ÉMILIE DELETREZ ET MICHAËL LOUCHART Chériiii, on change de sexe ce soir !

Et si à la suite d’un voeu, vous vous retrouviez Mesdames dans la peau d’un homme, et vous Messieurs dans la peau d’une femme, comment réagiriez vous ? De et avec Emilie Deletrez et Michaël Louchart, au Petit Palais des Glaces, ce spectacle vous en fera voir de toutes les couleurs ! Voilà enfin une comédie réjouissante qui se conjugue au « mascuminin » pluriel !

A qui parlons-nous, à Bertrand dans Clarisse ou l’inverse ?

Emilie : Ah oui ! Je vais parler en Bertrand dans Clarisse ! (en faisant une voix
d’homme) Ça me va super bien ! On va faire comme ça. (Rires)
Michaël : Je vais donc parler en Clarisse dans Bertrand ! Je deviens « Bertrice » alors, c’est ça ? (Rires)

Vous changez de sexe à chaque représentation, comment le vivez-vous ?

E : Plutôt bien ! Le fait d’extérioriser cette partie masculine en moi, c’est sympa et se mettre à la place de l’autre cela permet d’envisager des compromis et se montrer d’accord sur beaucoup de sujets.
M : Je le vis parfaitement bien. C’est une grande récréation tous les soirs ! Nous nous connaissons depuis une vingtaine d’années, nous rions beaucoup entre nous. Ce spectacle à Paris, c’est un cadeau tout simplement. Il nous arrive d’improviser, et le public ressent cette connivence sur scène en s’amusant avec nous.

La pièce est un grand succès ce qui vous permet de jouer les prolongations jusque fin juin au Petit Palais des Glaces. Dans quel état d’esprit étiez-vous lors de votre première représentation dans ce théâtre parisien en janvier ?

M : C’était drôle parce que nous n’avions pas eu le chiffre officiel définitif de fréquentation, et nous étions arrivés au théâtre avec seulement le chiffre de quatre spectateurs ! On s’est dit : bon c’est Paris, c’est normal, on débute… Et puis en finissant de se renseigner auprès de l’accueil, on nous annonce le chiffre de 80 personnes ! C’est pour D’un sexe à l’autre ? On s’est regardé avec Clarisse ! Mais ils viennent d’où ces gens ? C’est la première, il y a le Covid ! Nous en avions les larmes aux yeux. De l’émotion à l’état pur.
E : Jouer à Paris, c’est la cerise sur le gâteau ! Mais on se demandait si nous allions être bien accueillis. Est-ce que nous étions légitimes à nous retrouver au Petit Palais des Glaces ? Comme l’a dit Michaël, c’est un cadeau de jouer ici tous les mardis et mercredis, et vu l’enthousiasme du public, le spectacle a été prolongé. Je dis tout simplement, merci la vie !

La difficulté dans le spectacle est qu’il a fallu trouver un équilibre entre les rapports homme-femme, non ?

E : Le mouvement féministe est bien présent dans notre société, et on s’est posé la question de ce que nous voulions montrer au public. La génération de nos parents a forcément vécu des choses différentes. Il en est ressorti que nous allions rester dans l’entre-deux, avec l’idée directrice que les hommes et les femmes en prennent chacun pour leur grade avec parfois de la caricature, mais en n’étant jamais très loin de la vérité…
M : C’est un beau miroir que l’on tend au public. Les spectateurs s’identifient complètement aux personnages et retrouvent des situations qu’ils ont vécues. Les retours que l’on a vont dans ce sens. Certes, nous jouons quelque fois sur les clichés mais en inversant les rôles, si bien que l’on arrive à les éviter. C’est la force du spectacle.

Vous défilez avec style en escarpins façon « poule en haut, héron cendré « , c’est une
démarche qui mérite d’être brevetée !

M : Je pense, oui ! Ce n’est pas lié à des années d’apprentissage. C’est mon côté basse-cour ! (Rires) Quand j’étais gamin, les professeurs m’appelaient « deltaplane » parce que j’avais toujours la tête levée à rêver en regardant la nature à travers les carreaux, je planais en quelque sorte. Jeune et adolescent, pour m’évader et fuir les conflits familiaux, j’ai passé beaucoup de temps à arpenter la forêt et la campagne. J’observais tout ce qui se passait dans les fermes et alentour. J’ai donc une grande capacité à imiter les animaux de toutes sortes ! (Rires)
E : « Poule en haut, héron cendré » ? Je trouve que Bertrand en Clarisse le fait avec beaucoup plus de grâce que Clarisse en Bertrand. Je pense que les paons du bois de Vincennes n’ont qu’à bien se tenir ! (Rires)

Quels voeux, qui n’auraient pas de conséquences cette fois-ci, exprimeriezvous pour 2022 ?

E : Avec Michaël, juste de s’écouter, de se voir, de s’entendre, et de continuer à vivre
ensemble cette belle aventure.
M : De continuer à s’amuser à jouer ce spectacle en prenant encore plus de libertés.

Par Marc Bélouis

PETIT PALAIS DE GLACES, tous les mardis et mercredis