Gaëlle Billaut-Danno dans « La Journée de la Jupe »

Gaëlle Billaut-Danno © Olivier Allard
Dix ans après le film, le réalisateur de « La Journée de la jupe », Jean-Paul Lilienfeld, a adapté le texte pour en faire un huis-clos théâtral toujours brûlant d’actualité. La comédienne Gaëlle Billaut-Danno interprète Sonia, cette prof qui va prendre sa classe en otage…
Pouvez-vous nous parler de la pièce La Journée de la jupe, et des thèmes qu’elle aborde ?
C’est une adaptation fidèle du film, un fait-divers qui aurait pu exister et qui montre ce qui se passe dans une classe d’aujourd’hui. Par ce spectre, plusieurs fils sont tirés autour des thèmes de la laïcité, de la violence à l’école, de la vision de la femme, des relations filles-garçons, élèves-profs…
Qu’est-ce qui vous a plu à l’idée d’incarner Sonia, et plus globalement, qu’est-ce qui vous a motivée à accepter ce projet ?
J’ai rencontré le metteur en scène Frédéric Fage en 2018 en Avignon. Il m’a proposé cette pièce, et cela m’a littéralement fait dresser les poils sur les bras. J’avais vu le film, et pour moi il signait le retour d’Isabelle Adjani. La force du propos et la façon dont les choses étaient retranscrites à l’écran, cela m’avait marqué. J’ai senti tout de suite qu’il était nécessaire, dix ans plus tard, de faire cette pièce. Être choisie pour jouer Sonia a été un cadeau absolu. Cette femme veut sauver ses élèves malgré eux, elle veut les aider à s’en sortir. Elle le fait mal, avec ses propres moyens, mais elle les aime. J’ai cherché le point de jonction entre elle et moi pour l’incarner, et pour me connecter au personnage.
En quoi cette histoire est-elle encore d’actualité ? (On pense au mouvement #Metoo, au film Les Misérables…)
A l’époque, Jean-Paul Lilienfeld a eu du mal à faire le film, à trouver des fonds. Il y avait un silence un peu convenu autour des thèmes abordés. Aujourd’hui, la situation a empiré. Cette pièce est un constat, il n’y a pas de prise de position, ni de condamnation, si ce n’est celle du monde d’en haut. On ne s’est pas assez penché sur la situation des écoles, et aujourd’hui les profs sont débordés et ne se sentent plus soutenus, alors qu’ils ont un rôle central et charnière dans notre société. Les problématiques religieuses, elles aussi, sont exacerbées. La révolution doit venir du haut, sinon cela ne marchera pas.
Elle va si mal que ça, l’école laïque et républicaine ?
Je n’ai pas de solution miracle, mais il faut en tout cas rouvrir le dialogue, être dans l’échange. Il faut s’écouter, prendre le temps. Quand on est jeune, on n’a pas toujours eu le temps de se forger sa propre opinion. Alors on est facilement influençable. Il faut aider ces jeunes à trouver des repères, car ils en manquent cruellement.
Pouvez-vous nous parler des acteurs qui vous accompagnent sur scène ?
Ils sont cinq jeunes, trois garçons, deux filles, et ils sont incroyables. Ils ont conscience de l’importance du propos. Ils perçoivent l’impact de ce qu’ils disent. Cette pièce parle des jeunes d’aujourd’hui, de leur histoire, de la dureté de ce qu’ils traversent et de comment tout ça les impacte. Or c’est finalement assez rare de parler de cette jeunesse-là au théâtre. Je n’oublie pas non plus l’excellent Julien Jacob, qui joue le rôle du négociateur. Nous sommes tous très proches, je crois que nous avons besoin de ça, car ce que nous partageons sur scène est très fort.
Par Nadine Pernay
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