Dolores

Cette pièce raconte l’histoire vraie de Sylvin Rubinstein, danseur juif polonais de flamenco, confronté à la barbarie nazie et héros d’une résistance toute aussi flamboyante que sa danse.

La mise en scène fine et puissante de Virginie Lemoine vient porter un récit poignant, sublimé par la présence de danseurs de flamenco et musiciens sur scène.

Une histoire de famille, de passion et de combat.

 

La famille, la danse, la vengeance

Sylvin Rubinstein n’aura révélé son destin hors du commun qu’au crépuscule de sa vie. C’est par un curieux truchement que les auteurs de cette pièce,Yann Guillon et Stéphane Laporte, découvrent son histoire.

Au détour de la recommandation sur les réseaux sociaux d’un documentaire qui lui est consacré, l’évidence s’impose à eux : il faut raconter sa vie.

Sylvin (joué par Olivier Sitruk en alternance avec Adrien Melin) avait une passion, le flamenco, qu’il partageait avec sa sœur jumelle adorée, Maria (Joséphine Thoby).

Ils se sont fait connaître internationalement dans les années 1930 grâce à leur duo Imperio et Dolores jusqu’à l’invasion nazie de leur pays natal, la Pologne. Les voilà pris dans la barbarie et l’horreur, emmurés dans le ghetto du quartier juif.

Mais Sylvin est une âme libre et trouve le moyen de s’échapper, avec Maria.

Il rejoint la résistance au côté d’un officier de la Wehrmacht opposant au régime nazi, Kurt Werner(François Feroleto), et cette dernière, tout aussi déterminée, part chercher leur mère à Brody.

Maria sera arrêtée et déportée, ils ne se reverront jamais. Alors Sylvin, pour supporter son terrible chagrin, devient Dolores: il se travestit et se glisse dans le personnage scénique de sa sœur.

Il dansait autrefois pour la beauté ; sous les traits de Dolores, chaque mouvement devient l’arme de son désespoir et de sa vengeance.

Une mise en scène entre flamenco et mémoire

Pour raconter ce récit hors norme, Virginie Lemoine signe une mise en scène finement orchestrée et fait le choix fort d’un décor épuré qui met en avant le cœur battant de la narration : le flamenco.

Les danseurs Sharon Sultan et Ruben Molina donnent vie à Imperio et Dolores, dans des chorégraphies signées Marjorie Ascione.

La musique est jouée sur scène, par Cristo Cortes, reconnu comme le plus grand chanteur français de flamenco actuel, et Dani Barba, guitariste, interprète et compositeur.

Danse, musique et théâtre se fondent en un triptyque indissociable : la chorégraphie dialogue avec le jeu, les décors se déplacent avec fluidité, parfois manipulés par les musiciens eux-mêmes, plongeant ainsi les spectateurs au cœur de l’histoire, comme au sein d’un espace tridimensionnel.

Sur scène, le personnage de Sylvin raconte son parcours pour la première fois au gré des souvenirs qui s’accrochent en projection sur des voilages froissés, se glissent dans les mouvements élégants et tendus des danseurs, se dévoilent dans les mélodies tragiques.

Ode à la force de l’Art de l’Amour

L’histoire de Sylvin et Maria Rubinstein, dramatique et bouleversante, se déploie à travers le prisme d’une danse où chaque geste, chaque frappe de talon et chaque mouvement de bras exprime la douleur, la passion et la fatalité.

La pièce rend hommage à l’héroïsme d’un homme qui a mué sa passion vibrante pour son art et l’amour indéfectible à sa sœur en un élan vital de survie. Elle ne raconte pas simplement un désir de vengeance suite à une perte indicible lors d’une des périodes les plus sombres de l’histoire.

Elle révèle la transfiguration du désespoir, de la force vitale et la puissance créatrice qui ont fait du destin de Sylvin Rubinstein à la fois une tragédie et une source d’inspiration.

 

 

THÉÂTRE ACTUEL LA BRUYÈRE

Par Caroline Guillaume

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