HUMAINS – NARCISSE
Rencontre avec un poète aux milles visages
Du 17 au 18 avril se joue un spectacle d’une singularité rare au Studio Hébertot. Entre conférence musico-poétique et performances enchanteresses, « Humains » questionne, intrigue. Volant au-dessus des cimes de la réalité, Narcisse butine en toute liberté partout où fleurit la beauté.
Quelle est la genèse de votre spectacle Humains ?
Durant la Covid, j’ai écrit un texte en l’honneur des soignants qui a fait le tour du monde. Des centaines de personnes m’ont remercié de les avoir réconfortées. J’avais envie de prolonger la démarche avec un spectacle consacré à l’humanité.
Vous jouez avec la musicalité des mots. Pensez-vous que le slam s’affranchisse des frontières élitistes de la poésie ?
Oui, c’était d’ailleurs l’idée de départ de Marc Smith, l’inventeur du slam à Chicago : rendre la poésie accessible à tous et toutes. Je revendique cette popularité, même si je reste très exigeant dans mon écriture : accessible ne signifie pas stupide.
Artiste pluri-disciplinaire, vous vous êtes entouré pour ce spectacle d’une vingtaine d’artistes, mais aussi de spécialistes tels que des ethnologues, des archéologues et des musicologues. Est-ce une façon pour vous de raconter non pas une humanité mais plutôt des humanités ?
Il y a une seule humanité, mais elle est diversifiée, et c’est cela sa force majeure. Personne n’est capable de fabriquer un téléphone portable : il faut pour cela cumuler les compétences de milliers de personnes durant des milliers d’années. Et j’illustre cette idée en faisant intervenir des artistes les plus différents les uns des autres : une hautboïste baroque avec un danseur hip-hop, une violoniste avec un guitariste rock…
Mêlant démarche artistique et nouvelles technologies, vous avez travaillé en étroite collaboration avec Jean-Philippe Daguerre. Comment avez-vous élaboré la mise en scène ?
Comme je ne viens pas du monde du théâtre, j’avais envie de travailler avec un metteur en scène qui maîtrise parfaitement les ficelles du théâtre classique. Jean-Philippe Daguerre est la personne idéale, il m’a reconnecté avec les fondamentaux. C’est un tout grand metteur en scène, je suis très fier qu’il ait participé à mon projet.
En quoi pensez-vous que votre spectacle puisse contribuer à notre compréhension de l’humanité et plus généralement de notre condition humaine ?
J’aimerais que mon spectacle nous réconcilie avec notre espèce. Parce que dans les médias, on ne met en avant que les points négatifs de l’humanité : guerre en Ukraine, dérèglement climatique… Savez-vous que le mot le plus courant au journal télévisé est le mot « mort » ? Pourtant nous sommes capables de faire des choses magnifiques aussi, et c’est d’elles que parle mon spectacle. Cela dit, je ne suis pas dupe, je sais que le monde va mal, mais je fais le pari que pour espérer mieux faire, mieux vaut mettre le doigt sur ce que nous savons faire de mieux.
« NOUS SOMMES CAPABLES DE FAIRE DES CHOSES MAGNIFIQUES AUSSI, ET C’EST D’ELLES QUE PARLE MON SPECTACLE. »
Quelles émotions souhaitez-vous transmettre à votre public à travers cette représentation ?
En me documentant pour créer ce spectacle, j’ai découvert que toutes les découvertes de l’humanité sont aussi de belles histoires : qu’est-ce qui nous a conduits à parler, à voyager, à écrire, à chanter… j’aimerais partager ces belles histoires avec le public et j’espère qu’il va dire : « oh, mais c’est merveilleux ».
La beauté du geste nous place au cœur même du monde. Alors je vous propose que nous nous quittions sur une note poétique…
Nous avons tous en nous
L’histoire accumulée
De nos pères de nos mères
Depuis l’éternité
L’histoire accumulée
De la terre de la mer
Des nuages et du ciel
De la lune du soleil
De la pierre blanche ou noire
De l’ivoire et du verre
Nous avons tous en nous
L’histoire de l’univers
Par Zoé Dupey.
Le 17 et 18 avril au Studio Hébertot.