Laurent Natrella

Laurent Natrella est aujourd’hui un de nos plus grands acteurs du moment, il est aussi sociétaire de la Comédie-Française. Nominé cette année aux Molières 2017 comme meilleur interprète du théâtre public (résultat le 29 mai), il nous présente cet été au

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Festival d’Avignon deux pièces dont il est le metteur en scène. Cinéma, télévision, doublage, enseignement, un artiste multi facettes qui va nous surprendre comme metteur en scène cet été au Festival d’Avignon avec “Après une si longue nuit” et “Handball, le hasard merveilleux”. Il a joué cette saison à la Comédie –Française dans “Les Rustres”, “Les Enfants du Silence”, “Bajazet” et “Cyrano de Bergerac”.

 

Que voulez nous nous raconter pour que les gens aillent voire votre pièce ?

“Après une si longue nuit” est une pièce écrite par Michèle Laurence. Elle est interprétée par Elodie Menant, Olivier Doté-Doévi, Sliman Kacioui et Maxime Bailleul qui nous livrent une interprétation joyeuse, bouleversante et pleine d’humanité. Sarah, Samir, Tékitoi, Pierrot attendent dans la salle d’attente d’un hôpital où leur mère adoptive, Manou, vit ses derniers instants. Cette femme extraordinaire les a recueillis tous les quatre, enfants blessés par les guerres traumatiques du vingtième siècle. Et durant cette nuit d’attente, nous allons voir leur passé ressurgir, leur enfance, leur colères, leurs renaissances. Malgré les traumatismes, la force de vie triomphe.

 

Vous parlez de quatres orphelins issus de conflits mondiaux, d’où exactement ?

Samir est né à Bagdad, Sarah à Jérusalem, Tékitoi à Kigali au Rwanda, et Pierrot a été abandonné par sa mère Bosniaque devant un hôpital à Aubervillier. Tous les quatre sont donc orphelins et rescapés de la barbarie.

 

À priori on peut penser à une pièce assez dure, assez engagée non ?

Cette “Si longue nuit” d’attente qu’ils traversent ensemble après s’être longtemps perdu de vue, est tissée de conversations, où les souvenirs surgissent par bribes, comme des lambeaux de mémoire déchirée, qu’ensemble ils s’appliquent à recoudre. Il ne s’agit pas de guérir les blessures subies, mais de construire une identité dans la résilience, de partager les souffrances que chacun a vécu dans la solitude, d’éprouver la solidarité au delà des conflits et des différences. Il s’agit de se projeter dans un avenir fraternel et de se souvenir que la force de l’homme, c’est son humanité. C’est une ode à la famille humaine, un contrepoint absolu au renoncement et à la désespérance.

 

Alors maintenant qu’est ce que vous voulez nous raconter sur handball ?

“Handball” part d’une rencontre entre l’auteur Jean-Christophe Dollé et Brigitte Guedj qui interprète la pièce. Elle avait une histoire a raconter, faite de hasards et de rencontres improbables, d’émotions, de coups de théâtre avec en toile de fond, l’histoire de l’Algérie. L’histoire de Brigitte est la source d’inspiration de la pièce, pour laquelle Jean-Christophe Dollé a obtenu une bourse de la fondation Beaumarchais. Elle met en scène Sylvie, entraineur de l’équipe de handball féminine d’Aubervillier, qu’un hasard merveilleux va ramener dans sa ville natale, Constantine en Algérie, qu’elle a dû quitter encore petite fille en 1962.

 

Qu’est-ce qu’elle va y découvrir?

Des tas de choses. Elle va entre autres retrouver Tata Vivianne, héroïne de son enfance, cette femme dont il ne faut pas prononcer le nom au sein de la famille parce qu’elle a défié le pouvoir des hommes et bravé, par amour, tous les interdits familiaux et religieux. Sylvie, avec humour, courage et beaucoup de poésie, nous raconte une histoire de paix et de réconciliation.

 

Êtes-vous content de cette expérience ?

On s’est amusé. Il est bon, dans le monde où nous vivons, de rêver la paix et la réconciliation entre les êtres humains. De la rêver et de la montrer en scène car alors le rêve devient possible, envisageable. De plus, la compagnie de Magie Nouvelle “14 :20” a participé à l’aventure. Ils nous ont aidés à parsemer le spectacle de petites touches de magie extrêmement poétiques. Les spectateurs sortent émus et étonnés d’avoir entendu des choses si rarement dites et d’en avoir tellement ri. Alors oui je suis heureux de cette expérience.

Quand serait vous a Avignon cet été ?

Durant toute la durée du festival, du 7 avril au 30 juillet. “Aprés une si longue nuit” sera joué au théâtre du Roi René à 21h et “Handball, Le hasard merveilleux” sera joué à 16 h 10 au théâtre du Rampart. Je ferai des aller-retours entre les représentations de Cyrano de Bergerac à la Comédie-Française et le Festival d’Avignon.

 

Quelle est la différences entre metteur en scène et comédien ?

Quand je suis comédien, je m’applique à saisir la subjectivité de mon personnage et à la défendre. Quand je suis metteur en scène, je fais en sorte que les différentes subjectivités en présence sur le plateau prennent place dans mon point de vue et racontent l’histoire telle que je choisis de la raconter.