennent renforcer la pluralité esthétique des expressions corporelles.

 

Théâtre : entre chefs-d’œuvre et créations originales

Bien sûr, le théâtre reste au centre de la programmation, avec des productions prestigieuses comme Le Soulier de satin (Comédie-Française), mis en scène par Éric Ruf.

Une pièce monumentale qui s’étale sur huit heures de représentation, offrant une plongée exceptionnelle dans le théâtre classique et la langue de Paul Claudel. Le Canard sauvage d’Ibsen, revisité par Thomas Ostermeier, marque un retour très attendu, alliant la puissance dramatique de l’auteur norvégien à une mise en scène résolument moderne.

 

« SOYONS L’AUTRE DANS LES MOTS, CAR C’EST LA PLUS BELLE FAÇON D’ÊTRE PLEINEMENT NOUS-MÊME. ENSEMBLE », TIAGO RODRIGUES

Tiago Rodrigues © Christophe Raynaud de Lage

 

 

Parallèlement, de jeunes auteurs et metteurs en scène comme Tiago Rodrigues (La Distance) et Joris Lacoste insufflent un vent de renouveau avec des créations engagées, très contemporaines.Par ailleurs, un hommage théâtral dédié au procès Pélicot, épisode historique méconnu, invite à réfléchir sur les notions de justice et de mémoire.

 

Performances multimédias et disciplines plurielles

Le festival ne cesse de repousser les frontières ar tistiques physiques et numériques, en programmant des œuvres à la croisée des chemins entre le théâtre, la danse, la musique, la vidéo et les performances numériques.

Les performances de Mohamed Toukabri, Wael Kadour et Bashar Murkuss’inscrivent dans cette volonté d’ouvrir le champ des possibles.

Ces créations expérimentales favorisent une immersion totale du spectateur, où chaque représentation unique et mémorable.

Cette édition s’inscrit donc parfaitement dans son temps.

Au-delà de l’excellence artistique, le Festival IN d’Avignon 2025 s’est toujours distingué par son engagement sociétal et, cette année encore, il en fait preuve..

 

©Shanon Schmeltz-Chazelon

 

Derrière les murs historiques de la ville d’Avignon, se joue le cœur d’un tout autre monde pour le festival d’Avignon : le OFF, qui célèbre cette année la 59e édition.Il s’agit d’un véritable laboratoire de la création artistique, un espace de liberté et d’expérimentation. Avec plus de 1 500 spectacles programmés chaque année dans une centaine de lieux, il est l’un des plus grands festivals de théâtre indépendant au monde.

 

 

©Kopie

Aux origines du Off : une rébellion artistique

Le OFF voit le jour à la fin des années 1960. Alors que le Festival IN, dirigé par Jean Vilar, s’impose comme une institution du théâtre public, certaines compagnies, non retenues dans la sélection officielle, décident de jouer malgré tout dans des lieux alternatifs.

Cette initiative spontanée, militante et un brin irrévérencieuse, marque le début d’un mouvement qui va rapidement prendre de l’ampleur.

Le terme « OFF » ne signifie pas « à côté », mais « autrement ». Il n’a cessé de croître, sans jamais perdre son esprit d’origine : celui d’une scène ouverte à toutes les possibilités.

Un théâtre sans frontière ni hiérarchie

Ce qui fait la force du OFF, c’est sa diversité. Chaque compagnie, professionnelle ou amateure, peut proposer un spectacle et louer un lieu de représentation. Le OFF n’a pas de direction artistique centralisée : il repose sur l’initiative individuelle et la responsabilité collective.

 

Une organisation autofinancée et solidaire

Le OFF fonctionne selon un modèle économique très particulier. Contrairement au IN, financé principalement par l’État et les collectivités locales, les compagnies du OFF financent tout elles-mêmes : location du lieu, hébergement, communication, matériel technique… Certaines investissent plusieurs milliers d’euros, avec l’espoir de remplir leurs salles, voire d’être repérées par des programmateurs pour tourner ensuite en France ou à l’étranger.

La structure d’appui du OFF, appelée AF&C (Avignon Festival & Compagnies), joue un rôle essentiel : elle fédère les artistes, fournit une plateforme de communication (le programme officiel), accompagne les démarches administratives, et organise des temps de rencontres et de réflexion sur les conditions de travail des artistes.

 

©Shanon Schmeltz-Chazelon

Un lieu de débats et d’engagements

Le OFF ne se limite pas à la représentation. C’est aussi un espace de débat citoyen où des forums, rencontres professionnelles, ateliers et conférences sont organisés, interrogeant les grandes questions qui traversent le monde du spectacle vivant, comme les droits sociaux des artistes, la précarité des compagnies, les questions de diversité, l’écologie dans la création, la liberté d’expression et de création.

 

Depuis quelques années, un courant éco-responsable se développe dans le OFF : mutualisation des décors, limitation des supports papier, circuits courts pour la restauration des artistes… Une nouvelle génération d’artistes cherche à inventer un festival plus durable, sans renoncer à sa vitalité.

 

Que l’on soit spectateur ou artiste, participer au OFF c’est donc accepter l’inattendu, l’inconfort parfois, mais aussi l’intensité, la proximité et l’authenticité. Nous vous souhaitons de profiter pleinement de l’expérience !

 

FESTIVAL OFF AVIGNON Du 5 au 26 juillet

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