LE HUITIEME CIEL

Jean-Philippe Daguerre et Florence Pernel nous parlent de cette fable onirique emprunte de réalisme

© Grégoire Matzneff

A partir de septembre se jouera au Théâtre Actuel La Bruyère « Le Huitième ciel », la nouvelle création de Jean-Philippe Daguerre. C’est avec enthousiasme et accompagné de sa nouvelle égérie Florence Pernel que l’auteur et metteur en scène de la pièce nous a présenté son oeuvre. Un véritable conte moderne, drôle et actuel.

Pouvez-vous nous présenter la pièce et son personnage principal ?

Jean-Philippe Daguerre : C’est l’histoire d’Agnès Duval (Florence Pernel), une femme qui décide de prendre une retraite anticipée après avoir fait une brillante carrière dans le BTP en tant qu’architecte. Elle est arrivée au sommet d’une réussite sociale, avec beaucoup d’argent, de pouvoir et de considération. Elle prend cette retraite anticipée bien méritée afin de profiter de sa famille et de la vie. Mais elle se rend vite compte qu’à partir du moment où elle arrête de travailler, les choses s’effondrent assez rapidement aussi bien dans sa vie sociale que sentimentale. Rien ne se passe comme prévu. S’ajoutent à cela des évènements et des rencontres qui vont complètement changer sa vie.

« J’AIME BIEN TRAITER DES SUJETS UN PEU ÉPINEUX ET DRAMATIQUES EN METTANT EN CONTRASTE DES SITUATIONS UN PEU NOIRES AVEC DES PERSONNAGES LUMINEUX »

JEAN-PHILIPPE DAGUERRE
Jean-Philippe Daguerre
©Fabienne Rappeneau

Florence Pernel : Et qui vont l’obliger à faire des choix très différents de ce qu’elle était ! J’ajouterais que je retrouve souvent dans le théâtre de Jean-Philippe une forme de rédemption, de deuxième chance. Que ce soit dans Le Petit coiffeur ou dans Adieu Monsieur Haffmann, c’est cette possibilité que la vie n’est pas une autoroute et que parfois on peut prendre des décision qui nous transforment en profondeur. Cette femme c’est aussi l’histoire d’une rédemption.

Quelle a été la genèse du projet ? Et vous Florence, qu’est ce qui vous a poussé à accepter ce rôle ?

FP : Alors moi, rien ne m’a poussé à accepter, le fait de travailler avec Jean-Philippe Daguerre c’était déjà un oui ! (rires). J’ai eu beaucoup de chance car son projet me plaisait énormément. De tout ce que j’ai fait au théâtre, c’est le rôle le plus complet, et qui tombe à un moment de ma vie parfait parce que j’ai l’âge du personnage et que dans ma vie, j’estime avoir accompli des choses pouvant s’identifier à une réussite. Ce rôle me parle énormément mais ce n’est pas que l’histoire d’une femme, c’est aussi l’histoire d’un couple qui fait des choix sur la longue durée et d’un mari qui est confronté à une femme qu’il ne reconnait plus.

J-PD : Le sujet qui m’interressait était celui de la retraite, car il résonne en chacun de nous. C’est un peu le moment où l’on passe au second plan, une sorte de petite mort. Je voulais aussi traiter de la rencontre des puissants et des plus faibles.C’est une pièce qui aborde les préjugés et nous encourage à accorder notre confiance à ce qui est différent de nous-même. C’est à travers cette confiance que nous pouvons aller au-delà de nos limites, avancer, évoluer.

Vous traitez de sujets actuels avec beaucoup d’humour…

J-PD : Il est vrai que j’aime bien traiter des sujets un peu épineux et dramatiques en mettant en contraste des situations un peu noires avec des personnages lumineux. Et là je construis une histoire qui part sur une tragédie de couple, une tragédie de vie et comment tout d’un coup on trouve de la lumière à travers des rencontres auxquelles on ne s’attendait pas. Il ne s’agit pas de constater que le monde est sombre, mais plutôt de dire que même si ce n’est pas toujours facile cela vaut le coup de se battre pour trouver le bonheur là où on peut.

© Grégoire Matzneff

En quoi direz-vous que votre personnage est lumineux Florence ?

FP : Initialement, c’est une femme qui est plutôt centrée, qui s’est constuite pour elle-même par elle-même, totalement épaulée par un mari qui s’est effacé, qui a pris la responsabilité d’élever seul leur fille. Puis lorsqu’un événement complètement inattendu va se produire, elle va s’ouvrir et accepter une forme de différence. C’est en acceptant et s’occupant de quelqu’un d’autre que d’elle-même qu’elle va se rendre compte qu’il y a un huitième ciel, une bonté en elle inexplorée jusqu’alors. C’est à ce moment-là que mon personnage rencontre une forme de grâce.

Vous vous êtes entouré Jean-Philippe d’une petite équipe soudée pour votre nouvelle création…

J-PD : Tous les comédiens de cette pièce ont déjà joué pour moi, à l’exception de Florence et Tanguy Vrignault. Bernard Malaka avait déjà joué avec moi dans La famille Ortiz, il y a aussi Charlotte Matzneff ma muse, qui en est à sa quatorzième collaboraion, Marc Siemiatycki (Adieu M.Haffmann) et Antoine Guiraud qui fait partie de mes acteurs fétiches.

Cela a-t-il été facile pour vous Florence d’intégrer cette troupe ?

FP : J’ai plus de plaisir au théâtre. C’est plus dur au niveau personnel mais je trouve que c’est l’essence même du métier d’acteur et j’aime beaucoup le groupe, c’est comme une petite famille, j’adore ça ! Au théâtre il n’y a pas de tricherie et j’ai un réel plaisir à partager avec les comédiens et le public.

À partir du 12 septembre au Théâtre Actuel La Bruyère

Par Zoé Dupey