ARNAUD TSAMERE

Le talent à plein nez

(c) Olivier Corsan

De l’improvisation aux sketches, en passant par la chronique journalistique et l’animation télé, Arnaud Tsamère est un homme plein de ressources, dont le talent conquit le public dans tous les registres. Aujourd’hui, c’est Arnaud Tsamère, le comédien, qui prend le temps de partager les défis et les joies d’incarner Cyrano de Bergerac. Sur les planches du Théâtre Montparnasse, il offre une interprétation convaincante du célèbre personnage, dans une mise en scène d’Alain Sachs.

Vous êtes connu pour vos spectacles humoristiques sur des formats très différents. Qu’est-ce qui vous a motivé à accepter ce rôle emblématique ?

C’est une idée commune avant tout, celle d’Alain Sachs et la mienne. En début de carrière, j’ai joué dans une adaptation de Cyrano, sans jouer Cyrano [il incarnait Christian de Neuvillette, NDLR]. Je suis tombé amoureux de cette œuvre. Et depuis 20 ans, je rêvais de ce rôle. Cette pièce d’Edmond Rostand demande à la fois une maîtrise de l’alexandrin, une capacité dramatique et un sens du timing comique.

Comment jonglez-vous entre ces différents aspects ?

Je crois que l’école de l’improvisation théâtrale m’a beaucoup aidé à développer un côté caméléon dans le jeu. Et puis, ce texte, dit avec un tant soit peu de sincérité, ouvre des portes magnifiques en tant que comédien. Cyrano est un personnage complexe, à la fois héroïque et vulnérable.

Cette dualité vous ressemble-t-elle ?

Ce serait prétentieux de dire de moi-même que je suis héroïque, mais en tout cas, aimant les prises de risque, l’adrénaline, oui, c’est certain. Vulnérable, encore plus certain. Mon parcours sentimental chaotique en témoigne.

Y-a-t-il une inquiétude à interpréter des scènes cultes comme la tirade du nez ou la déclaration sous le balcon, qui sont gravées dans la mémoire collective du public ?

Un peu oui. Mais on oublie vite. Une fois sur scène je n’y pense pas. Et surtout je suis entouré d’une troupe merveilleuse qui me garde l’esprit au chaud. Alain Sachs nous a prévenus que certains
spectateurs viendraient comme à la messe entendre ce texte. J’essaie de ne pas m’en faire un pic.

Est-il important aujourd’hui d’encore jouer Cyrano comme une affirmation d’un refus de la compromission ? d’une liberté intérieure ?

« Moi, c’est moralement que j’ai mes élégances. Je ne m’attife pas d’un manteau de courbettes, mais je suis plus fier de mon âme que si j’avais un manteau à traîne. » Je suis heureux de voir que vous avez saisi l’un des nombreux et sublimes thèmes de cette pièce de génie.

En quoi la mise en scène d’Alain Sachs renouvelle cette œuvre patrimoniale ?

Nous étions tous les deux d’accord sur les intentions : pas de « bonne idée » de mise en scène pour se distinguer. Non, plutôt le classique que cette œuvre mérite. Alain est sans doute ma plus belle rencontre dans ce métier. Sa mise en scène est magnifique et à la fois sans aucune prétention. Alors que son CV pourrait le lui permettre.

Le théâtre Montparnasse est un lieu à l’identité unique. Que ressentez-vous à l’idée de jouer dans cet écrin ?

De la fierté. Je n’ai pas d’autres mots. Ma loge a été occupée par les plus grandes et les plus grands. Je dois respecter ça et le garder dans un coin de ma tête. D’ailleurs, je serai éternellement reconnaissant à la direction du théâtre (Bertrand Thamin et Stéphane Engelberg) pour leur confiance et leur générosité dans les moyens engagés.

Jusqu’au 15 décembre, au Théâtre Montparnasse