ADN : UNE INTERVIEW DE FLAVIE PEAN ET CAROLINE AMI
Un thriller tiré d’une histoire vraie au Michel
Avec « ADN », Caroline Ami et Flavie Péan se lancent dans un thriller haletant au théâtre. Inspiré d’une histoire vraie, il est porté par une mise en scène audacieuse et pas moins de 70 changements de lieux. Entre anecdotes de création et réflexions sur leur complémentarité, elles reviennent sur cette aventure commune.
Comment vous vous êtes rencontrées ?
Caroline : Nous nous sommes rencontrées lors d’un casting pour une pièce de théâtre.
Flavie : Oui, on était en compétition pour le même rôle ! Nous ne l’avons pas obtenu, mais cette expérience nous a rapprochées et a marqué le début de notre amitié.
Caroline : Quelques années plus tard, je jouais dans À gauche, en sortant de l’ascenseur. Un remplacement était nécessaire, et j’ai encouragé Flavie à tenter le casting.
Flavie : Exactement, et j’ai décroché le rôle. Nous avons joué ensemble pendant trois ans, et c’est durant cette période que l’idée d’écrire
à deux a germé.
Comment est né le projet ADN ?
Caroline : L’idée est partie d’un fait divers de seulement cinq lignes. Nous avions envie d’écrire un thriller, un genre que nous adorons mais qui restait peu représenté au théâtre.
Flavie : Ce fait divers racontait une histoire particulièrement troublante : à la suite d’un test ADN, un homme découvre qu’il n’est pas le père de son bébé – mais son oncle. Il n’a pourtant, à sa connaissance, pas de frère ! Nous y avons vu un point de départ idéal, avec des possibilités infinies pour explorer la psychologie des personnages et construire une intrigue pleine de rebondissements.
Comment s’est déroulé ce premier projet à deux ?
Caroline : Très bien ! La preuve : nous sommes toujours amies ! (rires) Nous avons su rester à l’écoute l’une de l’autre et mettre nos égos de côté pour privilégier le bien de l’histoire.
Flavie : Oui, ce fait divers, malgré sa brièveté, nous a donné une base solide. Il nous a permis de poser les fondations d’une histoire que nous avons ensuite enrichie ensemble.
Caroline : On a donc commencé classiquement : un plan, des personnages bien définis, et des recherches approfondies. Nous avons exploré en détail et réalisé de nombreuses versions avant de parvenir à la forme finale.
Flavie : Nous sommes même allées jusqu’à dessiner des arbres généalogiques pour mieux comprendre les liens entre nos personnages.
Caroline : Nos styles d’écriture se sont révélés très complémentaires. J’apprécie de plonger dans les détails, d’approfondir la psychologie et de trouver le mot juste, avec un appui sur des recherches rigoureuses.
Flavie : De mon côté, je suis plus instinctive. J’aime proposer des idées parfois inattendues, m’amuser avec les personnages et surtout, écrire les dialogues, ce qui me passionne.
Comment avez-vous travaillé sur la mise en scène ?
Caroline : En écrivant, nous imaginions des scènes très cinématographiques. À un moment, nous nous sommes demandé si cela serait réalisable sur scène… puis nous avons décidé d’assumer pleinement nos ambitions. Nous voulions un rythme effréné et des changements de lieux quasi incessants, comme dans un film.
Flavie : C’est là que Sébastien Azzopardi est entré dans l’aventure. Son travail sur La Dame blanche nous avait profondément marquées. C’était immersif, moderne, et parfaitement aligné avec l’esprit que nous voulions pour ADN.
Caroline : Sa mise en scène est une prouesse. Il a orchestré nos 70 changements de lieux comme un ballet millimétré. Les décors évoluent constamment, les comédiens alternent entre plusieurs personnages, et tout est d’une précision remarquable.
Flavie : Oui, il a magnifié le texte. Sa mise en scène est à la fois audacieuse et accessible, tout en respectant notre vision.
Qu’est-ce qui fait un bon thriller, selon vous ?
Flavie : Un bon pitch et une bonne résolution. Une intrigue haletante ne suffit pas si la fin laisse un goût d’inachevé ou de frustration.
Caroline : Exactement. Nous avons veillé à éviter ce piège. Avec ADN, nous avons mis un point d’honneur à maintenir le suspense jusqu’au bout, avec une double résolution qui prend tout le monde à contre-pied.
Un portrait chinois pour terminer : si vous étiez un registre, lequel seriez-vous ?
Caroline : Littéraire, sans hésiter. Les mots, l’écriture et les livres ont toujours été une source d’inspiration et me nourrissent depuis toujours.
Flavie : Pour moi, ce serait cinématographique. Je suis passionnée par l’image, sa puissance évocatrice et par les émotions qu’elle procure.
Actuellement au Théâtre Michel
Par Sophie Geneste