Candidats à la bonne humeur !

Au théâtre des Deux Anes, Jacques Mailhot et sa bande de joyeux drilles s’en donnent à cœur joie.Avec leur spectacle « Elysez-nous », le rire irrévérencieux sort gagnant des urnes à tous les coups !

Si le théâtre des Deux Anes n’existait pas, il faudrait l’inventer pour profiter du spectacle politique Elysez-nous ?

Jacques Mailhot : Sans doute ! Je pense qu’il faudrait inventer son frère jumeau. C’est une sorte de soupape de sécurité à la République quand les Français sont un peu mécontents. Nous avons l’art de catalyser un peu les ressentiments et les opinions de la population française.

La chanson, c’est votre arme de contribution massive à l’humour au théâtre des deux Anes ?

Emilie Anne Charlotte : Oui, absolument ! Je suis chanteuse, je pense musique tout le temps.A travers le chant, c’est un bon moyen de s’exprimer. C’est totalement différent de l’exercice d’écriture de sketchs. Dans ce spectacle Elysez-nous, j’ai une composition où je parle de la poisse que nous a apportée Emmanuel Macron, cela aurait été difficile à faire dans un sketch.Avec les reprises, j’essaye de coller aux mots de la chanson originale.

Zibou, Pépette, Minou, Patounette, Bébert… dans « Elysez-nous » nos amis les bêtes à travers les hommes et les femmes politiques sont bien représentés !

Florence Brunold : C’est vrai, vous avez remarqué comme ils sont « bêtes » ? J’aborde toujours la politique sous un angle différent. Je l’avais déjà fait précédemment à travers les plantes. Disons, que je m’amuse en prenant le chemin des écoliers…

L’exploration des incohérences de notre vie quotidienne est votre terrain de jeu favori…

Gilles Détroit : Absolument ! Je fais dans le sociétal ! Je traque les petits tracas du quotidien. Celui sur le distributeur à billets de la SNCF dans les gares en fait partie, il paraît que c’est géré par de « l’intelligence artificielle » ! (Rires) Tout le monde a pu l’expérimenter comme moi, maintenant à force on apprivoise un peu mieux tout ça, mais il reste quand même des gens qui ont des difficultés…

Dans le spectacle, vous croquez la politique française avec un sacré appétit !

Paul Dureau : Oui, c’est à dire que l’on a des mets de choix ! Ils peuvent être parfois lourds à digérer pour certains, mais nous permettent à nous de passer à table et d’évoquer leurs turpitudes. Cette campagne présidentielle s’annonce très mouvementée !

Parmi toutes vos excellentes imitations, celle de Léon Zitrone vaut le détour. Elle résume à elle seule toute l’actualité politique, non ?

Michel Guidoni : Oui. J’ai imaginé la prochaine élection présidentielle comme étant une grande course de concurrents à travers une course de chevaux commentée par Léon Zitrone, que j’adorais. Lors de cette course hippique et épique à Auteuil, on risque de faire des chutes ! C’est ce que je raconte dans mon sketch.

Le théâtre des Deux Anes a pour mission depuis 1910 d’être désobéissant. Comment cela se traduit-il pour vous
dans le spectacle ?

Jacques Mailhot : Elle se traduit par l’irrévérence ! Nous essayons de nous soustraire aux diktats médiatiques et à la bien-pensance ambiante.
Emilie Anne Charlotte : C’est de pouvoir s’exprimer comme on a envie de le faire, même si ce n’est pas forcément gentil ! Je cherche à piquer là où ça fait mal… (Rires)
Florence Brunold : Les humoristes que nous sommes sont tous désobéissants, tous un peu rebelles, avec un peu de mauvaise foi. Je regrette pour l’instant de ne pas avoir beaucoup de femmes rigolotes à faire sur scène. Je trouve Valérie Pécresse un peu lisse, au contraire de Roselyne Bachelot qui est un personnage haut en couleurs. J’attends avec impatience les bêtises de tout ce petit monde, je suis certaine qu’il va y en avoir ! (Rires)
Gilles Détroit : Ici on peut dire ce que l’on veut, on n’obéit à personne. Il n’y a pas de ligne ni de charte, pas de censure, et j’ajouterais que chacun est responsable de ce qu’il a envie de dire.Après ça plaît ou pas…
Paul Dureau : A qui désobéissons-nous ? Au pouvoir ? Aux médias ? A une certaine bien-pensance qui pourrait parfois nous amener à s’auto-censurer ? Les seuls qui pourraient le faire, mais qui au contraire nous portent aux nues, c’est le public ! Il vient nous voir justement pour cet esprit corrosif et piquant qui peut quelques fois dépasser les limites.
Michel Guidoni : J’ai la chance de jouer dans ce théâtre depuis 30 ans. Rien n’a changé ! Je continue à faire mon métier de chansonnier sans aucune censure, donc j’ai toujours pu restituer fidèlement mes sketchs, mes chansons, mes parodies. C’est pareil sur Paris Première avec notre programme « La revue de presse ». J’ai toujours travaillé en toute liberté, et je me rends compte aujourd’hui que c’est une chance exceptionnelle !

Par Marc Bélouis