« ÉDITH PIAF, je me fous du passé »

Béatrice Bonnaudeau

Comédienne et fondatrice de la compagnie Mascarade, Béatrice Bonnaudeau est à l’origine de ce spectacle musical dédié à la légendaire Piaf. Un défi surmonté haut la main pour une artiste aux multiples talents et ses collaborateurs. Entre fiction et réalité, revivez le mythe Piaf comme vous ne l’avez jamais vu. Jusqu’au 7 novembre 2021 au Studio Hébertot.

Quelle est la genèse de ce projet ?

Tout a commencé il y a une dizaine d’années alors que je chantais dans les bars. De par ma ressemblance à la fois physique et vocale avec Piaf, il y a eu très tôt une demande du public pour que je l’incarne. Etant également comédienne, j’avais très envie de raconter des histoires en y mêlant le chant. C’est à ce moment-là que l’idée a
germé dans ma tête : créer un spectacle, ou plutôt une pièce de théâtre musicale, autour de l’artiste Edith Piaf. Alors, en effet, je suis à l’origine de cette création, mais c’est le public qui m’en a soufflé l’idée !

Victor Guéroult et Loïc Fieffé sont respectivement auteur et metteur en scène de la pièce, comment s’est déroulée votre collaboration ?

En 2014, j’ai parlé de cette idée de pièce de théâtre musicale à mon metteur en scène Loïc Fieffé, et il m’a immédiatement encouragée à le concrétiser. Mais je ne voulais pas faire un simple récital. Grâce à Loïc, j’ai ensuite rencontré Victor Guéroult et j’ai beaucoup aimé son travail d’auteur. Lors de notre rencontre, je lui ai expliqué mon idée. Il a tout de suite accroché et à partir de là, nous nous sommes vus régulièrement pendant six mois tous les quatre, avec Lionel Losada, le directeur musical et vocal. Chacun a apporté sa pierre à l’édifice et la collaboration s’est magnifiquement bien passée. Petit à petit la trame s’est construite, l’histoire s’est étoffée et d’autres personnes sont venues s’ajouter au projet.

Pourquoi ce spectacle est unique ?

Beaucoup de chanteuses interprètent Piaf. Il y a aussi eu beaucoup de biopics. Pour m’attaquer à ce monument de la chanson, je voulais me démarquer, apporter quelque chose de nouveau. L’originalité réside dans le fait que nous ayons décidé de mêler fiction et réalité : notre approche est donc très différente. D’un côté, on s’est servi d’éléments de la vie de Piaf et de l’autre, on a inventé l’histoire d’une jeune femme qui va se retrouver dans la peau de sa vedette préférée, forcée par le destin. Notre hommage porte sur la femme, l’artiste, le mythe. Le public aime retrouver Piaf, écouter ses grands succès. Cette histoire nous a permis de les intégrer au spectacle.

« C’est un rôle extraordinairement intime »

Quelle est votre chanson préférée du répertoire d’Édith Piaf ?

J’en compte trois essentielles. La première, « La foule », est un titre qui demande de hautes capacités vocales, un morceau très exigeant. C’est un monde en soi, une chanson dont on pourrait faire des films, qui finit en tragédie absolue. C’est une chanson très visuelle qui fait penser aux tableaux de Renoir. C’est un voyage à mille à l’heure ! La
seconde est « Padam padam », aussi bien musicalement que vocalement. Enfin, je dirais « Non, Je ne regrette rien » par rapport à ce qu’elle raconte. Elle semble triste mais est en réalité pleine d’espoir, demain est un autre jour…

Comment définiriez-vous le lien qui vous unit à Édith Piaf ?

Piaf est intemporelle. J’aime ses chansons car elles nous parlent de l’humanité et tout le monde peut s’y retrouver. C’est un peu notre patrimoine commun. J’ai une grande admiration pour elle, cela fait maintenant deux ans que je vis avec elle et ses chansons. C’est un personnage insaisissable, elle a tellement de facettes. Dans le spectacle, je reprends sa gestuelle, sa façon de chanter, mais je ne cherche surtout pas à l’imiter. Mon travail consiste plus à la comprendre, l’incarner, à laisser entrer en moi une part d’elle. Je mêle tout cela à mon jeu de comédienne tout en restant la plus authentique possible.

Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées et comment les avez-vous surmontées ?

Naturellement, nous avons d’abord rencontré des difficultés financières, la crise sanitaire ayant considérablement accentué les choses. En ce qui concerne la collaboration artistique, elle a été très constructive et ce, dès le début. Bien sûr, le texte a demandé un gros investissement en temps pour se stabiliser. Il nous a surtout fallu trouver une jeune
comédienne chanteuse qui devait me ressembler. Une fois l’équipe artistique constituée, le travail est devenu plus fluide. Nous formons une véritable troupe et la passion et l’énergie de chacun a permis de concrétiser ce beau projet.

Diriez-vous que ce rôle est celui de votre vie ?

Interpréter un monstre sacré tel que Piaf est toujours pour un artiste un peu le « rôle de sa vie ». Ce rôle, je l’ai construit pour moi. Il m’est très intime : j’osais me frotter à la grande, la gigantesque Edith Piaf ! Ça fait peur, mais il fallait que je fasse quelque chose de ce lien qui m’unissait à elle. C’était un besoin impérieux. Je prends beaucoup de risques avec ce rôle car si l’accueil peut être enthousiaste, il peut aussi être dangereux. Mais les jeux sont faits et la parole est dorénavant donnée au public…

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Par Julia Barbaran