Joséphine Baker, icône avant-gardiste
Après le succès des premières saisons, le spectacle revient pour le 50 ème anniversaire du retour de la star à Bobino avec une joséphine éblouissante !
SHAÏNA PRONZOLA, DIGNE HÉRITIÈRE DE JOSÉPHINE BAKER
Figure intemporelle, artiste libre et engagée, Joséphine Baker fascine encore, 50 ans après sa disparition. À Bobino, une comédie musicale haute en couleur rend hommage à ses multiples talents. Sur scène, c’est Shaïna Pronzola qui incarne la légende. Avec le brio qu’on lui connaît, elle met sa voix, son énergie et son charisme au service de son interprétation. Rencontre avec une digne héritière de Joséphine Baker.
Joséphine Baker est une légende, qu’avez-vous ressenti quand on vous a proposé de l’incarner ?
Ce que j’ai ressenti, c’est beaucoup de pression, forcément, parce que c’est un rôle qui a une très forte histoire et donc aussi beaucoup de responsabilités.
Et en même temps, c’est un honneur qu’on ait pensé à moi pour jouer une telle icône.
Joséphine Baker était bien plus qu’une vedette de music-hall. Le spectacle s’empare-t-il de toute sa complexité ?
Le spectacle retrace toute sa vie, de son enfance à la fin de sa vie. Ce qui est intéressant, c’est qu’on va de l’enfant qui subit le racisme, à la Joséphine maman, en passant par la Joséphine artiste passionnée dont le caractère s’affirme, avec son côté militant pour faire changer un monde avec lequel elle est en désaccord.
C’est d’ailleurs une des facettes d’elle les plus intéressantes : elle a vraiment voulu faire bouger les choses dans la société en étant elle-même, avec ses convictions.
Elle a une rage mélangée avec beaucoup de douceur et de joie, sa détermination est très belle.
Joséphine Baker était aussi une femme noire devenue star mondiale à une époque de forts préjugés. C’est important ?
C’est très important. C’est grâce à des femmes comme elle que les choses sont un peu plus faciles pour les gens colorés, même si tout n’est pas parfait.
Je sors du rôle de la Marquise dans Molière où je défendais des valeurs très fortes, des idées féministes et d’acceptation de soi. Beaucoup de mères de petites filles métisses ou noires avec des afros me disaient qu’elles acceptaient mieux leurs cheveux après avoir vu le spectacle. Alors là, avec le rôle de Joséphine, c’est le Graal.
Ça ajoute encore plus de valeurs et de partage avec les jeunes générations de se dire que c’est une femme qui n’appartient pas à notre siècle, mais qui a tellement marqué le monde par sa modernité.
En tant que première artiste noire à être applaudie et idolâtrée, bien qu’elle ait aussi connu le racisme, elle nous a ouvert les portes et nous permet, comme à moi, de vivre de ma passion.
Par sa détermination, elle a gagné du crédit et un pouvoir d’expression. C’est fou, elle a quand même été la seule femme noire à parler pendant le discours I have a dream de Martin Luthe
r King !
Elle avait un côté révolutionnaire, avec de la volonté, comme si son âme était venue sur Terre pour faire comme ça et pas autrement.
C’était plus fort qu’elle et elle l’a fait à travers l’art, ce qui est encore plus beau. Elle aurait pu se contenter d’être une star, mais à un certain moment de sa carrière elle a commencé à faire passer des messages pour essayer de rendre le monde meilleur.
On connaît vos multiples talents, mais comment vous êtes-vous spécifiquement préparée pour devenir Joséphine Baker sur scène ?
Je me suis beaucoup documentée pour essayer de vraiment sentir son âme en moi, même si je mets aussi beaucoup de moi dans le rôle.
Quand on reçoit le livret et les chansons, il faut bûcher, bûcher, bûcher. J’ai aussi écouté des interviews de Joséphine Baker pour voir sa manière de parler, de s’exprimer.
C’est un personnage qui a énormément de lâcher-prise, elle se moquait du regard des autres, et ce lâcher-prise, je vais devoir le chercher en moi. Jusqu’à ne faire qu’un avec le personnage, avec le public et me laisser enivrer par la passion, la musique, le partage, jusqu’à briser tous les codes comme elle le faisait.
Donc voilà, beaucoup de lâcher-prise, de travail et de coaching, et aussi essayer de me faire confiance, de me dire que j’ai forcément un peu d’elle en moi et que je vais savoir en faire quelque chose de joli, même si c’est beaucoup de pression (rires).
Quels sont les meilleurs arguments pour aller voir le spectacle Joséphine Baker, le musical ?
C’est 1h40 de pur bonheur qui retrace beaucoup d’événements importants du monde dans lequel on a la chance de vivre.
C’est du partage, de la joie. On sort de ce spectacle très heureux et très réconcilié avec l’humain. Je pense que c’est un spectacle qui donne foi en l’avenir, le meilleur reste à venir.
Par Émilie Hangue Moquiot
BOBINO
Du 9 octobre 2025 au 25 janvier 2026




