BERNADETTE DE LOURDES

Un spectacle musical

© Huguette & Prosper

Comment l’histoire d’une petite bergère de 14 ans se met à fasciner les foules bien au-delà des croyants qui connaissaient déjà son aura ? Il aura fallu tous les talents combinés sur scène pour arriver au succès que connaît la comédie musicale « Bernadette de Lourdes ». 

Les producteurs du spectacle ont incontestablement eu l’instinct sûr, mais – sans doute un peu superstitieux – ils ne manquent jamais de raconter qu’ils ont eu l’idée de cette comédie musicale à Lourdes même ! Quelle que soit l’origine de ce déclic, ils ont eu bien raison de porter sur scène la vie de Bernadette Soubirous car elle s’avère passionnante. 

Dans un souci de réalisme, le récit se trame à partir de documents authentiques qui dessinent – en s’autorisant quelques allers et retours – le destin hors du commun de cette héroïne de la fin du XIXe siècle, pourtant de nature discrète et chétive. Le public découvre les apparitions miraculeuses dont Bernadette fait le rapport, ainsi que les répercussions de sa rencontre avec la Vierge sur sa vie sociale, dans sa communauté, dans sa famille et avec les autorités. Scepticisme, curiosité, rejet, envie sont les réactions parfois violentes qui sont opposées à la petite Pyrénéenne obsédée par la grotte de Massabielle. 

Bernadette n’a pourtant pas d’autres ambitions que de témoigner et de partager son expérience. Son humilité et sa lutte calme participent à la force du récit. Sur les planches, la puissance toute en réserve de ce personnage modeste est servie par l’interprétation impeccable d’Eyma Schären, découverte en 2015 dans The Voice Kids et particulièrement remarquée par Patrick Fiori à l’époque. Par sa présence lumineuse sur scène, la chanteuse charismatique se détache des tableaux. Splendides et convaincants, les décors et les costumes évoquent le clair-obscur de Rembrandt, le réalisme de Millet. La scénographie toute en fluidité – à tel point qu’on a parfois l’illusion de la cinématographie – donne à voir tant l’austérité que l’espoir. Des projections soutiennent à propos les interrogations du spectacle entre lumières et ombres, mystère et vérité. 

Les voix posées sur les compositions de Grégoire sont sublimes. Par son interprétation, la troupe emporte les spectateurs vers une transcendance qui peut surprendre ceux qui ne croient pas. Il y a un effet de communion qu’on se surprend à ressentir. Avec ou sans foi, sans ressentir aucun prosélytisme, on est touché par la grâce devant une proposition aux telles qualités artistiques. Un spectacle familial, une touche de culture générale, un très beau moment à partager. 

Actuellement en tournée dans toute la France et à Paris du 21 au 23 juin

Par Émilie Hangue-Moquiot

© Mathieu Poirier